26 INTERVIEW 43% des Alsaciens déclarent savoir parler l’alsacien. Mais pour 90% des Alsaciens, sa disparition serait une perte d’identité*. * enquête OLCA/EDinstitut de 2012 Gérard Leser, historienfolkloriste Collecte de contes, légendes, comptines, proverbes et récits de vie lui ont donné matière à de nombreux ouvrages. Ainsi, se définit-il comme un passeur de culture vivante. Ce Mìnschtertäler, habitant de la vallée de Munster, haut-en-couleurs, au regard facétieux, qui découvrit le français à l’école primaire a fait sienne la phrase de Tomi Ungerer : « je n’ai pas de langue maternelle, j’ai simplement plusieurs langues fraternelles ». L’ALSACIEN S’ÌSCH PRIMA Et bien parlez, maintenant ! Malmené par l’histoire, l’alsacien, s’est fait snober par le français après la 2 e guerre mondiale, incriminé comme facteur d’échec scolaire dans les années 70 et pour finir, qualifier de ringard. Aujourd’hui, grâce à ses nombreux défenseurs, les regards ont changé. Ses locuteurs en sont fiers et nombreux sont ceux qui l’écoutent avec envie… sans le comprendre. Est-il encore temps de redresser la barre ? Où en est aujourd’hui la pratique de l’alsacien ? Le Pays basque compte 51 000 locuteurs en langue régionale, la Bretagne 220 000, la Corse entre 80 000 et 130 000. L’alsacien, dans ses variantes franciques et alémaniques, est parlé, selon les sondages, par 600 000 personnes ; 750 000 si l’on compte la variante mosellane ! C’est donc la langue régionale de France la plus parlée de nos jours. Mais il est indéniable qu’elle s’effrite. Il y a moins de dialectophones parmi les jeunes générations même si cela est très variable, selon les milieux, selon les territoires. Il semblerait que l’alsacien soit davantage parlé dans le Bas-Rhin mais les Bas-Rhinois sont aussi plus nombreux. Vous donnez des cours d’alsacien. La moyenne d’âge des participants est assez jeune. Comment expliquez-vous cet attrait ? Il y a une volonté d’un certain nombre de jeunes de se réapproprier cette langue. Ils sentent qu’elle fait partie de leur patrimoine. Certains s’y mettent pour des raisons professionnelles : des soignants qui veulent enrichir leur contact avec les personnes âgées, des artisans qui souhaitent mieux s’intégrer parmi leurs pairs sur les chantiers... D’autres pour des raisons plus privées : se sentir plus intégré dans une famille dialectophone, notamment lors des fêtes familiales… d’autres encore par curiosité. Beaucoup de ces jeunes actifs, très pris par ailleurs, en restent malheureusement au |