L La nouvelle est tombée fin août : promise pour 2008, 2009, 2010… puis pour septembre 2011, la réforme de la prise en charge des personnes âgées dépendantes est de nouveau reportée. Pourtant le 8 février dernier, le Président de la République lui-même avait solennellement lancé un débat national sur la perte d’autonomie, en justifiant l’urgence de cette décision par un fait incontestable : « la démographie, elle, n’attendra pas ». Cette réforme était présentée comme la réforme phare de la fin de son quinquennat. 7 mois plus tard, c’est elle qui est la première sacrifiée sur l’autel de la crise. Cette décision est dramatique pour les familles, qui ont de plus en plus de mal à faire face au coût de la prise en charge de leurs aînés. Illustration en Haute-Vienne : le reste à charge pour personnes dépendantes en institution est d’environ 1 700 € par mois. Quand on sait que la retraite moyenne s’établit aux environs de 1000 € mensuels dans notre département, il n’est pas difficile de comprendre à quel point la situation devient insupportable pour nos concitoyens. On assiste d’ailleurs à un certain nombre de retours à domicile de personnes fortement dépendantes, faute, pour elles et leur famille, de pouvoir assumer les charges financières liées à leur hébergement en établissement. Cette décision est également dramatique pour la qualité de l’accueil dans les maisons de retraite, qui manquent cruellement de personnels. Elle est enfin dramatique pour les départements. Le Conseil général de la Haute-Vienne, dans son dernier budget, a consacré 58 M € à sa politique gérontologique et ne bénéficie plus aujourd’hui que de 27% de financement de l’État, qui ne cesse de se désengager. Pourtant, les moyens financiers nécessaires pour une réforme juste et responsable de la dépendance sont loin d’être hors de portée. Cela passe simplement par des choix budgétaires et fiscaux. A l’horizon 2025, les projections réalisées indiquent que 4 milliards d’euros seraient nécessaires pour assurer le financement d’une réforme indispensable, soit deux fois le montant concédé par le gouvernement cet été, aux contribuables les plus riches, par la baisse d’imposition au titre de l’ISF. Assurer un système de prise en charge juste et équitable, qui bénéficiera aux 12 millions de personnes susceptibles de se trouver en situation de perte d’autonomie, est donc avant tout une question de priorité politique. Marie-Françoise PEROL-DUMONT Présidente du Conseil général Députée de la Haute-Vienne La réforme de la dépendance enterrée « Assurer un système de prise en charge des personnes en perte d’autonomie, qui soit juste et équitable, est avant tout une question de priorité politique la solidarité, un choix la solidarité, un choix la solidarité, un choix éditorial » HAUTE VieNNE, le magazine 3