ACTUALITÉ « Le texte manque d’ambition » Environnement Citoyenne de la Convention climat, Mélanie Cosnier se dit déçue par le projet de loi « Climat et résilience » Présenté en Conseil des ministres ce mercredi, le projet de loi « Climat et résilience » entend s’appuyer sur le travail de la Convention citoyenne pour le climat, lancée à la demande d’Emmanuel Macron en octobre 2019. Mélanie Cosnier, présidente de l’association Les 150, qui fédère les participants de la Convention, a du mal à y retrouver l’esprit des propositions de cette dernière. Vous attendez-vous déjà à des surprises sur le projet de loi ? Nous avons été en contact régulier avec le ministère de la Transition écologique ces dernières semaines et nous avons été informés des mises à jour sur le texte, si bien qu’on a, normalement, une bonne connaissance de ce qui sera présenté ce mercredi. Y retrouvez-vous l’esprit de vos propositions ? Non, le compte n’y est pas. Le gouvernement a beau dire, le texte manque globalement d’ambition. Il reprend un grand nombre de nos mesures, mais, très souvent, il en réduit la portée ou n’en prend qu’une partie. Un exemple typique est celui de la rénovation énergétique des bâtiments, une proposition-clé de notre rapport, car concernant un domaine fort émetteur de gaz à effet de serre en France. Nous Convention Citoyenne —`Climat Emmanuel Macron en décembre, lors d’un point d’étape avec la Convention. F. Pouliquen/20 Minutes J. Witt/Sipa Les membres de la Convention citoyenne pour le climat réunis en hémicycle, en février 2020. réclamions l’obligation de rénovation énergétique des bâtiments d’ici à 2040, tout en augmentant les aides financières en parallèle. On est très loin de ça aujourd’hui dans le projet de loi. Le caractère obligatoire n’a pas été retenu, on reste sur de l’incitatif. On en revient à la promesse d’Emmanuel Macron de transmettre « sans filtre » vos propositions au Parlement. On en est loin aujourd’hui ? Oui. De fait, Emmanuel Macron a exercé un premier filtre et le gouvernement, un second. On se doutait bien que cette Convention n’allait pas pouvoir tout révolutionner en neuf mois de travail. Mais nous sommes forcément déçus que nos propositions soient autant amoindries. La Convention se réunira pour une dernière session de travail les 26, 27 et 28 février. Quel en sera l’enjeu ? L’enjeu principal sera justement de faire un point sur la façon dont sont reprises nos 146 propositions. La loi de finances 2021 reprend aussi une partie de nos mesures et on constate, là encore, des reculs. D’autres propositions ont été intégrées au plan de relance, d’autres sont passées sous formes de décrets et pour d’autres, l’exécutif nous assure qu’elles seront portées au niveau européen par la France. Pendant ces trois jours, nous allons ainsi tout répertorier et émettre un dernier avis à l’exécutif sur la récupération de notre travail. Propos recueillis par Fabrice Pouliquen Un défi pour la présidentielle de 2022 « Cela va être le plus grand texte de loi du quinquennat, en termes de thématiques et de nombre d’articles et d’amendements. » Dans la majorité, à l’instar de Jean-Charles Colas-Roy, député La République en marche de l’Isère, on ne manque pas d’emphase au sujet du projet de loi « Climat et résilience ». Ce texte sera débattu dès le mois de mars en commission à l’Assemblée nationale, où les débats s’annoncent houleux, avec une majorité prise entre deux feux. « La gauche dira qu’on n’a rien ou pas assez fait, et la droite nous accusera de mettre des bâtons dans les roues de certaines filières, ou de ne pas tenir compte de la crise économique, anticipe Jean-Charles Colas-Roy. On doit trouver une voie d’équilibre. » Cet « équilibre », c’est la « vision macroniste de l’écologie », plaide toutefois un cadre du parti présidentiel, où le thème est identifié comme « un enjeu crucial pour 2022 ». Consolider un électorat La majorité peut espérer promulguer le projet de loi « Climat et résilience » avant la fin du quinquennat. Pour quels bénéfices ? « Ce texte peut permettre à Emmanuel Macron de consolider son électorat, séduit par cette écologie dite raisonnée ou pragmatique, observe Daniel Boy, directeur de recherche au centre de recherches politiques de Sciences po. Mais je doute que cela lui permette de l’étendre. Les électeurs de gauche ou d’EELV ne seront pas séduits par cette loi. » Laure Cometti 4 Mercredi 10 février 2021 La consigne voudrait devenir la seule consigne La loi antigaspillage pour une économie circulaire a fixé des objectifs en matière d’emballages réemployés en France. Notamment celui d’atteindre une part de 5% en 2023 et 10% en 2027. Plusieurs initiatives dans la grande distribution cherchent à lancer le mouvement en réintroduisant des systèmes de consigne. Au Carrefour City de la rue de Grenelle (Paris 7 e), l’expérience ne tient encore que sur un petit « corner » placé dans un point de passage de la supérette : des produits variés, dans des boîtes en aluminium, des bouteilles et des bocaux en verre. « Le consommateur peut acheter ces produits aussi simplement que n’importe quel autre dans le magasin, explique Thomas Panosetti, responsable des relations avec les distributeurs chez Loop, start-up spécialisée dans l’économie circulaire. Mais une fois vides, les contenants sont à rapporter en magasin, la condition pour se faire rembourser les quelques euros supplémentaires payés en caisse pour inciter aux retours. » Bref, un système de consigne des plus classiques. Le dispositif balbutie encore, car il est long à mettre sur pied. Pour que cela ait un sens, il faut notamment une station de lavage à proximité. Loop prévoit notamment de créer la sienne, en région parisienne, dans le courant de l’année. F.P. |