page14 Apprendre et comprendre L'éducation populaire à pied d’œuvre La mondialisation des échanges, des flux de biens, de personnes et d'informations, complique bien souvent la lecture du monde qui nous entoure. Comment agir pour le transformer, sans en saisir toutes les subtilités ? En partant de ce constat, l'éducation populaire, ou l'apprentissage pendant son temps libre, prend tout son sens. Quand sciences riment avec plaisir Avec le programme Terre de Sciences, l'accès à la connaissance devient ludique. Caroline Flament travaille depuis 2012 à la proposition d'un programme riche et accessible, qui permet de rassembler toutes les disciplines, tous les publics, toutes les initiatives locales et tous les territoires, sous un même pavillon. Présentations. Quelle est la vocation de Terre de Sciences (TDS) ? Il s'agit d'événements gratuits qui permettent à tout un chacun de recueillir la matière souhaitée pour se créer son opinion, autour d'une définition très large des sciences (ndlr : sciences humaines, sciences physiques, sciences de la vie...). À l'origine, il s'agissait d'apporter des connaissances citoyennes (l'art de réfléchir sur la politique par exemple) dans l'optique de susciter plus de participation. L'éducation populaire, qu'est-ce que c'est ? Impossible de se limiter à une seule définition tant les acteurs sont nombreux à s'être appropriés le concept. L'éducation populaire recouvre l'idée d'un apprentissage qui s'effectue en dehors des structures traditionnelles d'enseignement. C'est l'éducation de chacun par chacun qui reconnaît la volonté et la capacité de progresser, à tous les âges de la vie. C'est aussi l'accès au savoir dans son sens large, intégrant la culture dite populaire (culture ouvrière, des paysans, de la banlieue, etc.) et s'intéressant aussi bien aux arts, qu'aux sciences, à la philosophie, à la politique... Véritable courant de pensée, elle est souvent considérée comme un moyen d'améliorer le système social, favorisant la participation citoyenne. Depuis le XVIII e siècle, l'éducation populaire a ainsi traversé de nombreux mouvements : le christianisme social, les mouvements laïques, comme la Ligue de l'enseignement, en passant par le mouvement ouvrier, où elle est perçue comme un vecteur de développement social communautaire, permettant à chacun de s'épanouir et par là-même de trouver une place dans la société. Comment le programme a-t-il évolué au fil des années ? En 2009, le projet de départ s'articulait autour de l'événementiel proposé par l'espace Mendès-France de Poitiers, dédié aux sciences. À partir de 2010, le Conseil général a proposé lui-même des thèmes et des intervenants en lien avec le développement durable et l'alimentation. En 2012, le visuel a changé, tout comme l'orientation générale du dispositif. Nous avons souhaité lier la programmation aux différentes compétences du Conseil général, mais aussi à un événementiel local, en variant les lieux d'accueil des événements. Tout cela a permis d'être plus pertinent sur les thèmes proposés et les intervenants choisis, tout en restant très accessible. Comment sélectionnez-vous les thèmes abordés ? La programmation doit toujours se rapporter aux 5 grands défis qui guident la politique départementale. Ces défis sont : la crise financière et la mondialisation des échanges, la marchandisation du vivant liée à l'évolution des rapports entre sciences et technologies, le rapport au savoir, à la connaissance et à la culture, l’urgence écologique et le délitement du contrat républicain. Il s'agit de donner à comprendre des défis auxquels notre monde est confronté pour donner des pistes d'actions. Cependant, il nous arrive d'ouvrir à des sujets plus spécifiques, afin de toucher des publics professionnels, également demandeurs. Ainsi, une conférence sur les routes est en projet. Sur ce type de sujet, le défi est de séduire à la fois le grand public et des professionnels, dont les missions et les attentes sont parfois très hétérogènes. Pour ce faire, nous pourrions découper l’événement en deux temps forts : une après-midi dédiée aux professionnels, et une soirée dédiée au grand public. Comment faire en sorte que des thématiques très spécifiques puissent justement intéresser le grand public ? Nous travaillons de manière transversale avec les différents services du Conseil général. Cette participation me semble essentielle car je ne peux pas évaluer toute seule la portée et l'intérêt d'une thématique spécialisée. Ainsi, un thème comme les mécanismes cognitifs de la mémoire, a priori moins « facile » qu'un thème sur le développement durable, a pu être traité, avec le concours du Pôle des solidarités du Conseil général. Cela nous a permis de toucher de nouveaux publics comme les personnes âgées, leurs accompagnants ou aidants et les professions médico-sociales. Comment les partenaires sont-ils inclus dans TDS ? Nos partenaires sont intéressés par la visibilité offerte au sein du programme TDS. En revanche, si c'est un événement co-organisé avec le Conseil général, nous finançons une partie des frais d'organisation et de la communication de l’événement (affiches abribus, brochures...). Soit nous proposons nous-mêmes les thèmes et les intervenants, soit nous accompagnons des initiatives pré-existantes. Quel est le retour du public sur ces événements ? De manière générale, il est très positif. Le fait de co-organiser les conférences, tables-rondes ou projections-débats avec les associations et d'autres collectivités locales a porté ses fruits partout, même lorsque les événements étaient organisés en dehors de Niort. Nous sommes parvenus à attirer des Deux-Sévriens de villes limitrophes, ce qui prouve que les personnes intéressées par une conférence sont prêtes à faire le déplacement ! Et pour tous ceux qui ont manqué un événement, il faut savoir que la plupart des conférences sont filmées. Les vidéos sont mises en ligne sur le site Internet du Conseil général depuis 2012, en cliquant sur l'onglet « vidéothèque ». Des projets à venir ? Nous souhaiterions proposer des conférences en lien avec les thèses que nous subventionnons, réalisées dans l'enceinte du CNRS. Il s'agirait de les contextualiser, en les insérant par exemple dans le cadre des Assises Agri-Futur, organisées par le Conseil général. Les idées ne manquent pas ! ◆ Caroline Flament, chargée de mission "Accès à la connaissance" et de la programmation Terre de Sciences Terre de Sciences : saisir les enjeux d'un monde qui bouge Le concept : Un calendrier de plusieurs dizaines de manifestations gratuites à caractère scientifique, programmées par semestre. Des expositions, des conférences, des sorties, des animations développées partout en Deux-Sèvres et menées par des partenaires publics et privés. L'objectif : Le partage de la connaissance au plus grand nombre. Permettre à chacun d’avoir accès à la culture scientifique. Donner l’opportunité de s’approprier une problématique sous des approches différentes et par des supports variés. En somme, donner à voir une conception nouvelle du savoir, davantage tournée vers l'humain. Les thèmes : Laïcité, logiciels libres, histoires et cultures latino-américaines, compostage, horticulture, architecture locale... Autant de thèmes que de défis à relever ! En effet, la programmation de conférences contribue à mieux appréhender cinq grandes problématiques actuelles, qui guident la politique locale ; la crise financière et la mondialisation des échanges ; la marchandisation du vivant liée à l'évolution de notre rapport aux technologies ; l'accès au savoir, à la connaissance et à la culture ; l’urgence écologique et le délitement du contrat républicain. Consultez le programme pages 16 et 17 ou sur www.deux-sevres.com Conseil général des Deux-Sèvres Le JOURNAL I février - mars 2013 I n°23 |