28 HISTOIRE (S) Du 26 février au 2 mars 1848, la commune de Durmenach est le théâtre d’évènements antijuifs d’une ampleur considérable. Aujourd’hui, la petite cité du Sundgau veut faire mémoire. Durmenach Le Judenrumpel Par décret du 27 septembre 1791, l’Assemblée constituante reconnaît aux Juifs les mêmes droits qu’aux autres citoyens. Une reconnaissance et un passeport pour l’émancipation qui n’aura, loin s’en faut pas, que des effets positifs. Car l’antisémitisme est un fait structurel tant dans les campagnes qu’en ville. L’Alsace n’y échappe pas. Toutes les catégories sociales : bourgeois, artisans, commerçants, paysans… sont touchées. Il se manifeste également en profondeur parmi les classes dirigeantes, dans les sphères administratives, politiques, et judiciaires. 72 maisons plus ou moins gravement endommagées. 8 habitations proches de la destruction complète. Un préjudice matériel estimé à 50 726 francs, soit 250 années de salaires d’un ouvrier qualifié de l’époque. La liberté offerte aux Juifs « d’abandonner leurs baluchons de colporteurs pour des métiers sédentaires jusque-là réservés aux seuls chrétiens » ne fait que renforcer méfiance, jalousie et préjugés à leur encontre. Pendant de longues décennies encore, les Juifs d’Alsace resteront des citoyens de seconde zone. Et il en faudra peu pour de nouveau en faire des parias. Ces conditions seront réunies au début de l’année 1848. Depuis 3 années, la France connaît une crise économique sévère. Plusieurs étés frais et humides ont entraîné de piètres récoltes. Le prix des denrées alimentaires s’envole. L’argent et la nourriture en viennent à manquer. L’industrie, à son tour, se met à tourner au ralenti et le chômage s’étend. La colère du peuple est amplifiée par la corruption de la classe dirigeante et le 22 février 1848 débute la deuxième révolution française entraînant l’abdication du roi Louis-Philippe. Une fois de plus, les Juifs, jugés responsables de tous les malheurs, redeviennent les éternels « boucs émissaires ». |