EN VERT ET POUR TOUS Zèta jette un pavé dans le marc Ecolo La Bordelaise Laure Babin a eu l’idée de créer des baskets en recyclant du raisin Destiné à être jeté par les viticulteurs, le marc de raisin (qui désigne les résidus secs après le pressurage des grappes) pourrait bien se retrouver à vos pieds. La Bordelaise Laure Babin, 23 ans, a eu l’idée de l’incorporer à la fabrication de sa marque de baskets zéro déchet Zèta, lancée le 7 septembre. Après une belle campagne de financement participatif*, son e-shop ouvrira début janvier. D’où part l’idée d’utiliser des résidus issus de la viticulture ? J’ai toujours été passionnée de mode : tous mes stages, je les ai faits dans le secteur du textile et des chaussures. La ligne directrice de mon projet était vraiment de créer une paire de baskets uniquement à partir de produits recyclés. Alors, quand je suis tombée sur le cuir de raisin, fabriqué à partir de déchets de la production viticole dans la région de Milan, je me suis dit que ça collait aux valeurs zéro déchet que je voulais véhiculer avec Zèta. Comment fait-on du cuir de raisin et pourquoi appelle-t-on ça du cuir ? Le marc de raisin est déshydraté puis broyé et ensuite intégré à d’autres matériaux recyclés. On y ajoute des huiles végétales et tout ça va être mélangé, chauffé puis étalé en une plaque qui sera teinte puis découpée pour en faire au final des rouleaux de cuir. On ne devrait pas l’appeler « cuir », parce qu’il n’y a pas d’origine animale, mais Lola et Romain, créateurs d’Ankore, qu’ils portent sur le dos. F. Brenon/20Minutes l’entreprise italienne Végéa, qui a mis au point ce matériau et qui en détient le brevet, utilise cette formule car elle est plus simple à comprendre pour le consommateur. Quelle est la proportion de marc de raisin dans ces baskets ? Il faut 2,5 kg de marc pour faire 1 m² de cuir de raisin. Une paire de Zèta, c’est 3 kg de déchets recyclés au total. On a été obligés d’incorporer 15% de caoutchouc neuf, en plus des Zèta Laure Babin, la créatrice de Zèta. La protection des océans est Ankore une priorité Recyclage C’est en observant les côtes bretonnes que l’idée leur est venue : créer des vêtements à partir de plastique collecté en mer. Il y a deux ans, Lola Moy et Romain Durand, installés à Nantes, ont décidé de lancer Ankore, une marque éthique qui permet de recycler le plastique trouvé dans l’océan. « La pollution des océans, c’est une catastrophe qui s’observe au quotidien, explique le jeune homme. Ça a été un déclic. » « Il y avait l’idée de devenir indépendants, de créer mais surtout de faire quelque chose qui a du sens », confie Lola. Mais les débuts n’ont pas été évidents, car il fallait faire confiance à une jeune marque sans expérience, a fortiori pour un projet innovant. « On a toqué à 200 portes, raconte Romain. D’abord en France, puis en Espagne et au Portugal. On voulait promouvoir au maximum le circuit court. » Lola et Romain sont entrés en relation avec Seaqual, une entreprise espagnole Le design, le patronage et la logistique sont assurés par Lola et Romain. associée à des pêcheurs qui recueillent le plastique. Les déchets récupérés sont envoyés dans un centre de recyclage à Gérone, en Espagne, pour être nettoyés, broyés, fondus, filés et mixés avec du coton biologique. Une fois la filature réalisée, direction le Portugal pour le 6 Décembre 2020 chutes de caoutchouc, pour la semelle extérieure, sinon le produit ne résistait pas à la cuisson. Où sont fabriquées les baskets ? Elles sont confectionnées dans un atelier familial au Portugal. Cela nous a pris huit mois d’échanges pour affiner le produit, j’ai redessiné plusieurs fois les baskets. La commercialisation a commencé le 7 septembre, avec une campagne de crowdfunding qui a permis de recueillir 2 700 commandes, alors qu’on avait besoin de 100 paires. Le projet arrive à un moment où on repense nos pratiques de consommation. « On voulait que les chaussures soient recyclables jusqu’à la fin. » Avez-vous dessiné le modèle vous-même ? Oui, c’est le modèle alpha. Je l’ai voulu simple, unisexe et qui peut correspondre à tous les âges. Il est disponible uniquement en ligne et le sera dans quelques points de vente en France et en Europe, courant 2021. Le prix de revient est assez élevé, car le cuir de raisin, assez peu utilisé, coûte cher et il y a un vrai processus de transformation. Le prix de vente est de 129 € la paire. Vous avez aussi prévu la prise en charge de la fin de vie des baskets... On voulait que les chaussures soient recyclables jusqu’à la fin. On propose aux clients de nous les renvoyer gratuitement, contre un bon d’achat, lorsqu’elles sont usées. Nous les collecterons pour les envoyer à l’entreprise Gebetex, en Normandie, qui se charge de les recycler en combustible vert. Elles seront broyées avec d’autres déchets textiles. On a voulu anticiper la fin de vie du produit au maximum. Propos recueillis par Elsa Provenzano *https://fr.ulule.com/zeta-basket/prototypage. Le design, le patronage et la logistique sont réalisés par Lola et Romain depuis Nantes. A l’heure actuelle, la marque propose sur son site trois coloris de sweat (bleu, camel, gris) à 79 € et un tee-shirt bleu à 39 € . Après deux ans de mise en place, les vêtements sont prêts à voir le jour. « Si tout se passe bien, on peut estimer une sortie pour le début d’année 2021 », informe Lola. Les deux Nantais voient grand. D’autres produits sont déjà en cours d’élaboration, comme des casquettes, des shorts de bain, des sacs à dos… Les idées ne manquent pas et Lola essaie de se projeter : « On aimerait beaucoup accueillir d’autres talents et embarquer du monde avec nous dans cette aventure. » Clara Le Nagard Plus d’infos sur Ankore.co |