Des hectares et des hectares de cultures uniformes ? Ou des champs ondoyants ponctués de prairies bucoliques ? Quel est votre rêve de campagne ? Les deux ? Hélas,notre région n’est pas celle des espaces infinis et quand il faut choisir,c’est souvent l’option la plus rentable, donc la plus uniforme, qui l’emporte. C’est la raison pour laquelle le Conseil Général du Haut-Rhin incite les agriculteurs à préserver une part de prairies.Et pour ce faire, soutient l’élevage. Mieux : en finançant un abattoir de proximité, il a choisi d’accompagner les éleveurs dans la filière viande en leur donnant la possibilité de valoriser eux-mêmes leurs produits par la vente directe ou dans le réseau local des boucheries et supermarchés. Miser sur la qualité Depuis la fermeture de l’abattoir de Colmar en 2001,les éleveurs du département n’ont d’autre choix que de transporter leurs bêtes vers Belfort,Strasbourg ou encore vers l’Allemagne… au prix d’un stress non sans impact sur la qualité de la viande. Localiser un abattoir entre Sundgau et montagnes,c’était faire le choix d’être au plus près des éleveurs souhaitant produire une viande de qualité et plutôt en petite quantité. En ce sens,la position du Conseil Général est claire. Pas question de concurrencer les grandes structures industrielles que sont les abattoirs du Bas-Rhin et du Territoire de Belfort. Celui de Cernay est adapté à la demande formulée par les éleveurs réunis pour l’occasion en association. Il est volontairement de petite capacité - environ 8% de celle de l’abattoir bas-rhinois. Découpe et frigos Outre l’étable et le hall d’abattage,la structure propose un atelier de découpe et des frigos de stockage. Deux services complémentaires pour répondre aux besoins de l’élevage de petite échelle ne disposant pas forcément de ce type d’équipements « à domicile ». Mais qui dit petit ne veut pas dire à la traîne ! L’abattoir est conçu pour être à la pointe des exigences sanitaires et des contrôles systématiques seront réalisés sur les bêtes. Le temps des rites Le rythme artisanal de l’abattage permettra également de prendre le temps de satisfaire les rites musulmans et israélites. Ainsi,les équipements ont été orientés très précisément vers la Mecque. Des parcs à bestiaux extérieurs pourront accueillir jusqu’à trois cents moutons les jours d’Aïd-el-Kébir et une surface vitrée permettra aux usagers de suivre les opérations. Le tout, encore une fois, dans le respect des normes sanitaires les plus strictes. Marie-Odile Kreidl-Haegy Un abattoir de service public Le coût total de l’abattoir départemental de Cernay est de 4 765 000 euros dont 213 000 euros pris en charge par la Région et 632 000 euros par l’Union Européenne. Il sera loué à une société privée qui en assurera l’exploitation. Son fonctionnement devra rester de l’ordre du service public,ainsi,être équilibré sans faire peser sur les éleveurs le coût de la construction. Engagés pour fournir 1 100 tonnes de viande à l’abattoir, les futurs usagers, regroupés en association,en sont d’ores et déjà partie prenante : c’est sur cet engagement en effet qu’a été calculée la capacité de la structure avec une marge de 20%, soit 1 375 tonnes par an. Ce dispositif départemental d’abattage est à ce jour le deuxième en France. action Le 30 juin dernier, le Président du Conseil Général Charles Buttner, accompagné de Michel Habig, Vice Président et Président de la Chambre d’Agriculture du Haut-Rhin, d’Adrien Zeller, Président du Conseil Régional d’Alsace et de Michel Sordi, Député-Maire de Cernay, ont découvert une stèle inaugurant les travaux de l’abattoir départemental de Cernay. L’équipement sera opérationnel pour l’été 2006. Une extension des frigos et de l’étable reste possible dans les années à venir pour faire passer la capacité de l’abattoir de 1 375 tonnes à 2 400 tonnes. haut-rhin 27