patrimoine Au service des hommes et des marchandises Les ponts et viaducs du TarnLes ponts que l’on emprunte pour enjamber les vallées et passer les cours d’eau sont souvent évoqués discrètement alors qu’ils sont l’empreinte d’une époque, mieux, un ouvrage emblématique d’une société. Majestueux édifices, ils s’inscrivent dans le paysage et en deviennent un élément constitutif à part entière. Le pont revêt au Moyen Âge une fonction de défense, il est aussi le lieu convoité des différentes autorités pour le prélèvement des taxes, mais, il est avant tout lieu de circulation et d’échanges, des hommes et des marchandises. Révélateur d’une certaine prospérité économique, il en devient aussi un symbole. Construit au xi e siècle, le Pont Vieux d’Albi devient l’édifice emblématique d’une cité florissante. En pierre et long de 151m, il se compose de neuf piles reliées entre elles par des arcs brisés, pourvues d’avant-bec en éperon. Il était fermé par une porte fortifiée, une chapelle y était élevée et des maisons ont été construites plus tard sur les piles. Reliant le faubourg et l’hôpital à la Cité, il a détenu le monopole de la circulation ultra pontem pendant longtemps et resta le seul pont de la ville jusqu’au xix e siècle. Il perd sa fonction de défense pour le développement du commerce et, dans tous les centres urbains importants, les boutiques y prennent place. De moindre envergure, les ponts d’agglomérations plus modestes, comme celui de Brassac, dans les monts de Lacaune, se caractérisent par le fameux tracé en dos d’âne. Pont de montagne, il est construit en pierre de schiste prélevée localement. Plus austère, il enjambe l’Agout de ses deux grands arcs brisés qui rejoignent les piles à avant-bec. Le pont de Monestiés, à 20 km au nord d’Albi, est aussi élevé au Moyen Âge. Il traverse le Cérou de ses trois grands arcs brisés et les piles pourvues d’éperons protègent l’ouvrage des caprices du cours d’eau. Des ponts qui défient la loi de l’équilibre La structuration des ouvrages se modifie au xvi e siècle et les nombreux arcs font place à un ensemble plus réduit mais dont chacun a une portée plus importante. Ils suivent alors un tracé différent, celui du plein cintre ou de l’arc surbaissé. Ces ponts construits dans une logique moderne, liée aux grands axes de circulation qui raccordent les principales villes entre elles, font autorité. Portés par de grands arcs en plein cintre ou surbaissés, ils défient la loi de l’équilibre et imposent la notion de solidité. L’audace a été poussée à son extrême Pont sur l’Agout à Brassac. 22/atoutstarnn°93 |