Haute-Saône Magazine | HIVER 2010 16 Orientations budgétaires 2011 Un contexte financier incertain Depuis quelques années et plusieurs lois nationales, les Conseils généraux deviennent les véritables garants des solidarités sociales qui s‘expriment au niveau local. Le Conseil général de la Haute-Saône assure ainsi la mise en œuvre et le paiement de trois allocations à destination des personnes les plus fragiles : l’ADPA, le RMI/RSA et la PCH. Ces allocations sont essentielles et permettent à de nombreuses familles haut-saônoises de vivre dignement et de faire face aux difficultés. Leur rôle et leur bien-fondé ne sont pas remis en cause, bien au contraire, elles sont le ciment de notre société, comme le montre le témoignage de plusieurs bénéficiaires. C’est bien leur financement qui pose problème aux Conseils généraux pour deux raisons : • Le niveau de compensation des dépenses réelles : les recettes perçues par le Département ne couvrent pas les dépenses et le « découvert » va en empirant. La non-compensation des trois allocations représente 19 Millions d’euros. « Ma femme et moi sommes bénéficiaires de l’ADPA à domicile. J’en ai fait la demande suite à l’hospitalisation de longue durée de mon épouse en début d’année. Après plusieurs opérations, ma vue a baissé et je suis devenu malvoyant à 80%. Grâce à l’ADPA, j’ai une aide ménagère qui vient pour nettoyer et pour laver le linge. Sans elle, je n’aurais pas pu rester chez moi tout seul. Et encore aujourd’hui, nous ne pourrions pas nous occuper de la maison ou préparer les repas. Ma femme a subi plusieurs opérations suite à plusieurs cancers. Elle bénéficie depuis 2009, d’une aide directe à la personne, tous les matins elle est aidée pour sa toilette et son habillage. Pour les mois à venir, elle aura 26 heures d’aide à domicile et moi 18 heures.• Les frais annexes permettant la mise en œuvre de ces 3 allocations : ils occasionnent des frais très importants (environ 1 200 000 € par an) non pris en compte dans les recettes versées par l’Etat (frais de dossiers, personnel….) Cette situation est d’autant plus injuste que les montants et les règles de compensation sont fixés au niveau national, mais que les mécanismes de solidarité entre départements « riches » et « pauvres » sont très insuffisants. Cela veut dire que la Haute- Saône, qui subit encore plus que d’autres territoires le vieillissement de sa population et la crise économique du fait de son profil industriel, est particulièrement exposée. Si l’on ajoute à cela l’inflation, les capacités financières du Conseil général, comme pour un ménage haut-saônois qui bâtit son budget mensuel, sont fortement impactées par ce que les économistes appellent « l’effet ciseau », à savoir des dépenses qui montent et des recettes qui stagnent ou baissent. Recettes qui augmentent moins vite que l’inflation, car de plus en plus dépendantes des décisions de l’Etat. L’ADPA, UNE AIDE PRÉCIEUSE POUR RESTER CHEZ SOI Monique et Bernard REGNIER 74 et 75 ans habitant à Vaivre-et-Montoille « Je dis, pour rire, que « Sans l’APA, on n’a pas », mais c’est la réalité. » Je suis reconnaissant envers la commission d’attribution de nous avoir accordé davantage d’heures. Une fois le dossier rempli dans lequel il faut indiquer ses ressources et après la visite d’une assistante sociale du Conseil général, l’aide a été mise en place très rapidement. L’assistance au repas apportée par la FASSAD et l’aide à domicile par l’ADMR sont payées à 80% par le Conseil général, le reste je le paie de ma poche. Je dis, pour rire, que « Sans l’APA, on n’a pas », mais c’est la réalité. Je pense que nous ne sommes pas assez informés sur l’existence de cette aide. Il faut que les gens sachent qu’elle est là et qu’elle est précieuse quand on devient dépendant et que l’on veut rester à deux chez soi. » |