8 MERCREDI 15 SEPTEMBRE 2021 + DE 20 MINUTES PLANÈTE Le plastique, ennemi public n°1 pour l’environnement Un homme ramasse des ordures sur la plage de Costa del Este, à Panama City. Entre 8 et 18 millions de tonnes de déchets plastique terminent chaque année dans la mer.L. Acosta/AFP Faut-il harmoniser la lutte contre cette pollution à l’échelle mondiale avec un traité international ? Fabrice Pouliquen En matière d’environnement, il y a des conventions internationales sur le changement climatique, la diversité biologique, ou encore la convention de Bâle, sur le contrôle des mouvements transfrontaliers des déchets dangereux. Faut-il en ajouter une autre, sur la pollution plastique ? Entre 8 et 18 millions de tonnes de déchets plastique terminent chaque année dans la mer, rappelle l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). Le pire est encore à craindre, alerte le WWF dans un rapport publié le 6 septembre : la production pourrait plus que doubler d’ici à 2040 et la pollution plastique des océans, tripler. La dépendance à cette matière est aussi un accélérateur de la crise climatique, insiste le WWF, qui estime que le plastique pourrait compter pour 20% de l’empreinte carbone mondiale. Mais François Galgani, océanographe à l’Ifremer, estime que les mesures qui ont commencé à être prises, comme les interdictions de plastiques à usage unique, portent leurs fruits : « La pollution plastique est restée longtemps sous les radars des États. Ce n’est plus le cas ces dernières années. » Mais ces mesures sont-elles à la hauteur ? C’est le problème, pour le WWF. Elles se focalisent pour la plupart sur une étape du cycle de vie des plastiques – une fois ceux-ci devenus déchets – et sur des périmètres restreints. D’où cette nécessité d’aboutir à un accord international juridiquement contraignant pour l’ensemble des pays. « Des discussions en ce sens ont déjà commencé entre les pays, depuis 2016, dans le cadre de l’Assemblée nationale des Nations unies sur l’environnement [Unea] », raconte François Galgani, qui fait partie du groupe scientifique lancé en parallèle pour accompagner les pourparlers. Mais la forme n’est pas le seul enjeu. Le contenu compte aussi. « Il serait dommage que cet accord international ne porte que sur la pollution plastique marine sans prendre en « Si la France est active sur l’enjeu plastique, elle reste discrète sur ce projet d’accord. » François Galgani, scientifique compte celle terrestre », estime Diane Beaumenay-Joannet, responsable plaidoyer plastique à Surfrider Foundation Europe. « Il faudrait aussi que ce traité acte l’ambition de stopper les fuites plastique à l’horizon 2030, demande Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes du WWF France. Et contraigne, : r d’ici là, les pays signataires à se fixer des objectifs nationaux et des plans d’action pour réduire leur utilisation de produits plastique. » Le processus pour arriver à cet accord international sera long. Il faut compter une dizaine d’années pour une convention. Le Congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui s’est achevé samedi à Marseille, était ainsi l’occasion de sonner la mobilisation générale. Mais Pierre Cannet reste sur sa faim et regrette notamment que, dans son discours inaugural, Emmanuel Macron n’ait pas fait mention de ce traité international sur la pollution plastique. « Si la France est active sur l’enjeu plastique, elle reste relativement discrète sur ce projet d’accord », note François Galgani. Le sommet One Ocean, que le président français a annoncé vouloir organiser fin 2021 ou début 2022, pourrait être l’occasion de rectifier le tir. |