6 JEUDI 2 SEPTEMBRE 2021 + DE 20 MINUTES HORS TERRAINS Avec la course d’orientation, tous les goûts sont dans la nature Avant tout perçue comme un loisir à destination du public scolaire en France, la discipline, née en Scandinavie, se développe À Lyon, Jérémy Laugier Ce n’est ni une chasse au trésor, ni du trail. » Chargé de communication et de développement pour la Fédération française de course d’orientation, Robin Devrieux décrit ainsi le deuxième sport de pleine nature le plus pratiqué en France au niveau scolaire derrière l’escalade. Tombé dans la course d’orientation (CO) à l’âge de 10 ans, au cœur du parc naturel régional du Pilat (Loire), il souligne « les qualités d’endurance » nécessaires pour s’imposer au haut niveau dans un sport surtout perçu comme un loisir en France. « La pratique ludique en famille est un axe que nous développons, notamment par le biais de parcours permanents en lien avec le patrimoine, comme à Bayeux [Calvados] sur le thème de la Libération, précise-t-il. C’est notre force d’être ouverts à tous les publics aimant la nature ou les challenges urbains. Il est prouvé que travailler avec une carte est important pour le développement neurologique des jeunes. On n’a donc pas à choisir entre loisir et sport. » Un sentiment partagé par la légende française de la course d’orientation, Thierry Gueorgiou : « C’est génial que ça soit l’un des rares sports qu’on peut pratiquer avec toute sa famille. » À 42 ans, il est devenu entraîneur de l’équipe nationale suédoise, mais surtout l’orienteur le plus titré de l’histoire chez les hommes, avec 14 sacres mondiaux. Le Stéphanois s’est toujours imprégné de cette passion scandinave pour la CO : « Ici, tout le monde se promène avec des cartes en forêt, La Française Isia Basset, première médaillée tricolore à un championnat du monde. FFCO les championnats du monde sont retransmis sur une chaîne nationale, et la Suède compte 100 000 licenciés pour 10 millions d’habitants. » Nez à nez avec des élans De son côté, la France peine à atteindre la barre des 10 000 licenciés, avec ses 230 clubs au total. Mais la réussite de Thierry Gueorgiou a incité les plus jeunes à se mettre à la compétition, à l’instar de Fleury Roux : 2r1 « La dimension stratégique de ce sport m’a beaucoup attiré. Pour moi, une heure de course d’orientation équivaut à deux heures trente de trail, tant il faut être concentré tout le temps. » Le monde du trail suit d’ailleurs de près ces athlètes, comme Jean- Michel Faure-Vincent, manageur du Team Salomon : « Les orienteurs sont des machines en descente car ils ont l’habitude de ne pas voir où ils posent leurs pieds. Dès qu’il y a un semblant de chemin en trail, c’est royal pour eux. » « Nous sommes habitués à avoir les meilleurs réflexes de poses d’appuis, poursuit Fleury Roux. On ne se pose jamais la question de savoir si notre cheville va tenir. Si le meilleur chemin qu’on a ciblé implique de passer dans les ronces, on le fait. » Outre les risques de chutes, ces moments en pleine nature donnent parfois lieu à des rencontres étonnantes. Fleury Roux s’est ainsi retrouvé nez à nez « avec un troupeau d’élans » en Suède. En pleine course en République tchèque, Thierry Gueorgiou, lui, a marché sur un essaim d’abeilles et en a avalé une : « J’ai eu une réaction allergique et je me suis évanoui. » |