14 VENDREDI 3 SEPTEMBRE 2021 Le double jeu des réseaux sociaux Instagram ou Twitter ont changé le comportement des candidats de « Koh Lanta » les plus récents et creusé le fossé entre deux générations L Clément Rodriguez orsque Coumba pose les pieds en Nouvelle-Calédonie pour son premier « Koh-Lanta » en 2005, You- Tube vient à peine de naître. Quand Christelle se rend aux Philippines pour participer au jeu de TF1 en 2008, Instagram n’existe pas. À l’inverse, au moment où Clémentine devient finaliste du programme, en 2017, la haine s’étend sur Twitter. « Il y a vraiment un décalage entre l’ancienne et la nouvelle génération d’aventuriers, analyse Jade. On n’a pas la même approche. » La raison ? Le poids des réseaux sociaux. « Avant, les gens y allaient et jouaient le jeu à fond, admet Cindy. Aujourd’hui, tu fais toujours un peu attention parce que c’est tellement violent que tu n’es jamais préparée. » Un constat que partage Clémentine, cible du Net lors de sa première participation à l’émission, Le plus grand vide-grenier d’Europe, qui a été annulé pour la deuxième année d’affilée, manque aux Nordistes À Lille, François Launay N aïvement, en lançant un appel à témoignages sur la Grande Braderie de Lille pour savoir si elle manquait aux gens, on pensait que les avis seraient bien plus partagés. Entre le monde, l’impossibilité de circuler ou presque, les odeurs mélangées de frites, de moules ou d’urine et le bruit incessant des beuveries nocturnes, on savait que le rendez-vous du premier week-end de septembre ne faisait pas l’unanimité. Pourtant, après cette deuxième annulation d’affilée pour raison sanitaire, c’est un grand cri du cœur qu’ont laissé échapper les Lillois. Car le plus grand vide-grenier d’Europe, qui attire en temps normal près de 2millions de personnes à Lille, manque beaucoup aux Nordistes. « La Braderie, c’est un peu les retrouvailles des Lillois après l’été, raconte Cécile. Lille s’est vidée le temps d’un + DE 20 MINUTES CULTURE en expliquant avoir dû « tourner [sa] langue sept fois dans [sa] bouche avant de dire les choses ». Outre la peur des représailles sur les réseaux sociaux, certains candidats et candidates estiment que d’autres participent en partie à l’aventure pour s’afficher en prime time devant 6 millions de personnes. « Il y a beaucoup de personnalités show off [qui friment], il y a moins ce naturel de la personnalité, assure Jade. Tu as été casté parce que tu as une personnalité comme celle-là et on attend de toi que tu sois comme ça et pas dans la retenue. » Pas comme les autres téléréalités Lorsqu’on lui rapporte ces propos, le maître du jeu, Denis Brogniart, semble étonné : « Je pense que c’est vrai avant et après, ce n’est pas vrai pendant. C’est tellement dur que tu ne fais pas attention à ton apparence physique. » Toutefois, l’animateur le reconnaît : certains en profitent pour capitaliser sur leur image à travers les réseaux sociaux. « Cindy, elle vit grâce à ça aujourd’hui, témoigne-t-il. Elle ne s’en cache pas, parce que c’est devenu un métier. » La productrice, Alexia Laroche-Joubert, explique que « Koh-Lanta » relève d’un « état d’esprit différent » des autres émissions de téléréalité : « C’est quand même très loin de tout ce que l’on connaît dans les castings de téléréalité où, pour le coup, c’est leur métier. » Parmi tous les aventuriers et toutes les aventurières ayant déjà participé à l’émission, une quinzaine ont dépassé les 200 000 abonnés sur Instagram et une seule, Jesta, compte plus de 1 million de followeurs. VOTRE VIE VOTRE AVIS été, la rentrée approche et c’est l’occasion de se retrouver et de faire la fête tous ensemble sous les derniers rayons de soleil. On a tous nos habitudes et rituels. » Pour expliquer tout ce que la Grande Braderie représente, certains se lancent même dans des envolées lyriques, comme Adeline : « L’ambiance musicale, les couleurs, les odeurs, les 2n Les tractations sur le camp sont différentes à l’heure des réseaux sociaux. A. Issock/ALP/TF1/Starface langues du monde entier… Une effervescence, un tournis dans la tête en sillonnant rues et ruelles où, sauvagement, les gens s’installent, pour une heure ou une journée, se disputant le mètre de macadam, donnant des airs tragicomiques dans la grisaille d’un matin frileux. » Un patrimoine et une identité lillois qui se transmettent depuis des « Des décisions faussées » Selon Jade, « les décisions sont complètement faussées » à cause des réseaux sociaux. Parmi les phrases que l’on pouvait entendre pendant les tractations sur le camp, la candidate rapporte des propos qui pourraient s’apparenter à des menaces : « Attention à ce que tu fais contre moi, tu vas te faire lyncher après » ou « si tu essaies de m’éliminer, peut-être que ma communauté pourrait mal le prendre ». « La Grande Braderie, c’est une fête, la nôtre » La Grande Braderie de Lille va vivre sa troisième annulation en cinq ans. M. Libert/20 Minutes « C’est le jour où l’on se retrouve avec la famille et les amis qu’on voit rarement tous en même temps. » Karlgénérations. « La Braderie de Lille fait partie de ma vie depuis quarante ans, résume Perrine. Cette tradition doit perdurer et je suis sûre que lorsqu’elle reviendra, les Lillois seront très heureux. » « C’était mon jour préféré de l’année, assure Karl. C’est le jour où l’on se retrouve avec la famille et les amis qu’on voit rarement tous en même temps. La Braderie, c’est une fête, la nôtre. » Si les nostalgiques sont largement majoritaires, quelques voix discordantes se font aussi entendre. Pour beaucoup, depuis la première annulation de 2016, à cause du risque terroriste, la Braderie a perdu une partie de son âme. « Il n’y a plus de commerçants ambulants, les musiques, les lumières, les odeurs de kebab, regrette Céline. Maintenant, ce sont des antiquaires à tout bout de champ avec rien à vendre et des rues très vides de stands ! Il serait temps de revenir à la Braderie d’antan. » |