ACTUALITÉ Par ricochet, les enfants des survivants des camps de concentration ont subi les souffrances vécues par leurs parents pendant la Shoah. Danièle Laufer, dont la mère est une rescapée de Bergen-Belsen, le raconte avec subtilité dans Venir après (éd. du Faubourg), paru jeudi. Pour cet ouvrage, elle a aussi recueilli les témoignages d’une vingtaine de femmes et d’hommes nés de survivants des camps. Etre enfant de déporté, c’est d’abord avoir été mis au monde par des parents qui ont voulu « se donner une chance de reconstruire une vie normale », écrivez-vous. Ce poids initial a-t-il été lourd à porter ? Oui, et je crois que tous les enfants dont les parents ont vécu une tragédie éprouvent ce sentiment : ils sont là pour réparer. Ils ont aussi l’impression qu’ils ne peuvent pas décevoir leurs parents, car ils ne peuvent pas leur infliger une douleur de plus. Dans plusieurs des témoignages que vous avez recueillis, les parents n’ont pas voulu parler de cette tragédie à leurs enfants. Etait-ce pour les protéger ou pour tenter de mettre l’horreur à distance ? Les deux. En n’en parlant pas, ils espéraient sans doute aussi que ces souvenirs finiraient par s’estomper. Nous sommes d’ailleurs nombreux à avoir découvert tard que nous étions juifs, La météo en France 7 : 7 1E1 -e- 9 6 14 7- 15 t4 14 6 TO 6 7 comme si nos parents ne voulaient pas nous « plomber » avec ça. Vous décrivez des parents souvent exigeants et froids car ils ont « gelé leurs émotions ». Quelles carences affectives cela a-t-il engendrées chez leurs enfants ? Un manque de sécurité intérieure, des angoisses et une énorme demande d’amour. Certains parents n’ont pas été capables d’aimer réellement leurs enfants. Parce que, pour survivre dans les camps, ils avaient été obligés de tenir leurs affects à distance. Vous écrivez d’ailleurs que ces parents ne pouvaient pas protéger leurs enfants de leurs angoisses. D’où le recours de beaucoup d’entre eux à la psychanalyse ? La psychanalyse a permis à nombre d’entre nous de mettre des mots sur nos angoisses, de les comprendre afin de les tenir éloignées. Ça nous a sauvé la vie. Comment se construit-on avec un parent qui est continuellement traversé par la souffrance ? La tragédie vécue par nos parents nous a à la fois détruits et construits. Winter is coming back Un vent de nord-est froid souffle sur la moitié nord, tandis que de belles éclaircies se développent dans le nord et l’ouest du pays. Les nombreux nuages, du Centre à l’Est, finissent par laisser passer des éclaircies. Un ciel variable s’établit du Sud-Ouest à la Méditerranée. Prévisions ultra détaillées TV-WEEI-APPLIS LACHAINEMETEO.COM Beaucoup d’entre nous se sont servis de cette fragilité initiale pour en faire une force, pour apprendre à s’affirmer et s’accomplir dans différents domaines. De mon côté, enfant, je me suis souvent réfugiée chez des familles d’adoption pour aller respirer et trouver la chaleur ainsi que l’affection dont j’avais besoin. Sarah, que vous avez interviewée, déclare : « On est coupables d’exister. » Comment expliquez-vous la transmission de cette culpabilité ? Nous avons la culpabilité chevillée au corps, car nous avons conscience que nous aurions pu ne jamais naître. Ce 2 Vendredi 5 mars 2021 « La culpabilité chevillée au corps » Enfants de déportés Dans un livre, Danièle Laufer, dont la mère a survécu à la Shoah, raconte la transmission de ce trauma collectif « Nous avons conscience que nous aurions pu ne jamais naître. » I. Julien-Laferrière Danièle Laufer a aussi recueilli une vingtaine de témoignages pour Venir après. sentiment d’illégitimité, difficilement explicable, est très partagé par les enfants de déportés. Vous écrivez que la mort des parents a souvent été un déclic pour exercer le devoir de mémoire. Leurs enfants se sentent-ils investis d’une mission ? Oui. Ceux qui ont réussi à se dégager de leur souffrance familiale se sont souvent engagés. Sans doute parce qu’elle les a rendus plus sensibles à l’injustice. Et comme on ne peut pas échapper totalement à cette histoire familiale, autant la porter. Propos recueillis par Delphine Bancaud Edouard Balladur relaxé, François Léotard condamné à du sursis Affaire Karachi Il aura fallu attendre plus d’un quart de siècle. La Cour de justice de la République (CJR) a rendu sa décision jeudi et relaxé Edouard Balladur. En revanche, François Léotard a été condamné à deux ans de prison avec sursis et 100 000 € d’amende. La CJR se prononçait sur des accusations de financement occulte visant l’ancien Premier ministre et son ex-ministre de la Défense, dans un volet de l’affaire Karachi. « Je prends acte avec satisfaction de la décision de la Cour de justice de la République, qui reconnaît enfin mon innocence », a déclaré Edouard Balladur, cité dans un communiqué transmis par ses avocats. « J’ai honte pour la justice française et ses dérives dangereuses, a, de son côté, réagi François Léotard. Je défendrai toujours la liberté de la décision politique. » L’accusation avait requis un an de prison avec sursis et 50 000 € d’amende à l’encontre d’Edouard Balladur, jugé à 91 ans pour complicité et recel d’abus de biens sociaux. Une peine de deux ans de prison avec sursis et 100 000 € d’amende avait été demandée contre François Léotard, 78 ans, poursuivi pour complicité. Malgré la « gravité des faits », le ministère public a demandé à la Cour de prendre en compte le temps écoulé et l’âge des prévenus. Les arrêts de la CJR ne sont pas susceptibles d’appel. François Léotard a annoncé qu’il allait se pourvoir en cassation. Vidéo L’affaire Karachi, c’est quoi ? |