10 MERCREDI 6 OCTOBRE 2021 + DE 20 MINUTES PLANÈTE Maxime a renoncé à la carrière qu’on avait imaginée pour lui, comme les cinq autres étudiants suivis par Arthur Gosset dans son film « Ruptures », sorti en septembre sur la plateforme Spicee. A. Gosset Grandes écoles Cap vert sur les choix de carrière Le documentaire « Ruptures » raconte le parcours d’étudiants qui se dirigent vers des métiers en phase avec leurs préoccupations environnementales Fabrice Pouliquen super épanouissant de réaliser son rêve, inventer son propre métier », raconte Aurélie, 26 ans. Ce « C’est jour-là, la jeune femme est venue parler de son parcours à des étudiants de Polytechnique, la prestigieuse école d’ingénieurs qu’elle a fréquentée quelques années avant eux. « On vous dit que vous irez travailler dans l’industrie, que vous serez des directeurs d’entreprise », poursuit-elle. Avant de conseiller de s’orienter « sur ce qui vous fait vraiment vibrer ». C’est d’autant plus justifié à ses yeux que « l’urgence climatique montre les limites du modèle économique bâti par nos prédécesseurs ». Après l’X et une année d’un premier poste en CDI, Aurélie a lancé à Saint- Brieuc (Côtes-d’Armor) le premier village de « tiny houses » de France, ces micromaisons où l’on expérimente un mode de vie plus durable. Combien sont-ils, ces étudiants de grandes écoles, à renoncer au destin qu’on leur avait tracé pour embrasser une carrière qu’ils jugent compatible avec les enjeux environnementaux et sociétaux de notre époque ? « Il y a très peu de données à ce sujet, répond Arthur Gosset. Mais beaucoup, assurément. » Lui en a choisi six, qu’il a suivis pendant un an, caméra à l’épaule, pour son documentaire « Ruptures », disponible sur la plateforme Spicee. Au côté d’Aurélie, on découvre notamment Maxime, diplômé de Sciences po, et Hélène, passée par une école de commerce. « Prise de conscience » Cette dernière, à la sortie de son école de commerce, a intégré une multinationale de la grande distribution. Avant de déchanter. « J’ai toujours été engagée contre la surconsommation et je me rendais compte que l’entreprise me faisait agir dans le sens inverse pour remplir ses objectifs de croissance toujours plus élevés », Un mouvement de fond ? Arthur Gosset, Lyonnais de 24 ans, a réalisé Ruptures lors de son année de césure à l’école d’ingénieurs Centrale Nantes. « Plus j’avais une vision globale de la crise environnementale, plus je me sentais en décalage avec certains enseignements », raconte-t-il. En discutant autour de lui, Arthur Gosset prend conscience qu’il est D ru décrit-elle. Elle finira par démissionner au moment où on lui proposait une promotion. La suite est un long et difficile parcours pour se réorienter. Arthur Gosset n’élude pas cette étape. Au contraire, c’est le cœur de son documentaire : « Montrer qu’entrer en ruptures n’a rien de facile. Il faut souvent renoncer à un train de vie, accepter l’échec. » Cela en vaut-il le coup ? « Lorsqu’on prend conscience de l’urgence climatique dans laquelle nous sommes, la question ne se pose plus, estime Arthur Gosset. Encore moins quand on sort de grandes écoles et qu’on est, souvent, dans la situation de pouvoir choisir son employeur. » loin d’être le seul, dans sa promo, à avoir ce sentiment. Surtout, en septembre 2018, 32 000 étudiants, essentiellement de grandes écoles, signent et publient « Pour un réveil écologique ». Ce manifeste sonne comme une mise en garde adressée à leurs employeurs. Ils s’y disent déterminés à « inclure dans [leur] quotidien et [leurs] métiers une ambition sociale et environnementale » et se disent « prêts à questionner [leur] zone de confort pour que la société change profondément ». |