SPÉCIAL SOLIDARITÉS enfance et famille À l’âge de 9 mois, Floria Bidouillat est confiée par la justice au Conseil départemental. Elle est placée au foyer de l’enfance à Auxerre le temps de l’adaptation avec une assistante familiale. À à peine un an, elle intègre la famille de sa « tata », chez qui elle vivra jusqu’à sa majorité, aux côtés de deux autres garçons dans la même situation. « J’ai fait mes études au collège de Chablis puis au lycée de Tonnerre », explique la jeune fille, qui a décroché son bac ES en juin 2018. « Mes parents n’étaient pas aptes à s’occuper de moi et si j’étais retournée chez l’un ou chez l’autre, je n’aurais pas eu ce parcours scolaire. » La jeune fille est aujourd’hui en DUT carrières juridiques à Troyes. Grandir en famille d’accueil ne m’a apporté que du bien. LE PLACEMENT À DOMICILE (PAD) AUTONOMIE : UN DISPOSITIF POUR LES JEUNES EN ERRANCE Le Pad autonomie est en cours de déploiement. Ce nouveau dispositif s’adresse aux mineurs confiés au Département par le juge des enfants ou leurs parents, qui ont connu des parcours ponctués de placements multiples et de mises en échec répétées, ou se trouvant au domicile de leur famille et s’exposant dans des conduites à risques. Il s’agit de proposer aux jeunes un hébergement en autonomie ou en semi-autonomie et un accompagnement spécifique en travaillant à partir de leur errance et sur les différents champs qui leur permettront d’accéder à l’autonomie. Les Pad autonomie sont issus du redéploiement de places de centres de jour et de maisons d’enfants à caractère social. 13 mineurs et 4 majeurs sont actuellement concernés par ce dispositif. 16 AU FIL DE L’YONNE/N°156 DR J’interviens dans les familles sur la base d’un contrat. Jean-Renaud Tourneur Nayla Charles-Félicité est référente éducative en AED (aide éducative à domicile). Cette prestation de l’aide sociale à l’enfance vise à apporter, après évaluation, un soutien éducatif, psychologique ou matériel à des parents qui rencontrent des difficultés dans la prise en charge de leurs enfants. Ceux-ci peuvent avoir été signalés par une information préoccupante ou avoir eux-mêmes sollicité la mesure. « L’AED est une prestation administrative et nous n’intervenons qu’avec l’accord des familles, dans le cadre d’un projet personnalisé de l’enfant qui définit des objectifs », souligne Nayla Charles-Félicité. Le suivi dure entre 3 mois et 12 mois, plus si les situations le nécessitent. Lors de sa séparation avec le père de son enfant, MadameC. s’était vu proposer une action éducative à domicile (AED). « J’ai eu peur des mots "aide sociale à l’enfance" donc je ne l’ai pas fait. » Il y a un an, débordée par son rôle de mère célibataire d’un pré-adolescent rencontrant plusieurs problématiques, elle franchit le pas. « J’ai demandé l’intervention d’une éducatrice pour que mon fils de 12 ans puisse avoir un espace à lui pour discuter avec une professionnelle, et pour obtenir un soutien à la parentalité. Mon principal souci était de retrouver ma place de femme parce que j’étais une mère à temps plein. » L’éducatrice rencontre chacun d’eux toutes les trois semaines. « Elle a respecté nos besoins, notre rythme, nos personnes, et nous a permis d’avancer et d’avoir une vie plus sereine. Je conseille à toute personne ayant besoin d’une aide de faire appel à l’aide sociale à l’enfance, parce que ça soulage vraiment. » Grâce à l’éducatrice, nous avons retrouvé la paix. DR |