20 LUNDI 6 SEPTEMBRE 2021 Karim Benzema, prophète en son pays L’attaquant des Bleus est très attaché à Lyon, où il a été formé. Et les supporteurs continuent de l’idolâtrer 1 S À Lyon, Jérémy Laugier i vous demandiez à un supporteur lyonnais ses plus grandes émotions footballistiques, il serait capable de vous citer un obscur OL-Metz (2-0) de janvier 2005. La raison ? En un coup du sombrero suivi d’une passe décisive pour Bryan Bergougnoux, Karim Benzema avait, du haut de ses 17 ans, fait chavirer Gerland dès sa première apparition en pro. Seize ans plus tard, tout Lyon s’apprête à fêter mardi (20 h 45) le retour de son enfant roi, lors de France-Finlande. « OK, il est parti très tôt, mais pour de grands horizons, rappelle Armand Garrido, l’un de ses principaux formateurs à l’OL. L’opportunité du Real Madrid en 2009 [pour 35 millions d’euros] était alors trop belle pour tout le monde. Moi le premier, j’avais des doutes. Et puis, j’ai totalement compris que j’avais entraîné un mec hors du commun. » Car la cote de popularité du natif de Bron dans sa région tient au moins autant à ses quatre Ligues des champions conquises au Real qu’à ses quatre sacres de champion de France avec l’OL (de 2005 à 2008). « On sait à quel point les Lyonnais sont attachés aux joueurs formés ici qui réussissent une belle carrière. Accumuler autant de titres et être vu comme un patron dans un tel club, c’est exceptionnel », résume avec admiration Armand Garrido, bien conscient de « la portée sociale de sa réussite, lui le garçon venant d’un quartier ». « Il aura une grosse ovation » « Karim a percé grâce à l’OL et il sera à vie attaché au club, confirme l’ancien défenseur lyonnais Sandy Paillot, qui a vécu l’intégralité de sa formation à ses côtés. Il a toujours aimé jouer devant ses amis à Lyon et il revient souvent ici, c’est resté sa ville. Cela compte beaucoup aux yeux des supporteurs. » Vincent confirme sans bémol son attachement à Karim Benzema : « Il s’est montré essentiel dans la fin de l’âge d’or « Être reconnu à notre juste valeur » L Propos recueillis par William Pereira es Jeux paralympiques de Tokyo se sont terminés avec un bilan audessus des objectifs pour les Bleus : 54 médailles. Mais, au Japon, Jean- Baptiste Alaize n’y était pas, écarté par sa fédération. Alors qu’il a publié De l’enfer à la lumière (éd. Michel Lafon) le 26 août, l’athlète, qui jadis a perdu mère et jambe dans une attaque de Hutus au Burundi, revient sur son parcours de vie et ses attentes pour le handisport à l’horizon 2024. Vous expliquez que vous avez longtemps caché votre prothèse... Je vivais déjà assez mal la différence liée à ma couleur. Déjà que je suis noir, si en plus on savait que j’étais handicapé, je me disais que ça ferait encore plus de problèmes. Un jour, on a les jeux des collèges et on fait un 4x100m. J’avais été placé en dernier relayeur et j’ai rattrapé tout le monde. Mon prof m’a conseillé de m’inscrire dans un club d’athlé. Jean-Baptiste Alaize. V. Hache/AFP Il est là, le vrai déclic ? À l’athlé, j’ai tout de suite eu une sensation étrange. Mon coach m’a demandé de faire quelques tours de terrain pour voir ce que je valais niveau cardio. Et je me suis rendu compte que personne ne me rattrapait. J’ai longtemps été hanté par la scène de guerre de ma mère et moi, où les Hutus nous couraient après. On avait à peine pu faire 40 m qu’ils nous avaient rattrapés. J’ai dû assister à la décapitation de ma mère avant qu’on s’acharne sur moi. Ces tours de terrain vous ont -ils quand même apporté un peu de paix ? Courir dix tours sur la piste en me rendant compte que les Hutus ne me rattrapaient pas… Je me sentais plus libre. La première nuit de sommeil après cette séance-là a été la meilleure depuis des années. J’ai dormi sans flash-back. J’avais trouvé ma thérapie. Courir pour m’évader. Vous courez avec une lame. SPORT Avec les Bleus, Karim Benzema affrontera la Finlande à Lyon, mardi. J.-F. Badias/Sipa de l’OL. On s’identifie plus aux quatre Ligues des champions de Benzema à Madrid qu’à l’Arsenal loser de Lacazette [lui aussi formé à l’OL]. » « C’est le véritable modèle de notre formation et la fierté de la ville, reprend Richard, habitué du virage sud. Et puis, il parle encore souvent de son lien avec Lyon, on sent tout son respect pour l’OL. Je me dis quand même que mon club n’a pas pu beaucoup profiter de son talent. Il aura une grosse ovation au stade car, à Lyon, on n’a jamais rien eu à lui reprocher. » Entre l’achat, l’entretien, les changements, gagnez-vous tout de même de l’argent, au bout d’un peu plus de dix ans de carrière ? « C’est un métier, quand même, de représenter son pays au plus haut niveau. » Si tu veux courir avec un handicap, il faut payer. Ça [la lame] coûtait 15 000 € . Ce n’est pas pris en charge par la Sécu, à l’inverse des prothèses de marche. J’ai obtenu de bons résultats et ai fait des bonnes choses pour mon pays. Mais je suis livré à moi-même, je n’ai pas de soutien de ma fédé ni du gouvernement. C’est un métier, quand même, de représenter son pays au plus haut niveau. Pour les fédés, un peu moins de 5 000 € , c’était déjà la fin du monde. Les valides, quand ils font des compétitions, ils ont des primes de victoire, de participation. Nous, on doit toujours dépenser. Je ne fais pas tout ça pour qu’on me soit redevable, mais je demande juste qu’on soit reconnu à notre juste valeur. Qu’est-ce que vous attendez pour Paris 2024 ? Tout le monde est inquiet. On est censés être suivis financièrement depuis six ans. Je dis six ans, parce qu’en 2012 j’avais parlé à pas mal d’athlètes anglais et les mecs avaient commencé à être soutenus pour être au top du top six ans avant les JO de Londres. Nous, on a un retard de ouf./n n C u SECONDES Les Bleuets veulent confirmer Après leur belle victoire face à la Macédoine du Nord (3-0), l’équipe de France espoirs affronte les îles Féroé ce lundi. Franck Ribéry est attendu ce lundi à la Salernitana, en Italie. Le club a été promu en Serie A cette saison. 2" u Un retour à l’OL ? La relation entre Benzema et son club de toujours permet-elle de fantasmer un retour du fils prodigue (33 ans) malgré sa récente prolongation au Real (jusqu’en 2023) ? Son ancien agent Karim Djaziri, mais aussi Juninho et Jean-Michel Aulas n’ont cessé de maintenir l’espoir ces derniers mois. Mais, à l’image de Vincent, les fans de l’Olympique Lyonnais semblent s’être fait une raison : « Il faut le reconnaître : il est juste beaucoup trop fort pour nous. » Les Blacks étrillent encore l’Australie. La Nouvelle-Zélande a préservé son invincibilité cette année en dominant pour la troisième fois en trois matchs l’Australie (38-21). Photo : G. Day/AP/Sipa |