E. Roudier/« Qui était Néandertal »/Ed. Belin ACTUALITÉ Une reconstitution de l’enterrement de l’enfant de 2 ans par des Néandertaliens, il y a plus de quarante mille ans, à La Ferrassie (Dordogne). Une découverte qui refait l’histoire Préhistoire En Dordogne, on a la preuve que Néandertal enterrait bien ses morts La géologie a enfin parlé. Sur le site de La Ferrassie (Dordogne), une équipe pluridisciplinaire menée par les paléoanthropologues Antoine Balzeau, du CNRS et du Muséum national d’histoire naturelle, et Asier Gómez-Olivencia, de l’université du Pays basque (Espagne), assure que Néandertal enterrait bien ses morts. Ce dernier a ainsi inhumé un enfant sur ce site il y a plus de quarante mille ans. « Il y a eu cette intentionnalité dans l’enfouissement du corps de l’enfant. » Antoine Balzeau, paléoanthropologue Dans une étude parue dans la revue Scientific Reports, les scientifiques apportent une « nouvelle preuve robuste » que l’enterrement n’est pas l’apanage de notre espèce, Homo sapiens, contrairement à ce que pensent un certain nombre d’archéologues. Antoine Balzeau explique que « nous sommes désormais en possession d’informations concordantes qui nous permettent de montrer solidement que nous sommes en présence d’une sépulture sur le site de La Ferrassie », un important abri-sous-roche néandertalien, qui a commencé à être exploité en 1895. « Nous avons pu montrer qu’il y a eu un trou volontairement creusé dans une couche géologique datant de soixante mille ans, et qu’un corps d’enfant y a été déposé, datant, lui, de quarante et un mille ans, détaille le paléoanthropologue. Puis ce trou a été rebouché. Nous avons l’empreinte virtuelle qu’il y a une fosse, et qu’il y a eu cette intentionnalité dans l’enfouissement du corps de l’enfant. » L’enquête a commencé quand Antoine Balzeau est tombé récemment, au musée de l’Homme à Paris, sur une boîte contenant les ossements de cet enfant de 2 ans, trouvés en 1973 à La Ferrassie. Le squelette avait bien été identifié dans les années 1970, mais sans contextualisation géologique. Son équipe passe alors en revue tout le matériel récolté sur le même carré que celui de la dent et révèle 47 nouveaux ossements humains, appartenant sans aucun doute au même squelette, et récoltés rapidement lors des fouilles mais non identifiés. L’enquête ne fait que commencer. Reste maintenant à « bien comprendre l’endroit », afin d’établir « des scénarios scientifiques solides » quant à l’enterrement de cet enfant. A Bordeaux, Mickaël Bosredon A. Balzeau/CNRS/MNHN A. Balzeau/CNRS/MNHN Des fouilles archéologiques sur le site de La Ferrassie. 12 Vendredi 18 décembre 2020 Des milliers de restes osseux ont été triés sur le site périgourdin. |