24 VENDREDI 10 SEPTEMBRE 2021 La balle est dans le camp de Tony Yoka En combattant à Roland- Garros, le poids lourd veut redonner à la boxe française son lustre d’antan C Nicolas Stival M Nicolas Camus e n’est qu’une coïncidence, mais Tony Yoka, qui affrontera le Croate Petar Milas, et son promoteur sont parmi ceux qui auront rendu le plus beau des hommages à Jean-Paul Belmondo. Comment ? En organisant, ce vendredi, un événement mêlant boxe et Roland-Garros. Du sur-mesure pour Bébel, qui aimait ces deux sports. Le retour de la boxe à Roland, après quarante-huit ans d’attente, fleure bon les Trente Glorieuses, l’idylle entre Cerdan et Piaf, Belmondo et Delon torses nus au bord d’une piscine… Une époque, en fait, où la boxe était un vrai spectacle populaire, prisé aussi des vedettes, qui s’investissaient auprès des sportifs. Le dernier combat porte d’Auteuil, entre Jean-Claude Bouttier et Carlos Monzon, en 1973 devant 30 000 personnes, avait même été financé par Alain Delon.ême pas le temps de profiter. Un mois après leur triomphe olympique, les volleyeurs français sont déjà en plein Euro. Il s’agirait de ne pas froisser la plus belle page de leur histoire, écrite le 7 août : 6,7 millions de téléspectateurs ont vibré devant l’invraisemblable scénario de la finale face aux Russes. Les Français se sont enflammés devant les tours de magie d’Antoine Brizard, alors que leur rapport à la discipline se limitait à des passes malhabiles en cours d’EPS. « Il s’est passé quelque chose, convient Éric Tanguy, le président de la Fédération française de volley [FFVB]. Il y a un effet JO indéniable, on le ressent déjà. » Les premières tendances sont très positives, dans un contexte où le pass sanitaire imposé aux plus de 12 ans inquiète les fédérations. « Au 30 août, on était à 8 155 licenciés contre 6 090 à date en 2019. » La FFVB compte dépasser les chiffres d’avant-coronavirus, soit 143 000 licenciés (dont 49% de femmes). Mais le chemin à parcourir pour devenir incontournable reste sinueux. Preuve en est : lors des matchs amicaux avant l’Euro, la FFVB a financé la production et l’a offerte à France « La dimension spectacle dans la boxe est une tradition vraiment ancienne », nous explique Sylvain Ville, historien de la boxe en France. Importée d’Angleterre à la fin du XIX e siècle, la boxe explose à Paris à partir de 1907. À l’époque, on boxe au Casino de Paris ou au Moulin-Rouge, devant le dramaturge André Antoine, l’écrivain Tristan Bernard, ou le touche-à-tout Maurice Chevalier. « Énormément de vedettes vont soutenir la boxe et les athlètes vont accéder à la célébrité, poursuit l’historien. Georges Carpentier, premier grand boxeur français, a entretenu des liens proches avec le monde du spectacle. » Moins de boxeurs de très haut niveau Depuis le lancement de sa carrière pro, Yoka, lui, a pris soin de combattre dans des lieux de prestige ou, du moins, qui faisaient sens dans l’histoire qu’il entend raconter (le Zénith de Paris, la Seine Musicale…). « On veut changer les habitudes de la boxe en France », expliquait-il au JDD. Manière, aussi, de relancer l’intérêt des gens pour ce sport. « Cet événement renoue avec la volonté Une très bonne reprise du volley Télévisions, pour une retransmission sur France 4. « C’est compliqué d’avoir une chaîne de télé qui veut diffuser le volley et assumer les coûts de production », convient Éric Tanguy. L’art de bien négocier Le contrat avec La chaine L’Équipe, qui suit les Bleus depuis 2015 et diffuse actuellement l’Euro, est ainsi sur le point d’expirer, sans garanties d’être renouvelé. « Sur les trois premiers matchs de poule, on constate une augmentation des audiences de 30% par rapport à l’Euro précédent [en 2019] », détaille SPORT Jérôme Saporito, directeur du pôle TV de L’Équipe. Selon la FFVB, la tendance est aussi à l’optimisme au moment de trouver un nouvel équipementier, alors que l’appel d’offres lancé avant les JO avait été infructueux. Reste à maîtriser l’art de la négociation en coulisses, indispensable au très haut niveau. « La FFVB doit aussi se battre pour être reconnue comme une grande nation du volley, interpelle le diffuseur des Bleus. Pour l’instant, le 8 e de finale de l’Euro est programmé lundi à 16h. Si, forte de son statut de championne olympique, la fédération pousse pour qu’il soit disputé à 21h, l’audience sera multipliée par trois. » Le haut niveau se joue sur des détails. Dans les clubs, le nombre de licenciés va augmenter grâce à Antoine Brizard. V. Pesnya/Sipa Tony Yoka sera le premier boxeur depuis 1973 à combattre porte d’Auteuil. F. Fife/AFP d’organiser des combats dans des endroits qui résonnent dans l’imaginaire du grand public, observe Sylvain Ville. C’est un des ingrédients pour la réussite du spectacle. » Il faut que le niveau suive, aussi. « Ce sont les boxeurs qui ramèneront la boxe au sommet, pas le cadre, ni les paillettes », tranche Charles Biétry. L’exdirecteur des sports de Canal+ rappelle que la boxe mondiale est dans le creux de la vague : « Il y a peu de boxeurs qui font qu’on se lève à 4 h pour les voir. La boxe française en souffre aussi. » nnC u SECONDES Pelé va mieux 20 Des jeunes à accompagner La France souffre aussi de l’incapacité de la fédération, dénoncée par beaucoup d’anciens, à accompagner les jeunes talents vers le monde professionnel, en bonne entente avec la Ligue. « Beaucoup de gens regardent la boxe, sont demandeurs, assurait Tony Yoka. Il faut leur en donner, organiser des combats. Hormis ceux des Jeux de Rio [en 2016], on n’a pas forcément vu d’autres boxeurs émerger. Ça se construit, tout ça. » Opéré samedi d’une tumeur « suspecte » au côlon, le Brésilien a annoncé qu’il avait bien récupéré. Le Japon renonce à accueillir la Coupe du monde des clubs en décembre en raison des restrictions dues à la crise sanitaire. Djibril Cissé revient à l’OM L’ancien buteur de l’équipe de France a annoncé, jeudi, qu’il allait intervenir auprès des attaquants des équipes de jeunes du club provençal. Photo : B. Horvat/AFP |