6 LUNDI 27 SEPTEMBRE 2021 Emmanuel Macron veut passer à autre chose Alors que le pass sanitaire devrait être prolongé, la majorité souhaite s’éviter un débat sur le dispositif pendant la présidentielle Thibaut Le Gal « S i on peut, demain, arrêter le pass sanitaire, je suis le plus heureux des hommes. » Face à l’amélioration de la situation épidémique, Emmanuel Macron a évoqué il y a peu la possibilité de « revivre normalement » et « donc de lever le pass […] là où le virus ne circule quasiment plus », sans toutefois avancer de date précise. Quelques jours plus tard, on apprenait qu’un projet de loi pour proroger le dispositif au-delà du 15 novembre était « en cours d’élaboration » pour une présentation le 13 octobre en Conseil des ministres. L’exécutif semble souffler le chaud et le froid sur ce sujet, que la majorité voudrait bien régler avant le début de la campagne présidentielle. Mercredi, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a affirmé que Un sujet clivant La mobilisation contre le dispositif, en baisse semaine après semaine, reste toutefois importante, avec 199 rassemblements en France samedi et 80 000 manifestants, selon le ministère de l’Intérieur. La prolongation de la mesure risque de crisper à nouveau les débats. « Au rythme où vont les choses, on sera depuis deux ans dans une période exorbitante du droit commun, où les libertés ont pris quelques coups dans la figure », a mis en garde le député LR Philippe Gosselin sur France Info. Olaf Scholz, chef de file du SPD, s’est présenté comme le prochain chancelier. O. Andersen/AFP ACTUALITÉ « Le pass sanitaire pourrait entrer dans le droit commun. » Anne Genetet, porte-parole LREM le pass sanitaire était maintenu, mais que l’exécutif allait « continuer à travailler sur une adaptation » prenant en compte les taux d’incidence et le pourcentage de population vaccinée dans chaque département. « À court terme, la situation sanitaire s’améliore, on va pouvoir alléger le dispositif, et l’on peut imaginer que l’approche territoriale est la bonne, comme pour le port du masque dans les écoles, assure Roland Lescure, député LREM des Français d’Amérique du Nord et porte-parole du parti présidentiel. Pour autant, ce n’est pas parce que cette arme contre le Covid-19 devient moins utile qu’il ne faut pas la garder à la ceinture. » C’est dans cet esprit que l’exécutif veut prolonger le cadre d’application du pass sanitaire, qui expire le 15 novembre. « À partir de fin février, les députés ne seront plus en session et on entrera en période électorale jusqu’à fin juin avec les législatives, abonde le député LREM de Paris Sylvain Maillard. Il faut donner au gouvernement des moyens d’agir en cas de pic épidémique. » « Le pass sanitaire a été mis en place dans le cadre d’une loi d’urgence, et il a démontré son efficacité, plaide de son côté Anne Genetet, députée d’Asie- Océanie-Europe orientale et porte-parole du groupe LREM. Aujourd’hui, il pourrait entrer dans le droit commun, comme le carnet de vaccination pour les enfants ou le permis de conduire. C’est-à-dire comme un outil qu’on doit avoir sous la main, et qu’on peut sortir en cas de besoin. » En Allemagne, duel serré entre le SPD et les conservateurs Un « grand succès ». Le chef de file du SPD, Olaf Scholz, s’est présenté dimanche soir comme « le prochain chancelier ». Les sociaux-démocrates allemands sont en effet sortis, de peu, en tête des élections législatives, marquant la fin de l’ère Merkel, selon des premières estimations, dimanche soir. Le SPD devance, avec entre 24,9% et 25,8%, l’union conservatrice CDU-CSU menée par Armin Laschet, deuxième avec entre 24,2% et 24,7%. Mais, malgré leur résultat « décevant », les conservateurs entendent bien former eux aussi le prochain gouvernement, a prévenu dans la foulée Mais, à l’approche de la présidentielle, ce sujet clivant (lire l’encadré) pourrait devenir un handicap pour Emmanuel Macron, alors que Marine Le Pen (RN) a justement mis la défense « des libertés » au cœur de son début de campagne. « Ceux qui assimilent le pass sanitaire à un recul des libertés représentent une minorité, balaiet-on dans l’entourage du Premier ministre, Jean Castex. Ça ne prend pas dans l’opinion. Il y a, globalement, une adhésion à la gestion gouvernementale de la crise sanitaire. » Armin Laschet, qui s’est exprimé au côté d’Angela Merkel. Cette compétition qui se profile risque de plonger la première économie européenne dans une longue période de paralysie politique et de tractations entre partis. Plus tard, dans la soirée de dimanche, le SPD et la CDU ont dit souhaiter voir aboutir « avant Noël » la formation de la future coalition. Pour les chrétiens-démocrates, les « pertes sont amères », a admis Paul Ziemiak, n o 2 de la CDU. Jamais le parti n’était tombé sous le seuil de 30%. En 2017, il avait encore enregistré 32,8% des suffrages.nnC u SECONDES 2" u À l’approche de la présidentielle, le pass pourrait devenir un handicap pour Emmanuel Macron. T. Coex/AFP La majorité espère en tout cas régler cette question avant le début de la campagne présidentielle. « Ce débat de prolongation est important, mais il ne faut pas l’avoir en pleine campagne électorale », confie Roland Lescure. D’autant que la lassitude des Français commence à poindre. Selon une enquête Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro publiée jeudi, 51% des Français restent toujours favorables à ce dispositif, mais c’est 6 points de moins qu’au début du mois de septembre. Ségolène Royal battue aux sénatoriales. L’ancienne ministre socialiste Ségolène Royal a échoué dimanche à l’élection des sénateurs représentant les Français de l’étranger. L’exfinaliste de l’élection présidentielle de 2007, à qui le Parti socialiste avait refusé l’investiture au profit de Yan Chantrel, a déploré « la stratégie de la division » du PS. Elle a annoncé qu’elle allait transformer en parti politique son association Désirs de France. Par ailleurs, une nouvelle élue écologiste, Mélanie Vogel, fait son entrée à la chambre haute. |