08 09 LE GRAND FORMAT MARILYNE PERRAULT ET ISABELLE GANCEL : « Ça nous permet d’être en contact avec les gens. » « Produits du terroir, saveurs de Puisaye ». Derrière l’avenante devanture de l’épicerie voisine de l’église de Saint-Privé, des petites mains s’affairent… « Le matin, on ouvre le magasin, on met les fruits et légumes, on vérifie les dates, on colle les étiquettes… » énumère dans un sourire Marilyne Perrault. Et puis elle sert les premiers clients et passe derrière la caisse. Marilyne Perrault, comme sa collègue Isabelle Gancel de l’épicerie de Mézilles, est salariée de l’ESAT (Établissement et service d’aide par le travail) EPNAK de Mézilles, propriétaire des deux fonds de commerce. Toutes deux sont tellement heureuses de tenir « leur boutique » qu’elles y retourneraient durant leurs jours de repos ! Leur handicap, ici, elles lui font un pied de nez. Les clients de leur magasin également, heureux de trouver là un commerce de proximité délivrant en plus de Au fil de l’Yonne - novembre 2015 # 122 l’épicerie traditionnelle des produits locaux (fromages, laitages, légumes, fruits, viande…), pour certains bios. L’épicerie alimentation de Mézilles a ouvert la première ses portes en mars 2013, l’ancien propriétaire ayant décidé de céder son commerce. Ont suivi une boulangerie à Villiers- Saint-Benoît (avec tournée de pain dans 22 hameaux et lieux-dits) puis le commerce de Saint-Privé, en septembre 2014. Soit au total 6 personnes en situation de handicap employées. « Connaissant le commerce de Mézilles, je me suis dit pourquoi pas chez nous, raconte Jean-François Boisard, le maire de Saint-Privé. Nous avions des producteurs locaux qui cherchaient à mettre en vente leurs produits et besoin d’une épicerie dans la commune. Les commerces aident à maintenir les personnes âgées chez elles et rendent le village plus attractif. » L’EPNAK voulant s’assurer du bon accueil de sa population en situation de handicap, un sondage a préalablement été effectué auprès des habitants et une réunion publique a été organisée. Les louanges sont aujourd’hui unanimes : la population trouve les vendeuses « très aimables et disponibles » et les résidents secondaires parisiens apprécient de repartir avec leurs produits frais et locaux… « Ce travail me permet de ne pas rester chez moi à ne rien faire, d’avoir une paye et d’être en contact avec les gens, se réjouit Marilyne Perrault. Les personnes sont gentilles, elles nous disent qu’elles sont à la retraite et qu’elles ont tout le temps. Elles ne nous mettent pas la pression. » « Au début, je me cachais derrière les rayons et je ne voulais pas toucher à la caisse, se souvient Isabelle Gancel. Ce travail m’a donné confiance en moi et j’ai progressé. Je remercie notre directeur d’être à notre écoute. » Celui-ci, Kacem Ouatiki, se félicite : « L’EPNAK a fait preuve d’audace. Nous avions deux objectifs : permettre à nos ouvriers d’exercer un métier valorisant et rendre service à la population. En outre, nous exerçons une vigilance lors des tournées : il nous est déjà arrivé de signaler l’absence inhabituelle d’une cliente âgée. Nous espérons ainsi faire changer le regard porté à la population souffrant de handicap. » Un handicap, quel handicap ? L'EPNAK (Établissement public national Antoine Koenigswarter) compte une quinzaine de dispositifs, structures et services pour enfants et adultes dans le centre et le sud de l’Yonne (Auxerre, Mézilles, Saint-Fargeau, Augy, Vincelles, Avallon). Le Service d’adaptation et d’accueil de jour de Mézilles est financé par le Conseil départemental. Infos sur www.epnak.org Tél. : 03 86 45 47 31 |