* 6 ■France Etre une femme, c’est bien, mais être un homme parfois, c’est mieux… Même en 2013 ! Selon le troisième sondage de l’observatoire « Dans le miroir des femmes », si 70% des Françaises interrogées assurent qu’elles n’auraient pas aimé être un homme, seule une femme sur deux déclare aujourd’hui se sentir « aussi libre qu’un homme ». Et 44% affirment même que leur sexe « a été un frein dans leur vie professionnelle ». « Ce chiffre élevé démontre la dualité de notre société, où les femmes sont satisfaites de leur identité, mais lucides sur les inégalités liées à leur condition sociale », souligne Nicolas Jeudi 21 novembre 2013 SONDAGE Trois Françaises sur quatre pensent que ce concept a encore du sens aujourd’hui Retour de flamme pour le féminisme Claire Planchard Le féminisme, un combat d’arrièregarde ? Alors que pendant des lustres, les femmes commençaient souvent leurs phrases par : « Je ne suis pas féministe, mais… », le vent pourrait bien être en train de tourner. Ainsi, 75% des Françaises interrogées dans le troisième et dernier volet de l’observatoire « Dans le miroir des femmes », 20 Minutes-CSA-Terrafemina estiment que « le féminisme a encore un sens ». Parmi elles, 50% affirment même « qu’il reste des inégalités à combattre ». « On a été surpris par l’ampleur de ce résultat : même si cette perception globalement positive n’équivaut pas à un engagement, cela montre qu’il ne s’agit pas d’un simple féminisme symbolique en souvenir des batailles passées, mais bien de la conviction que la lutte a toujours lieu d’être », souligne Nicolas Fert, chargé d’études senior au pôle opinion de CSA. « Une vraie avancée » « Qu’autant de femmes reconnaissent que le féminisme agit pour le progrès et l’émancipation des femmes est une nouveauté et une vraie avancée, car longtemps, le terme « féminisme » a fonctionné comme un vrai repoussoir, une idée qui faisait mauvais genre », réagit Margaret Maruani, directrice de recherche au CNRS et responsable du réseau de recherche Mage (Marché du travail et genre). Mais pour elle, ce retour de flamme est assez cohérent avec le sentiment d’inégalité professionnelle exprimé dans le reste de l’étude : « Comment expliquer que les femmes aujourd’hui aient des salaires moindres (de 27% inférieurs à ceux des hommes), et des carrières moindres (seuls 40% des emplois de cadres sont occupés par des femmes), qu’elles soient plus souvent à temps partiel ou au chômage, alors qu’elles sont plus diplômées que les hommes et qu’elles ont les mêmes trajectoires professionnelles qu’eux, même quand elles ont des enfants ? », s’interroge la spécialiste. « Aujourd’hui, les inégalités entre les hommes et les femmes ne sont pas plus importantes, mais elles sont encore plus illégitimes qu’auparavant », estime-t-elle. W Retrouvez « Dans le miroir des femmes » sur Méthodologie « Qu’est-ce qu’être une femme en 2013 », sondage réalisé par l’Institut CSA par Internet du 29 octobre au 7 novembre 2013 auprès d’un échantillon de 1 054 femmes âgées de 18 ans et plus, issues d’un échantillon national représentatif de 2 015 Français âgés de 18 ans et plus, résidant en France, constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge et catégorie socioprofessionnelle), après stratification par région et taille d’agglomération. En 2013, la femme est ambitieuse, fière d’être une femme et aime son corps. Pas facile de se sentir libérée « Les femmes sont satisfaites de leur identité, mais lucides sur les inégalités liées à leur condition sociale. » Nicolas Fert, de CSA Fert, chargé d’études senior au pôle opinion de CSA. Leur perception des avantages relatifs à être femme ou homme aujourd’hui en France le confirme : 41% des Françaises qui aiment être femme apprécient surtout le fait de « pouvoir enfanter ». A l’inverse, parmi les 17% de femmes qui auraient préféré être un homme, 31% formulent ce souhait « pour être mieux payées ». « Quand on sait que seule une minorité de femmes occupe des emplois prestigieux, bien payés et donc valorisants, on comprend facilement qu’elles se sentent avant tout valorisées dans leur rôle de mère », analyse Azadeh Kian, professeure de sociologie et directrice du Centre d’enseignement, de documentation et de recherches pour les études féministes (Cedref) de l’université Paris-Diderot. Les femmes ouvrières, d’ailleurs, sont plus nombreuses à regretter ne pas être un homme (22%, contre 17% pour l’ensemble des femmes). WC. P. |