8 LE DÉBAT POUR Christian Durr, Président de l’association « Porte du Ried Nature », anciennement APPECVH (Association Pour la Protection de l’Environnement et du Cadre de Vie à Holtzwihr) Pour lutter contre la pollution atmosphérique et les routes encombrées en Alsace, l’idée d’une écotaxe sur les poids lourds revient régulièrement sur le devant de la scène avec l’idée qu’elle réduira le trafic sur nos routes. Elle est défendue par les élus et les associations environnementales mais combattue par les transporteurs routiers de marchandises régionaux. FAUT-IL INSTAURER gradation de l’A35 obligeant à sa réfection par tronçons depuis plusieurs années. La pollution et l’entretien des routes ont une incidence financière forte et les transporteurs de marchandises ne contribuent pas à ces « coûts externes », largement supportés par les particuliers à travers des taxes sur le carburant auxquelles les professionnels ne sont pas soumis. C’est à ce titre que je préfère parler d’une « éco-redevance » qui permet- N’ayons pas peur des mots : le retrait de la taxe poids lourds par Ségolène Royal est un véritable échec pour l’environnement mais aussi pour l’équité fiscale entre les transporteurs routiers et les particuliers. Aujourd’hui, la mise en place d’une « redevance d’usage » – je trouve ce nom plus approprié que l’écotaxe – est devenue une urgence tant il est infernal de rouler en Alsace, en particulier sur l’axe Nord-Sud. J’en veux pour preuve cet accident début octobre, heureusement sans gravité, qui a impliqué quatre poids lourds étrangers et nécessité la fermeture de l’autoroute pendant 10 heures. C’est symptomatique de la situation. Sur le plan environnemental, il est établi que la plaine d’Alsace subit une grave pollution aux particules fines et à l’ozone qui découle directement de ce trafic routier très dense que l’on doit au report du trafic allemand depuis la mise en place de la LKW Maut : taxer permettrait de réguler. Elle s’impose aussi sur le plan économique car c’est ce même trafic qui a une incidence sur la détrait de répercuter partiellement ces coûts. Le cadre légal existe pour la mettre en place. Il faudra toutefois veiller à ne pas mettre tous les transporteurs dans le même panier. Je pense notamment aux régionaux, ceux qui font le « dernier kilomètre » pour livrer les marchandises dans les magasins et qui contribuent à faire tourner l’économie locale. On peut mettre cette taxe en place intelligemment, par exemple en épargnant les camions de moins de douze tonnes, en se basant sur le nombre d’essieux ou en regardant le niveau d’émissions polluantes de chaque véhicule. Une chose est sûre, on ne tuera pas de transporteur routier avec cette taxe et la question de la répercussion au client est une fausse excuse que tout le monde soulève à chaque fois : le marché finit par se réguler. En tout état de cause, on est aujourd’hui face à un choix politique fort qui est aussi un choix de société essentiel pour l’avenir. |