10 MERCREDI 29 SEPTEMBRE 2021 + DE 20 MINUTES PLANÈTE Orca, l’usine de Climeworks lancée le 8 septembre en Islande, peut retirer 4 000 t de CO 2 de l’atmosphère chaque année. Climeworks/Cover Images/Sipa Technologie Aspirer le CO 2 pour mieux respirer ? En Islande, une start-up suisse vient d’ouvrir une usine qui capte le dioxyde de carbone directement dans l’air ambiant Fabrice Pouliquen de l’air » : parler ou agir beaucoup pour « Brasser n’obtenir que des résultats insignifiants, dit le dictionnaire. À Hellisheidi, en Islande, Climeworks travaille à donner un autre sens à cette expression. Le 8 septembre, la start-up suisse a lancé Orca, une usine de captage de CO 2. Selon les projections, elle retirera de l’atmosphère 4 000 t de dioxyde de carbone par an. Cela reste une goutte d’eau comparée aux 33 milliards de tonnes équivalent CO 2 que le secteur de l’énergie devrait émettre en 2021, selon l’Agence internationale de l’énergie. Le captage et stockage de carbone (CSC) peut-il alors faire partie des solutions sur lesquelles miser contre le réchauffement climatique ? Dans une note parue en juillet, l’Agence de la transition écologique décrit le procédé comme une solution complexe, évoquant ses contraintes techniques, géologiques, réglementaires et sociales. Sa mise en œuvre est à envisager « en tant que dernière étape dans une stratégie de décarbonation (…) et reste un pari risqué », écritelle, en ne parlant, dans son avis, que du CSC à partir des fumées d’usines. De son côté, Climeworks explore une autre piste : le captage direct du CO 2 dans l’air, là où sa concentration est seulement de 0,04%. « Besoin de la capture dans l’air » Climeworks reste néanmoins sûr de sa pertinence. « Atteindre la neutralité carbone nécessitera de réduire drastiquement nos émissions, concède Julie Gosalvez, directrice marketing et communication de l’entreprise. Mais ça ne suffira pas. Une part – entre 10% et 20% – est inévitable, du moins aujourd’hui. On aura alors besoin de la capture directe dans l’air, pour retirer le CO 2 que nous avons émis et cette part que nous allons continuer d’émettre. » Stockage dans le sol Comment l’usine Orca captet-elle le CO 2 ? Ses 12 ventilateurs aspirent l’air ambiant pour l’amener dans un collecteur, où le dioxyde de carbone qu’il contient est capturé par un filtre. Une fois ce dernier rempli de CO 2, le collecteur se ferme et la température est poussée Après avoir collecté le CO 2 sous une forme concentrée, Climeworks le mélange à de l’eau avant de l’injecter à 1000 m de profondeur dans des couches de basalte. Climeworks/Sipa Une roche constituée de CO 2 minéralisé est obtenue au bout de deux ans. Climeworks/Sipa 2r1 u Le captage et stockage de carbone a d’ailleurs plutôt une bonne cote auprès de l’Agence internationale de l’énergie. « Dans sa feuille de route mondiale pour décarboner l’énergie, parue en mai, elle estime que le CSC captera 7,6 milliards de tonnes de CO 2 en 2050, dont 5,2 à partir des fumées d’usines et 2,4 dans l’atmosphère grâce à divers procédés, dont celui développé par Climeworks, précise Florence Delprat-Jannaud, coordinatrice CO 2 à l’IFP Énergies nouvelles. Ça peut paraître ambitieux et il faudra d’ici là lever des verrous technologiques, trouver les bons modèles économiques. Mais ce n’est pas impossible. » entre 80 °C et 100 °C, pour obtenir le gaz sous forme ultraconcentrée. En association avec Carbfix, projet islandais de stockage de carbone, Climeworks récupère le CO 2, le mélange à l’eau avant de l’injecter à 1000 m de profondeur, à quelques pas de là, dans des couches de basalte, où il se transformera en roche au bout de deux ans. La start-up propose à des entreprises et des particuliers de financer ces opérations de captage et stockage du CO 2. |