2^ « Le nihilisme peut être le sel de la vie » La série animée « Rick & Morty », de Dan Harmon, s’est imposée comme une œuvre réflexive sur la pop culture I etief Propos recueillis par Vincent Julé l a suffi de quelques années et saisons à Rick & Morty pour s’installer au panthéon des séries animées pour adultes. Alors que la saison 5 inédite débarque ce lundi en US+24 et en exclusivité sur Adult Swim, et que la série est assurée d’avoir cinq saisons supplémentaires, 20 Minutes a rencontré, en exclusivité aussi, son cocréateur Dan Harmon. Rick & Morty s’est imposée comme une référence de la pop culture, mais peut-on aussi parler de punk culture ? Sabotage, des Beastie Boys, rythme le trailer de la saison 5, quand même. Le show a toujours eu pour but de saper, de vandaliser la pop culture. Mais, aux États-Unis, il est difficile de faire la différence. Vous créez des sneakers, puis des publicités pour les vendre, mais on vous demande si ces pubs ne pourraient pas être drôles, des œuvres à part entière, et, bien sûr, la marque paie pour ces pubs. Nous ne savons donc plus quand c’est punk ou pop. Le punk, si c’est bien fait, tout le monde veut le voir et cela devient pop. Et c’est le capitalisme. En saison 1, Morty lâche : « Personne n’a rien à faire ici, personne n’est spécial, tout le monde va mourir, alors viens regarder la télé. » Cela résume bien l’esprit de la série, non ? C’est l’esprit en effet, mais je pense que les gens se trompent sur ce qu’est notre nihilisme. J’ai reçu un jour un mail d’un mec qui bosse avec des jeunes en difficulté et qui a cette citation placardée sur la porte de son bureau. Il m’a expliqué qu’avec ce sticker les jeunes avaient tout de suite confiance en lui. Je pense qu’avec Rick & Morty, c’est un peu comme quand tu sympathises avec quelqu’un qui est en haut d’un CULTURE LUNDI 21 JUIN 2021 18 immeuble, un pied dans le vide. Tu ne peux pas lui raconter de bobards. « Je sais, ça craint, c’est effrayant, mais c’est la vérité. La vie n’a pas de sens. Maintenant qu’on se l’est dit, on peut connecter. » Les gens ont tendance à confondre nihilisme avec froideur, mais il peut être le sel de la vie. Au moins cinq autres saisons sont d’ores et déjà prévues, n’avez-vous pas peur de tourner en rond ? Pas du tout. Ils peuvent affronter le Bigfoot ou autre, cela n’a pas d’importance. Connaissez-vous l’expression Les facettes d’Ocelot à Annecy Le palmarès Le festival d’Annecy s’est terminé L Stéphane Leblanc e 60 e festival d’Annecy (Haute-Savoie), Michel Ocelot ne l’aurait manqué pour rien au monde, d’autant qu’une exposition lui est consacrée entre les murs du très beau château de la ville. Une vilaine chute d’une échelle, chez lui juste avant, en aura voulu autrement. Ses œuvres en tout cas sont bien là, jusqu’au 11 octobre, sous l’intitulé « Michel Ocelot, artificier de l’imaginaire ». On y découvre ses premières peintures, ses storyboards et ses célèbres papiers découpés, des dentelles de pâtisseries très blanches aux silhouettes noires. Une technique inspirée des Aventures du prince Ahmed, de la pionnière allemande Lotte Reiniger (1929), sur un style très affirmé pour celui qui, paradoxalement, confie dans l’expo : « Mon idéal serait de ne pas avoir de style. » Le succès surprise de Kirikou On y voit aussi son « premier travail officiel » pour la télévision, le canard Gédéon, adapté de Benjamin Rabier, au début des années 1970, et ses princes et princesses, déjà, avec ses dragons. Jusqu’au succès surprise de Kirikou, primé au festival d’Annecy en juin 1999. « Michel Ocelot n’a jamais rien fait dans sa vie que dessiner, animer des images, et c’est quelqu’un qui, sans le chercher, a réussi à faire un blockbuster tout en restant lui-même, explique à 20 Minutes l’ancien directeur artistique du festival, Serge Bromberg, qui l’a sélectionné en 1999. Michel a réussi à rencontrer le public sans jamais transiger sur son style ou sur ses histoires. C’est ce qui fait sa force et sa personnalité. » Dans le monde de l’animation, il y a eu un avant et un après Kirikou, qui a ouvert une voie à l’ensemble d’une profession jusque-là peu reconnue. Dan Harmon est le (co)créateur de Rick & Morty, série animée, adulte et culte. Adult Swim samedi soir et les meilleurs films se sont logiquement retrouvés au palmarès. Alors, qui pour succéder en 2021 à Calamity ? Flee, un documentaire danois d’animation signé Jonas Poher Rasmussen, qui raconte l’odyssée d’un jeune réfugié afghan devenu un universitaire intégré à Copenhague. C’est ce film à la fois sobre et tranchant que le jury a tenu à saluer pour ses qualités d’animation, devant deux autres franches réussites : Ma famille afghane, de la réalisatrice tchèque Michaela Pavlatova (prix du jury), et La Traversée, de la Française Florence Miailhe (mention du jury). Kirikou est exposé avec Michel Ocelot au château d’Annecy. S. Leblanc/20 Minutes typiquement américaine « too big to fail », littéralement, « trop gros pour faire faillite » ? C’est la devise de notre writer’s room. Nous prenons l’univers de la série très au sérieux. Comment expliquez-vous le culte de la série ? Je pense qu’il y a beaucoup de raisons différentes, par exemple, que c’est drôle [rires]. Mais il y a aussi de l’empathie. Les gens s’identifient à la dynamique de la famille Smith, et veulent suivre l’évolution des personnages. C’est une autre raison, peut-être la plus importante.nnI_1 SECONDES « Métal Hurlant » de retour en septembre Quinze ans après sa disparition, le magazine mythique de bandes dessinées de science-fiction Métal Hurlant va renaître dans les kiosques et librairies en septembre. Une cinquantaine d’anciens d’Europe 1 ont exprimé dimanche leur « solidarité » envers leurs confrères de la station, en grève depuis vendredi. Eddy de Pretto victime d’insultes homophobes Après sa performance à l’église Saint-Eustache (Pairs, 1 er), Eddy de Pretto a été la cible de messages homophobes sur les réseaux sociaux. « L’amour gagne toujours », a-t-il répondu sur Twitter. Photo : M. Schuller |