[68] Haut-Rhin magazine n°9 juin 2006
[68] Haut-Rhin magazine n°9 juin 2006
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°9 de juin 2006

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Conseil Général du Haut-Rhin

  • Format : (230 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 4,8 Mo

  • Dans ce numéro : habitat, une nouvelle compétence du Conseil général.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
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Promouvoir un développement économique durable. Encourager des modes de production et de consommation qui respectent tant l’environnement humain que naturel et qui n’hypothèquent pas l’avenir des générations futures. Autant d’ambitions fortes pour notre département qui ont incité le Conseil Général à apporter son soutien actif à la promotion et au développement de l’agriculture biologique. 34 C’est bon, c’est bio 56% des Français se disent proches des valeurs défendues par l’agriculture biologique. Et pourtant, les produits bio ne concernent que 1,3% des ventes. Enquête sur un mode de production qui séduit mais qui ne remplit pas les caddies. haut-rhin Pascal Herrscher Portrait L’agriculture bio, Dany Schmitt l’a reçue en héritage. Un père arboriculteur, qui dès 1965, fait le choix d’un mode de production plus respectueux de l’environnement et de la santé humaine après avoir connu de très sévères ennuis de santé suite à un traitement chimique. Et Dany de se souvenir des moqueries que subissait son père de la part de ses collègues, de sa longue traversée du désert,de l’étiquette d’anti-progressiste qu’on lui collait,des longues périodes de tâtonnement,des multiples échecs,parce que ce mode de production en était alors à ses balbutiements et que la profession manquait totalement de références techniques. A force d’obstination,le père a réussi. Son fils a repris l’exploitation, l’a agrandie, a considérablement diversifié les productions, une soixantaine au total (céréales, soja, pois, fèves, porc, légumes…). Aujourd’hui,la ferme nourrit deux familles, emploie 7 salariés à temps plein,3 à temps partiel et 2 à 10 saisonniers. Des chiffres qui à eux seuls prouvent que l’agriculture bio est viable sur le plan économique mais surtout qu’elle peut jouer un rôle social considérable. Depuis quelques années, Dany Schmitt est le Président de l’Organisation Professionnelle de l’Agriculture Biologique en Alsace (OPABA) qui regroupe près de 80% des producteurs alsaciens, soit 240 membres. Nous l’avons rencontré à ce titre.Car Dany Schmitt ne se contente pas de responsabilités dans le seul secteur de l’agriculture bio. Secrétaire de l’association des producteurs de légumes,il a ainsi voulu affirmer sa volonté de dialogue et d’échanges avec l’agriculture conventionnelle. « Nous avons été trop longtemps marginalisés. Or même si nos méthodes de production sont différentes, nous faisons pleinement partie de la grande famille agricole ». Que cela se sache ! « Nous sommes des agriculteurs à part entière »
Interview « L’agriculture bio, c’est tout un projet de société » Dany Schmitt,quelle définition pourraiton donner de l’agriculture bio ? C’est un mode de production qui met en œuvre des pratiques culturales et d’élevage soucieuses du respect des équilibres naturels.L’agriculture bio exclut ainsi l’usage des produits chimiques de synthèse, des OGM, et cherche à être le plus autonome possible. Notre exploitation,par exemple, chauffe la quasi-totalité de ses serres avec des rafles de maïs et des copeaux de bois. Il y a derrière l’agriculture bio un vrai projet de société. C’est une nouvelle convivialité, un nouveau bien-être que ce mode de production se propose de reconquérir, par la création d’activités et d’emplois, la préservation des plus essentielles de nos ressources,l’air,l’eau,les sols. La pratique de la vente directe permet aux producteurs et aux consommateurs de se rencontrer et d’échanger. L’agriculture bio a dû tout réinventer Rendez-vous Biobernai 2006, le salon de l’agriculture biologique alsacienne Une manifestation soutenue par le Conseil Général du Haut-Rhin, qui permettra aux visiteurs d’aller à la rencontre de 150 producteurs et de découvrir la dynamique de l’agriculture biologique d’Alsace et d’ailleurs. 15, 16 et 17 septembre 2006 à Obernai. On reproche souvent à l’agriculture bio de ne pas être performante, d’être très approximative dans sa démarche et de ne pas pouvoir nourrir la planète. C’était en partie vrai,mais cela ne l’est plus. L’agriculture bio a dû tout réinventer,constituer la totalité de ses références techniques. Aujourd’hui, elle est à l’extrême opposé de l’image d’une « agriculture de grand-père » que certains aimeraient encore lui coller. Bien plus qu’en agriculture conventionnelle,notre réussite dépend de la parfaite maîtrise technique de nos méthodes culturales. Lorsqu’un ravageur fait massivement son apparition en agriculture biologique, il est déjà trop tard pour réagir, alors qu’en culture traditionnelle, l’exploitant a les moyens de lutter efficacement par l’épandage d’un pesticide. J’ai toujours été étonné de constater combien certains de mes collègues agriculture connaissaient mal la faune et la flore qu’ils combattaient.Très sincèrement,je crois que l’agriculture bio se situe au cœur de la modernité agronomique actuelle. Quant aux reproches que certains nous font de ne pas être suffisamment productifs, je répondrai que certes nos rendements sont légèrement inférieurs à ceux réalisés par l’agriculture conventionnelle, mais que cette dernière est aujourd’hui arrivée au taquet de ses possibilités et qu’elle a grandement hypothéqué l’avenir en contribuant à la destruction de son patrimoine. Il est aussi reproché aux produits bio d’être plus chers.Vous n’utilisez ni produits phytosanitaires,ni engrais,deux intrants onéreux, vos coûts de production devraient logiquement être moins élevés. Certaines productions sont effectivement un peu plus chères pour le consommateur, mais d’autres non. Parce que nos rendements sont un peu plus faibles, je l’ai dit, mais surtout parce que nos frais de mécanisation et de main-d’œuvre sont infiniment plus élevés qu’en agriculture traditionnelle. De nombreux consommateurs, du fait de leurs revenus, n’ont malheureusement pas accès à des produits alimentaires de qualité. Il nous faut d’urgence réapprendre à faire des choix. Pour notre bien-être personnel mais aussi pour celui de l’ensemble de la société. Quelles garanties offrez-vous aux consommateurs quant à la qualité des produits qu’ils achètent ? L’agriculture bio repose certes sur une démarche volontaire mais qui est basée sur un cahier des charges extrêmement rigoureux. Le respect des règles de production est contrôlé par des organismes certificateurs indépendants. Mais alors pourquoi les produits bio ne remplissent pas davantage nos paniers ? Il nous reste à faire un très grand travail d’information et d’éducation du consommateur.Même nos clients les plus convaincus des mérites de la démarche bio ont parfois des réactions déconcertantes. Souvent ils ne connaissent pas les produits de saison. Ainsi la demande la plus forte pour certains légumes comme la courgette se situe en… janvier ! haut-rhin 35



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