6 Pourquoi manger local, ce n’est pas banal ? Manger local, c’est d’abord soutenir nos agriculteurs qui souhaitent diversifier leurs débouchés. Certes, la grande partie des solutions à leurs difficultés sont nationales et européennes mais je suis convaincu que nous pouvons agir localement. Car ces circuits de proximité répondent aussi aux attentes des consommateurs sur la qualité des produits. Au croisement d’enjeux économiques, sociaux et environnementaux, ce réseau local participe donc à la recherche de liens plus directs entre les agriculteurs et les consommateurs tout en valorisant nos produits du terroir. Et pouvons-nous agir en tant que consommateur ? Notre soirée dédiée aux produits locaux a lancé une mobilisation générale pour soutenir nos agriculteurs. Et cette mobilisation passe aussi par les familles et chaque consommateur : il me semble important, pour aider notre agriculture que chacun soit attentif à la provenance des produits qu’il consomme. En mangeant vendéen, nous participons tous à garder une agriculture debout ! Car il n’y aura pas d’avenir pour la Vendée sans l’agriculture. Gage de développement économique et de maintien d’activité sur nos territoires, ce « Manger local » doit nous aider à maintenir nos différentes filières agricoles ! Dossier Manger local Ce n’est pas banal ! Pour que manger local devienne incontournable, le Conseil départemental, la Chambre d’Agriculture et l’Association des Maires et Présidents de Communautés de Vendée ont créé il y a quelques mois le réseau « Manger local, ce n’est pas banal ». Objectif : faire la promotion des produits agricoles de proximité au sein des services de restauration collective (enseignement, santé et social, monde professionnel...). Explications. En Vendée, 125 000 repas sont servis chaque jour dans 1 220 établissements. Une précieuse source de débouchés pour les exploitants agricoles locaux. Pourtant le « Manger local » n’est pas encore une évidence. Pour faire profiter au plus grand nombre des produits vendéens et soutenir une filière aujourd’hui confrontée à une profonde crise, le Département se mobilise. Aux côtés de la Chambre d’agriculture et de l’Association des Maires et Présidents de Communautés de Vendée, le Conseil départemental fait de l’approvisionnement en produits locaux dans la restauration collective une priorité. C’est pour cela Yves Auvinet, Président du Conseil départemental Point de vue « Manger local, c’est garder une agriculture debout ! » que le réseau « Manger local, ce n’est pas banal » a été créé fin 2014. « Des actions pour inciter les professionnels à s’approvisionner auprès du réseau local sont mises en place », précise Joël Limouzin, Joël Limouzin, président de la Chambre d’agriculture, Isabelle Annonier, membre du réseau local et Yves Auvinet, président du Conseil départemental. DU CÔTÉ DES CUISINES : 60% des aliments produits à proximité « Mmmm, comme ce hachis est bon ! » « Normal, la viande vient de l’élevage de mon oncle ! » Désormais, dans la cantine scolaire du Poiré-sur-Vie, non seulement 60% des produits sont issus de producteurs locaux mais, en plus, les consommateurs savent exactement de quelle exploitation ils proviennent. Dans un cercle de 40 kilomètres L’aventure a commencé il y a sept ans quand la mairie a embauché le chef cuisinier Stéphane Avenard. « J’ai été recruté dans cet objectif de développer l’approvisionnement local ». Pari réussi puisque aujourd’hui, 60% des produits cuisinés viennent d’exploitations situées dans un cercle de 40 kilomètres. À ce chiffre, il faut ajouter 28% du volume des produits issus d’exploitations biologiques et vendéennes. « Lorsque nous ne pouvons nous approvisionner chez des producteurs bio des alentours, nous allons chercher les mêmes produits chez des producteurs conventionnels et raisonnés locaux, précise le chef cuisinier. Il ne serait pas cohérent de faire du bio et d’aller chercher des fraises à des centaines de kilomètres de chez nous ». Goûter dix fois avant d’apprécier Pourtant, rien n’est gagné d’avance. « Quand je suis arrivé, les élèves ne connaissaient que le poisson surgelé et pané. Il a fallu plus d’un an avant qu’ils s’habituent au poisson frais. Nous avons dû le cuire de plusieurs manières, le marier à des sauces différentes. Après avoir jeté beaucoup de restes, ils ont fini par apprécier ce met. Aujourd’hui, nous avons très peu de déchets. Il a fallu beaucoup de persévérance. Il est dit que pour assimiler et apprécier un nouveau plat, il faut l’avoir goûté une dizaine de fois ». Et c’est l’ensemble des professionnels de la restauration collective (de la cuisine au service) qui est ainsi valorisé. En effet, de la cuisine à la présentation, tout le personnel est impliqué dans l’éducation gustative des enfants. président de la Chambre d’Agriculture de la Vendée. « Ces actions s’articulent autour de trois priorités : analyser, sensibiliser et mobiliser », explique Laurent Favreau, en charge des questions agricoles au Département. Pour « analyser » la situation actuelle, un observatoire de la restauration dans les collèges est d’ores et déjà en place. Il permettra de réaliser un état des lieux. Concernant le volet sensibilisation, des rencontres avec les gestionnaires ou chefs d’établissement ont commencé à être organisées. Enfin, pour mobiliser les acteurs de la restauration collective, des initiatives sont en cours comme la mise en place MANGER LOCAL, C’EST POSSIBLE ET ÇA SE FAIT ! Est-ce avantageux d’acheter des poulets dodus peu chers qui fondent à la cuisson ? Ou vautil mieux acheter des poulets un peu plus chers mais qui restent charnus après la cuisson ? « La première approche du prix le moins cher n’est pas toujours la bonne pour faire de véritables économies, rappelle Christine Couteau, gestionnaire du collège du Poiré-sur-Vie. C’est évident que nous avons des budgets contraints mais nous devons avoir pour priorité la qualité nutritionnelle des aliments. Enfin, travailler de groupements de commande, la création d’un label « ici, on mange local » ou la formation juridique des élus concernant les marchés publics. Le grand public est aussi incité à consommer local à travers le lancement du site mangerlocal.vendee.fr qui permet d’avoir accès à une carte des producteurs vendéens. « Manger local, ce n’est pas banal, mais doit maintenant devenir normal », conclut Anne-Marie Coulon, présidente du réseau local. ut L’agriculture vendéenne en chiffres : 5 251 exploitations 8 449 chefs d’exploitation 507 750 ha exploités (70% de la surface du département) DU CÔTÉ DES GESTIONNAIRES : La qualité nutritionnelle avant le prix avec des producteurs locaux, c’est aussi limiter notre empreinte carbone. Pour gagner du temps dans nos cuisines, nous avons choisi de travailler avec la plateforme Aria 85, qui prépare les matières premières bio locales que nous utilisons. Cela a permis de libérer du temps dans les cuisines. Ce temps est consacré à la présentation des plats. Les oranges, par exemple sont beaucoup plus mangées lorsqu’elles sont pelées et coupées en quartiers... » Ces soins apportés à la présentation ont permis une augmentation de la consommation des fruits et des légumes et une diminution des déchets. Vendée/le journal de novembre 2015 |