QUITTER PARIS Entre les régions, ça déménage Welcome Les collectivités font tout pour attirer à elles les Franciliens qui songent à s’installer ailleurs On connaissait déjà l’exode des Parisiens vers Bordeaux, Nantes, Toulouse ou Rennes. Un peu moins celui vers la Haute-Marne, la Nièvre, l’Orne, la Manche et le Cher. De nombreux départements ruraux essaient de tirer parti de la crise du Covid et de l’avènement du télétravail. Sur leurs sites web Venezvivreencorreze, Choisirlelot, Sarthe-me-up ou dans le cadre d’opérations telles que, « Essayez la Nièvre » ou « Osez le Périgord autrement », ces collectivi- tés n’y vont pas par quatre chemins. « Le monde d’après est localisé et c’est ici, dans l’Orne », déclare fièrement le président du conseil départemental, Christophe Une vie moins chère, oui, mais à quel point ? Confort Combien gagnerait un Francilien en quittant l’agglomération parisienne pour la province ? D’après l’Insee, qui publiait en 2016 une étude sur le sujet, il ou elle économiserait en moyenne 8,8% de ses revenus. Une baisse essentiellement due à des logements plus abordables (-24,7%), mais les autres postes de dépenses sont plus nuancés. Le gain sur l’immobilier peut en effet être contrebalancé par l’écart de salaire potentiel entre l’Ile-de-France et d’autres régions (-5000 € par an pour un cadre selon l’Apec), ou par des frais de transports conséquents : acquisition d’une ou deux voitures, entretien, assurance, carburant… Toutefois, le portefeuille ne se fait pas plus léger pour autant : alimentation, loisirs, habillement, restaurants, représentent selon l’Insee des dépenses bien inférieures qu’à Paris (entre 3 et 6%). D’après Laou.fr, qui entreprend d’aider les Parisiens à s’insérer dans leur nouvelle ville, l’amélioration du cadre de vie modifie les besoins et entraîne de nouvelles habitudes de consommation moins coûteuses. V.T. MixMedia/Getty Images de Ballore, sur Sinstallerdanslorne.fr. Le site de la Corrèze a pour sous-titre « Ici on a les yeux qui brillent », tandis que celui de la Haute-Marne s’appelle Respirez-inspirez. Témoignages et opés choc Pour taper dans l’œil de ces actifs au pouvoir d’achat globalement élevé et bénéficier de leur dynamisme, les sites ambassadeurs inventorient les atouts de leur région : nature, dynamisme, proximité, produits du terroir, espaces de coworking et fibre pour les indépendants et télétravailleurs. Mais ce n’est pas tout : d’anciens citadins témoignent de leur choix de vie dans des vidéos re- layées sur les réseaux sociaux. Sur le site du conseil départemental du Cantal, on peut voir celle d’une jeune Parisienne les yeux perdus dans le vague. A quoi rêve-t-elle ? A marcher dans de grands espaces, à vivre dans une maison, à faire du VTT, bien sûr. Cette séquence illustre l’opération « Trois jours pour changer de vie » : en octobre prochain, une vingtaine de porteurs de projets sélectionnés seront invités tous frais payés à la découverte du département. « Les Franciliens représentent près de la moitié des candidats et tous s’inscrivent dans le but d’améliorer leur cadre de vie », précise Christine Grasset, du service attractivité du département. Même démarche en Corrèze. Là, une seule personne (ou famille), tirée au sort, bénéficiera de Un bouquet d’aides pour se relancer Dispositifs Pour les indépendants, commerçants ou artisans, le projet d’un grand déménagement est forcément plus risqué sur le plan financier que celui d’un salarié… De nombreux dispositifs existent pour soutenir cette initiative, comme les exonérations d’impôts en zone de revitalisation rurale : pas de taxe foncière ni d’impôts Les artisans sont très exposés. sur les bénéfices pendant cinq ans. La chambre des métiers et de l’artisanat (Artisanat.fr) propose également des conseils et des stages de préparation à l’installation. Un soutien qui peut prendre la forme d’exonérations ou... d’une conciergerie. Les collectivités, qui cherchent à dynamiser leur territoire, proposent elles aussi un accompagnement des créateurs et entrepreneurs. En Corrèze, un service de conciergerie a été lancé le 4 janvier. Aline Houdé-Diebolt et Clément Demarson, tous deux artisans d’art à Paris, sont parmi les premiers à en bénéficier. « On a sillonné la France en camping-car à la recherche de l’endroit où on voulait vivre. Et on a eu un coup de cœur pour la Corrèze », raconte la créatrice. Depuis, le couple est en contact avec Charlotte Courty, chargée pour eux de lier tous les aspects de leur projet. « Elle nous épaule dans nos démarches, et cherche les aides dont on peut bénéficier en tant qu’artisans, poursuit Aline Houdé-Diebolt. On gagne beaucoup de temps. » V.T. 12 Lundi 25 janvier 2021 trois jours pour s’y projeter : « Il y aura du tourisme mais aussi des moments professionnels avec mise en contact avec un réseau, et enfin un rendez-vous consacré De l’affichage mais aussi des salons, des job-datings et une recherche facilitée. à l’immobilier », détaille Aurore Thibaud, chargée de mission au conseil départemental et cofondatrice du site Laou.fr, qui assiste les Parisiens dans leur changement de vie. Pour cette première initiative, l’opération corrézienne a déjà enregistré près de 1 200 inscriptions. Dans son agenda, le site Paris-jetequitte répertorie d’ailleurs toutes les opérations de ce genre : salons de l’emploi, job-datings, appels à projets, concours… De quoi donner des idées pour élargir son horizon. Virginie TauzinnnCu secondes Le soleil, un critère capital dans le choix d’une nouvelle ville. Chaque année, Paris bénéficie de 1 810 heures d’ensoleillement en moyenne. C’est plus que Lille (1 639) mais moins que Rennes (1 850), Clermont-Ferrand (1 903) ou La Rochelle (2298). S’il vous faut de la vitamine D toute l’année, direction Montpellier (2 698) ou la championne Toulon, avec pas moins de 2 899 heures de douceur. Bordeaux voit rouge. Selon le site Seloger.com, l’immobilier à Bordeaux a bondi de 38% depuis 2015, passant de 3 410 à 4 722 € du mètre carré. Un T3 dans la cité coûterait en moyenne autour de 358 000 € . Les communes de l’agglomération (Talence, Bègles…) n’ont pas été épargnées par cette flambée, même si la situation tend à revenir « à la normale ». A Rennes, les acheteurs ciblent les T2. D’après une étude de SeLoger, 25% des recherches concernent ces petites surfaces, devant les T3 (18%) et les studios (17%). Rares en centreville, les maisons (quatre pièces ou plus) ne représentent que 8% des recherches. |