F. Mantovani/Gallimard ACTUALITÉ Démocratie La chercheuse Chloé Morin publie un ouvrage sur la crise de notre système politique « La crise a amplifié le constat que je faisais sur les fractures de notre démocratie », estime la chercheuse Chloé Morin (photo), experte associée à la Fondation Jean-Jaurès, proche du PS. L’ancienne conseillère de Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls à Matignon l’explique dans un livre, qu’elle vient de publier : Le Populisme au secours de la démocratie ? (éd. Gallimard). 111- knek-TWitA, &Yak unterpee465 ecilltlndoeb,c4 epxtee, 4,teEt. r I iietZee 2 Mercredi 24 février 2021 « Ne pas censurer les offres populistes » Le populisme est perçu par bien des responsables politiques comme une menace. Pour vous, il pourrait venir au secours de la démocratie ? Il faut rappeler que le populisme correspond à une notion de science politique qui a une histoire et une définition concrète [la défense du « peuple » contre « les élites »]. Mais, aujourd’hui, ce terme est utilisé pour disqualifier l’adversaire, et pour exclure des questions et des acteurs du débat public. La question que je pose dans le titre est une manière de souligner que les gens qui votent populistes sont des gens qui votent encore, qui essaient de jouer le jeu de la démocratie. Si l’on veut que les gens continuent à adhérer à la démocratie, il ne faut pas aller vers la censure des offres populistes. N. Messyasz/Sipa (illustration) « Nos systèmes de décision collective ont été détournés par ceux qui détiennent le pouvoir », estime Chloé Morin. Quelles sont les causes de cette crise démocratique que vous décrivez ? Parmi les nombreuses causes que j’évoque, il y a la question du partage du pouvoir. Nos systèmes de décision collective sont en partie obsolètes et ont été détournés par ceux qui détiennent le pouvoir aujourd’hui. On l’a bien vu pendant la crise sanitaire, la décision publique a été extrêmement centralisée, le confinement n’a pas été voté par le Parlement, un conseil de défense sanitaire a été mis en place sans contrôle. Ce n’est pas sain d’un point de vue démocratique. Depuis l’automne seulement, l’exécutif semble plus soucieux de cette question de l’acceptabilité de ses mesures. Or c’est en partageant le pouvoir que l’on crée le consentement, il n’y a pas d’autres façons de le faire. Des réformes sur le scrutin à la proportionnelle, sur le vote par anticipation ou par correspondance sont discutées… Je suis sceptique sur le vote par anticipation, car, si l’on ne peut pas voter le dimanche, il y a peu de chances pour qu’on aille voter le jeudi. Quant à la proportionnelle, elle pose à mon avis de sérieux problèmes de stabilité et de capacité à gouverner. Néanmoins, je fais le constat, dans ce livre, que le Parlement ne sert aujourd’hui plus à rien, car la majorité présidentielle y est écrasante. Il n’y a pas vraiment de dialogue. Quels seraient les bons remèdes, alors, pour notre démocratie ? Il y a la responsabilité individuelle. Chacun d’entre nous doit faire l’effort de se confronter à des opinions qui ne sont pas les siennes. L’éducation aux médias, au sens large, pour les enfants et ados, peut participer à forger cela. Propos recueillis par Laure Cometti La météo en France La « dette Covid », un enjeu pour 2022 Présidentielle Au début de Le pays se tord de l’épidémie, en mars 2020, Emmanuel Macron promettait de soutenir les douceur sous le soleil Français et les entreprises en difficulté face à « la plus grave crise sa- Soleil et douceur s’imposent partout. L’ambiance est nitaire depuis un siècle ». Près d’un printanière avec des valeurs an plus tard, ces dépenses s’élèvent à près de 150 milliards d’euros. Faut-il dignes d’un début avril. Des rembourser la partie de la dette liée au brumes de mer peuvent se former Covid-19 ? Les politiques s’emparent désormais de cette question. En tant que sur les plages du golfe du Lion, tandis que la pointe du Finistère haut-commissaire au plan, François retrouve des nuages. Bayrou présentera d’ailleurs ce mercredi, devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese), une note sur la dette publique. Prévisions ultra détaillées « Il est important de réaliser un audit TV-WEEI-APPLIS global de nos finances pour savoir où l’on en est, assure Roland Lescure, député LREM et cadre du parti. La « dette Covid », savoir qui paie et combien, sera un des éléments importants de la campagne à venir, car il faudra bien la rembourser un jour. » Car le gouvernement est aujourd’hui pressé sur ce sujet par l’opposition. « Une dette doit être remboursée, assurait lundi Marine Le Pen [RN], dans une tribune à L’Opinion. Il y a là un aspect moral essentiel. » A gauche, insoumis et communistes plaident pour l’effacement de ces dépenses liées à la crise sanitaire, à l’image de Jean-Luc Mélenchon (LFI), qui propose « d’annuler ces titres de dettes publiques » par l’intermédiaire de la Banque centrale européenne. Si l’exécutif n’a livré aucune piste concrète, il exclut toute hausse de taxes. Pour Roland Lescure, « la croissance permettra de réduire la dette et on aura à s’interroger sur nos dépenses publiques dans le cadre d’un second quinquennat ». Thibaut Le Gal |