14 Environnement Coralie Lemke Limiter le réchauffement climatique global à 2,7 °C d’ici à 2100 ? Selon un bilan publié le 30 octobre dernier par l’ONU, l’objectif fixé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) serait tenable grâce à « l’effort mondial sans précédent qui est en cours ». Une poussée collective qui touche aussi bien les pays du Nord que ceux du Sud. Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot, explique : « Il est important que, pour se développer, les pays du Sud ne reproduisent pas les mêmes erreurs que les pays occidentaux ont commises. Ils peuvent y arriver grâce aux énergies renouvelables. » Car la lutte contre le changement climatique va désormais de pair avec celle contre la précarité. En septembre, les Nations Unies ont adopté un programme intitulé « Transformer notre monde, programme de développement durable d’ici 2030 », qui vise à « éliminer la pauvreté, transformer nos vies et protéger la planète » en quinze ans. Pour Matthieu Orphelin, les problèmes de sécheresse et de malnutrition sont liés. « Prenons l’exemple des cultures avec un système d’irrigation intelligent. Elles permettent non seulement de lutter contre les mauvaises récoltes, mais aident aussi les femmes à ne pas partir loin pour chercher de l’eau. Leur niveau de vie augmente donc de manière globale. » Dans l’attente de moyens Inutile de multiplier les actions de prévention dans ces pays, souligne Jean Jouzel, spécialiste du climat et Prix Nobel de la Paix en 2007. « Dans les pays du Sud, les populations sont déjà victimes du réchauffement climatique, comme au Bangladesh, où sévissent de terribles montées des eaux. » Le problème reste le manque de financements, qui peine à venir des pays du Nord. « Lors de la conférence de Copenhague, en 2009, les pays occidentaux se sont engagés à verser 100 milliards de Jeudi 3 décembre 2015 PLANÈTE Partenaire de l’Agence française de développement, « 20 Minutes » s’intéresse au climat Quels enjeux pour les pays du Sud ? « Les populations sont déjà victimes du réchauffement. » Jean Jouzel, Prix Nobel de la Paix Une expo qui vous transporte La surface est gigantesque. Pour son exposition « Nés quelque part », présentée à l’occasion de la COP21, l’Agence française de développement (AFD) et Ars Anima ont mis en place à la Villette un espace interactif de 1000 mètres carrés où peuvent déambuler les visiteurs. « Au début, chacun reçoit un carnet de voyage qui lui attribue un destin en particulier, que ce soit en Polynésie, dans la campagne au Cambodge ou dans le désert du Niger. Il y a en tout sept décors différents », explique Emmanuel Dollfus, en charge pour l’AFD de cette expositionspectacle, qui met en scène les enjeux du climat et du développement durable. R. Blackwell/AP/Sipa Dans les pays du Sud, comme ci-dessus au Sénégal, les problèmes de sécheresse et de malnutrition sont liés. Suivre un destin Chaque personnage (Nana, Ihoa, Chan…) possède une mission singulière, comme emmener son enfant atteint de paludisme à l’hôpital ou rencontrer son futur employeur. Dans chaque pièce, des comédiens aiguillent les participants dans leur quête. Une fois la mission accomplie, place au débrief et au dialogue avec des ONG spécialisées dans l’engagement solidaire, l’environnement ou le développement. « Grâce au principe d’immersion, les visiteurs peuvent pleinement prendre conscience des risques liés au changement climatique », poursuit Emmanuel Dollfus. Il existe en tout 21 parcours différents. Pour les plus motivés, il est donc possible d’avoir plusieurs expériences de jeu. L’exposition, ouverte jusqu’au 30 décembre à Paris, est accessible dès 9 ans. En 2016, elle sera en tournée dans plusieurs villes de France, dont Lyon, Grenoble, Marseille et Dunkerque. WC.L. En chiffres Entre 40 et 80% des terres agricoles seront impropres à la culture du maïs et du millet en Afrique subsaharienne si la température augmente de 1,5 °C d’ici à 2030, indique la Banque mondiale dans un rapport intitulé « Baissons la chaleur », publié en 2013. 4 °C supplémentaires gagnés en 2080 entraîneraient une baisse de 30% des précipitations annuelles en Afrique australe. 11% de perte de production pourraient être causés par une élévation du niveau de la mer de 30 centimètres dans le delta du Mékong d’ici à 2040. dollars d’aides d’ici à 2020 », explique Armelle Le Comte, d’Oxfam. Or l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que seuls 60 milliards de dollars environ ont été trouvés, selon un rapport publié en octobre. « Cette aide permettrait déjà aux pays en voie de développement de faire face aux conséquences liées au changement climatique qui ont lieu aujourd’hui », conclut-elle. W Un dossier à retrouver sur 20minutes.fr Retrouvez l’ensemble des articles de ce cahier sur notre plateforme Web dédiée à l’adresse suivante : www.20minutes.fr/magazine/cop21. Réalisé en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD), 20 Minutes fait le point sur les enjeux climatiques, environnementaux et sociaux à l’occasion de la 21 e Conférence des parties (COP21) à la Conventioncadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui se tient en France jusqu’au 11 décembre. Etablissement public, l’AFD finance et accompagne les projets et programmes de développement dans les pays du Sud et d’outre-mer. W |