Pour ou contre l’uniforme à l’école La question était volontairement provocatrice. Elle a eu le mérite d’animer le débat lors de la table ronde organisée à ce sujet par Haut-Rhin Magazine cet été. « Ce n’est pas à nous de décider ! C’est une question éminemment politique qui ne pourra être réglée que par des textes de loi ! », a lancé d’emblée un participant, principal de collège. Mais l’objectif du magazine n’était pas de demander une réponse à dix personnes réunies de manière informelle. Il était simplement question de soulever le débat et, pourquoi pas, de susciter l’ouverture d’un dialogue dans les familles. Car l’essentiel n’était pas dans la question initiale mais dans toutes celles qui en ont découlées. Tenue correcte exigée « Il faudrait commencer par faire appliquer les règlements intérieurs qui exigent une tenue correcte de la part des collégiens ! ». L’intervention de ce participant,approuvée par les autres,incrimine les tenues trop légères de certaines collégiennes, les tee-shirts aux signes religieux ou nationalistes… et la malpropreté. « On touche à la question de l’éducation d’une frange de parents… » Tous se demandent en effet si c’est bien là le rôle des équipes éducatives que d’avoir à renvoyer un enfant chez lui pour se rhabiller correctement. L’un d’eux, à l’origine de la suppression de la blouse à l’institut de l’Assomption, tient à préciser qu’une des raisons qui avait motivé cette décision avait été, précisément, une question d’hygiène : « Les blouses étaient portées par certaines élèves du début à la fin de l’année scolaire sans être lavées une seule fois » … 32 haut-rhin Eviter la violence en gommant les différences sociales « La question n’est pas comment gommer artificiellement les différences sociales mais comment réduire véritablement la fracture sociale ? » A l’unanimité,ce n’est pas l’uniforme qui pourra y répondre. « D’autant plus qu’il représenterait un coût supplémentaire pour les familles », souligne un enseignant. « Je ne suis pas d’accord, répond un parent, nous devons de toute façon habiller nos enfants. L’uniforme serait sûrement moins cher que les marques qu’ils nous réclament ». Là-dessus,les deux parents s’accordent : « s’il devait y avoir un aspect positif au port de l’uniforme,ce serait bien celui de nous faciliter la tâche ! ». Un principal de collège recentre le débat sur la différence sociale : « savez-vous qu’il existe un fond social qui permet aux établissements d’allouer notamment une aide vestimentaire aux élèves les plus défavorisés ? ». La conclusion vient d’un enseignant : « à mon avis,il est plus utile de donner à un élève défavorisé la possibilité de s’acheter un anorak pour l’hiver que de lui faire porter un uniforme ». L’uniforme est porté à l’école dans de nombreux pays Une atteinte à la liberté « En récré,on repère tout de suite les bandes à leur tenue », explique le seul élève présent autour de la table. « C’est vrai, d’une certaine manière,ils sont tous déjà en uniforme ! » « Mais c’est un uniforme qu’ils se choisissent, celui de leur clan. Le problème c’est quand ce clan devient une mouvance sectaire, dans ce cas, l’uniforme… » « Pas sûr,ils trouveront toujours le moyen d’afficher leurs convictions par d’autres moyens : boucles, piercing, bagues et autres. » « Moi, reprend le plus jeune,je pense que beaucoup ne seraient pas contre un uniforme,à condition qu’il ne s’agisse pas d’un costume mais simplement d’un jeans et d’un tee-shirt de base, tous le même. » « Tu n’aurais pas l’impression qu’on toucherait à ta liberté ? » « Oh, il reste de quoi faire après l’école ». Les mêmes fournitures scolaires pour tous « Est-ce que pour atténuer les différences,les établissements ne pourraient pas commencer par procurer les mêmes fournitures scolaires à tous les élèves, quitte à présenter la facture aux parents. Financièrement,ces derniers s’y retrouveraient forcément ». Parole de mère de famille ! L’idée séduit l’assemblée. « Elle est généreuse,souligne un principal,le problème est que nous n’avons pas les moyens légaux d’effectuer ce type d’achats groupés ». « Cela pourrait être sous-traité par une société privée… »,suggère un parent. « Le temps passé à gérer ces commandes se répercuterait forcément sur le coût, pas sûr que les parents en sorte gagnants. » |