JEUDI 2SEPTEMBRE 2021 PRODUCTION POUR Les mineurs au XIX e siècle, une vie de labeur Au charbon. Al’époque,les conditions de travail et le cadrede vie avaient tout du sacerdoce AnneGuitteny A lorsqu’une version sériedeGerminal vient desortir sur Salto, flash-back dans l’ambiance minièrebienparticulièredusiècledernier, entre force physique, coups de grisou et chaleur humaine. « Enhaut, latempérature montait jusqu’à trente-cinqdegrés, l’airnecirculait pas, l’étouffement àlalongue devenait mortel », voici un extraitdu célèbre roman de Zola Germinal qui retranscrit l’ambiance, que l’on devine desplus lourdes, dans lesmines du Nord au XIX ème siècle. Ellessemultiplient àcetteépoque àcausedel’essordes machines et de l’industrie : les hommes ont besoin de beaucoup de charbon, il faut l’extraire. Au début de l’exploitation minière,les ouvriers étaient réduitsàleur seule force : ils creusaient àlapioche dans des espacesparfois minuscules, lesfemmes et lesenfantsramassaient desbouts de charbon qu’ils plaçaient dans deswagons et remontaient àla surface grâce àunascenseur(la cage). Jusqu’en 1914, ilsabattaientd’abord au piclecharbon de terre, puis après la guerre,aumarteau piqueur.Dansle courantdusiècle, unenouvelleforme d’énergiefût mise en place : lavapeur.Son emploi permit de mettreàladisposition desouvriersdufondles machinesàvapeur quin’étaientjusque-là destinés qu’aux ouvriersdesurface.Alamême époque, la dynamiteétait inventée en Suède, ce quiaccéléralecreusementdesgaleries. Loin de la lumière… etdes 35h Doit-onrappeler àquel pointlequotidien desmineurs étaitéprouvant ? Avec un salaire faible, ils vivaient dans des conditions précaires dans desquartiersappelésles corons (voir encadré). Hommes, femmesetmême enfants-très jeunes-travaillaient des journées entières sans jamais voir la « Les Corons » : lamine en chanson AnneGuitteny A vant d’êtrechanté sur desterrains de foot,letitre de Pierre Bachelet aeuune longue vie ! Les Corons, naissanced’une chanson phare. « AuNord, c’étaient les corons… la terre, c’était le charbon… ». En 1982, cesparoles-signéesJean-PierreLang –faisaient chantonner la France.Interprétée par Pierre Bachelet (àqui l’on doit aussi la musique), cettechansonrend hommage au bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Le chanteur n’avait pourtant pas grandi près des mines,maisletextetransmet et meten lumièrela « noirceur » del’ambiance minière de l’époque. Entre terrils et coups de grisou, on yentend aussi la fiertédes mineurs, leurscombats, leursdrames, leursjoies. « Audépart, c’était une envie defaire une chansonsur le Nord.Mais c’estaussi une chanson sur l’enfance,l’amour… », expliquait le chanteur,qui ne voulait pas la réduireàuntexte100% « nordiste ». Pari osé queceluidechanter un thème aussi dur et inhabituel, mais pari réussi, puisque le titre fût numéroun desventes pendant quatre semaines, avec plus d’un milliond’exemplaires vendus. Ducharbon au(disque de) platine,iln’y a(vait) qu’une chanson… Naissance d’unhymne Après le décèsdupopulairechanteur en 2005, sa chanson sur lesminesest entonnée durant les mi-temps des matchs de foot au Stade lensois Bollaert-Delelis. Comme si les paroles, l’histoire minièreetles valeursqu’elle véhicule avaient étédestinées àreprésenter ce club du Nord de la France. Devenue emblématique du stade, le disque d’or du célèbre titreest même St, LTO Descendre àlamine, pas d’âge pour le courage. FTV -BANIJAY lumière du soleil. Onsait cependant qu’une grande solidarité existait entreces « gueulesnoires », avec unechaleur humaine très présente, et un soutienprécieux entreces courageux,pour faireface aux dangersqui lesmenaçaient au quotidien. En effet, lesrisquessefaisaient de plus en plus nombreux au fur et àmesuredel’approfondissement deschantiers. Il leur fallait se protégercontreledangerdes éboulementsqui pouvaient lesenseveliràtoutmoment. Mais l’un desplus grands risquesétait celui d’asphyxie, entreles mains du RC Lens. Il leurfût offert par l’épouse deBachelet, Fanfan,suiteàl’hommagequ’ilsluiavaient rendu après sondécès. « Onapassé Les Corons,etincroyable,çaaété repris naturellementpar une partie du public. Depuis, aumoment où les joueurs entrent sur le terrain àlami-temps, il yacettechanson et on alachair de poule... » sesouvient Gervais Martel, l’ancienprésident du club de Lens. Des mineursaux footballeurs,letitre atraverséles tempsetles ambiances. Plus qu’une chanson, un hymne fédérateur emblématique d’une époque. FTV -BANIJAY 2^ u due au manque d’oxygène ou àlaprésence de gaz impropres àlarespiration, commelecélèbre « grisou ». Aussi appeléméthane, ce gazincolore etinodoreplus légerque l’air,est combustible.Ilsedégageait lorsdel’exploitation du charbon, et lorsqu’il explosait, on appelaitçaun coupdegrisou.Entre rhumatismes etmaladies respiratoires,ces ouvrierscombattifsétaient bien loin du (télé)travail surcanapé. De quoi se souvenirque chaquesiècle connaît ses difficultés…etses évolutions ! L’évolution des conditions des mineurs en 9dates clés 1803 : instauration du livret ouvrier qui permetdesuivreles déplacements des ouvriers. Janvier 1813:un décret obligeles exploitants de mines àsupporter les dépenses qu’exigeraientles secours donnés aux blessés, noyés et asphyxiés. Mai1833:grèveditedes quatresous, les mineursserévoltent contre la diminution de leurs salaires,lavie chèreetleurs conditionsdevie. 1864:unecotisation sociale estcréée pouraider lesmalades et blessés et une loi fixelajournée de travail à12h. Février1883:premiers débats surles caisses de secours et la prévoyance. 1890:le premierdélégué mineur élu avec la mission de surveiller lesconditions de sécuritéet d’hygiène. 1894 : loi instituant la caisse de secours des mineurs pourles retraiteset maladies. 1910 : instauration de la journéedehuit heurespourles mineurs et repos hebdomadaireobligatoire. 1914 : institution de la caisseautonome de retraitedes mineurs. CE CONTENU AÉTÉ RÉALISÉ POUR SALTO, PAR 20 MINUTES PRODUCTION, L’AGENCE CONTENU DE 20 MINUTES. |