La Compagnie Terraquée, côté cour et côté maths Depuis 2010, cette association célèbre à Saint-Denis les noces festives des mathématiques et du théâtre, avec l’idée de décomplexer totalement vis-à-vis des matières scientifi ques. Association Comment réconcilier certains traumatisés des maths avec cette discipline pourtant passionnante et essentielle à l’esprit humain ? C’est la question que se sont posée Meriem Zoghlami, ancienne chanteuse lyrique, et François Perrin, agrégé de maths. Ces deux-là ont donc fait fusionner leurs penchants littéraires et scientifiques pour donner naissance à La Compagnie Terraquée. « On s’est dit qu’en passant par le théâtre, on arriverait plus facilement à restituer la beauté d’une discipline à qui on ne rend pas toujours justice. Les maths, c’est vivant ! », témoigne Meriem Zoghlami. Depuis son installation à Saint-Denis en 2010, l’association a donc créé plusieurs spectacles mêlant art dramatique et notions mathématiques, comme Pi, le nombre à deux lettres et Il est rond mon ballon, imaginé à l’occasion de l’Euro 2016 de foot. Très attachée à chasser les idées reçues liées aux maths, la compagnie intervient également dans de nombreuses écoles et collèges. « Dans les quartiers populaires, vous n’avez pas toujours la maman chercheuse, le papa ingénieur parmi vos connaissances. Donc, fatalement, les enfants se projettent moins sur ces métiers, particulièrement les filles, qui intègrent bien souvent ce préjugé insuppor- Zakia Ghenimi Bénévole au festival Maths en ville « Je suis institutrice à l’école Jean-Vilar à Saint-Denis. Très souvent, quand j’aborde une notion mathématique en classe, je constate des blocages chez certains élèves. Et j’ai remarqué que, en faisant un pas de côté ludique par rapport à la discipline, ces freins disparaissaient. Le festival Maths en ville, c’est justement un très bon moyen de faire ce pas de côté. L’année dernière, j’avais animé un atelier de géométrie pour des enfants de 3 à 8 ans à partir de figures d’un jeu de Tangram, et je le reconduirai cette année. » table selon lequel les matières scientifiques ne seraient pas pour elles », s’agace Meriem Zoghlami. D’où des ateliers innovants dans les collèges  : l’année prochaine, la compagnie reconduira ainsi le projet Mathématiciennes dans un collège d’Aubervilliers, consistant à faire venir trois chercheuses de renom pour favoriser une vraie rencontre avec les élèves. Fidèle à une tradition d’éducation populaire, la compagnie donne aussi rendez-vous à Maths en ville, une grande fête des maths qui sera organisée cette année du 16 au 19 octobre à Saint-Denis. On compte les jours ! Christophe Lehousse N°82 SEPTEMBRE 2019 SEINE-SAINT-DENIS 21