10 VENDREDI 17 SEPTEMBRE 2021 + DE 20 MINUTES CULTURE Journées du patrimoine Un passé recomposé et incarné Une bataille plus vraie que nature proposée par l’association des Ambiani. Les Ambiani. De nombreuses institutions invitent des troupes de reconstitution historique. Car un bon costume vaut mieux qu’un long discours Benjamin Chapon On dit que les vieilles pierres racontent des histoires. Mais, dans de nombreux lieux ouverts ce week-end à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, ce sont des humains, pas du tout vieux, qui raconteront l’histoire. Un temps ringardisées, les reconstitutions historiques connaissent un nouveau souffle. Trois ans après la fin des commémorations de la Grande Guerre et en pleine année Napoléon, le grand public a eu de nombreuses occasions de découvrir ces passionnés du costume d’époque qui reconstituent des scènes – souvent des batailles – historiques. « Il y a un goût grandissant pour les périodes anciennes », constate Thibaut Hycarius, qui pratique la reconstitution historique et en parle sur sa très populaire chaîne YouTube, Histoire vivante, la première du genre en France. « Au cours des dernières années, il y a eu une multiplication des films et séries historiques, ou qui font référence à un passé fantasmé, comme Game of Thrones. Il a suffi d’une série un peu populaire sur les Vikings pour que les troupes se multiplient. » Mais les associations de reconstitution historique n’ont pas entendu HBO pour grandir. « La reconstitution historique a gagné en sérieux en travaillant avec des chercheurs et des musées, poursuit Thibaut Hycarius. L’histoire vivante est devenue une de leurs cartes pour faire de la médiation. » Un avis partagé par Laure Barthet, directrice du musée Saint-Raymond, à Toulouse, elle-même reconstitutrice depuis ses 13 ans : « Les deux mondes communiquent enfin et s’interpénètrent. Il y a une génération de « L’histoire vivante, ça fait toujours un carton. » Laure Barthet, du musée Saint-Raymond (Toulouse) professionnels de musées qui sont aussi reconstituteurs. Avoir une troupe de reconstitution historique dans son musée, c’est ouvrir les portes du paradis ! L’histoire vivante, ça fait toujours un carton. » Parmi les associations particulièrement prisées des musées et institutions pour la qualité de leur travail, il y Une activité médiévale… plus tranquille. Christelle Molinié/Musée Saint-Raymond La reconstitution historique peut s’approcher de l’archéologie expérimentale. Les Ambiani 2n u a les Ambiani, spécialistes de la Gaule de la fin de notre ère et troupe d’élite de la reconstitution historique. « Chez nous, la démarche est une reconstitution à but de médiation, explique Thomas Dunais, président de l’association. J’utilise souvent une métaphore : la reconstitution fait la racoleuse pour la culture. Le but est de faire entrer dans la boutique de l’histoire, de la culture, de l’archéologie… » Et quand elle est accompagnée par des chercheurs ou institutions scientifiques, la reconstitution historique s’approche du champ de l’archéologie expérimentale. Par exemple, Thibaut Hycarius a développé un travail autour des arbalètes du XIII e siècle avec des balisticiens et des médecins légistes : « On a compris, à force d’essais, comment faire tenir le projectile quand on tire vers le bas, en cas de siège. » Tous aux abris ! |