puy de dôme Panoramique des Dômes L’exploitation du train suspendue La rame, ici au centre de maintenance, n’a été que légèrement endommagée. Le Panoramique des Dômes est sorti de ses rails le dimanche 28 octobre, à hauteur de l’aiguillage du chemin des Muletiers. La rame n’avait aucun passager à bord. Même si ce déraillement a pu paraître spectaculaire et a nécessité des opérations de relevage délicates, il n’a causé que des dégâts matériels limités. Imputable à une erreur humaine, cet incident s’ajoute à un certain nombre d’autres dysfonctionnements constatés depuis la mise en service. Il a conduit le président du Conseil général, en accord avec le préfet, à demander à la société TC Dôme de suspendre provisoirement l’exploitation du train. Trois conditions à la reprise de l’exploitation ont ainsi été posées : • 1. qu’un diagnostic de sécurité soit réalisé par un expert indépendant de l’exploitant et du constructeur. Confié à une société suisse spécialisée dans les transports ferroviaires de montagne, ce diagnostic est en cours de réalisation ; • 2. que les prescriptions de cet audit au titre de la sécurité soient respectées et ensuite validées par les services de l’État (Service technique des remontées mécaniques et transports guidés) ; • 3. que toutes les garanties soient apportées par TC Dôme quant à une exploitation du train conforme au cahier des charges de la délégation de service public. Le recours, par l’exploitant, à l’assistance technique de professionnels ayant une longue expérience de la gestion de ce type d’équipement fait partie des exigences du Conseil général. Train à crémaillère « Avoir la culture du rail » Ancien directeur d’exploitation des lignes de chemin de fer de la compagnie du mont Blanc à Chamonix, Jean-Claude Burnet est le nouveau consultant extérieur de TC Dôme. Agé de 60 ans, il apporte plus de 38 ans d’expérience au sein des plus anciennes lignes de trains à crémaillère en montagne de France. Quelles sont les similitudes entre les lignes qu’exploite la Compagnie du mont Blanc et le Panoramique des Dômes ? Jean-Claude Burnet : La compagnie du mont Blanc exploite deux lignes de train à crémaillère : le Tramway du mont Blanc et le train du Montenver qui monte jusqu’à la mer de Glace. Tout comme le Panoramique des Dômes, ces trains peuvent transporter un grand flux de visiteurs (jusqu’à 500 000 par an) en altitude. Même si elle est moins haute que ses cousines des Alpes, la ligne du puy de Dôme a un fort dénivelé, et les conditions climatiques peuvent être contraignantes. Ce sont des éléments qui n’ont pas échappé à ses concepteurs. Dès 2008, ils se sont rapprochés de nous pour être conseillés sur les choix techniques à retenir lors de la construction de la future ligne, le choix de la crémaillère et du matériel roulant. Ils ont retenu les solutions que nous leurs avions préconisées. La société Stadler, dont le matériel équipe le Panoramique des Dômes, est le numéro un mondial des trains à crémaillère. Dans ce domaine, personne n’arrive réellement à les concurrencer, tant leur technologie et leur fiabilité sont abouties. Quelles sont les spécificités d’un train à crémaillère ? Jean-Claude Burnet : Il faut savoir qu’à la différence d’un train classique, ceux-ci relèvent de la réglementation des remontées mécaniques. Celle-ci est beaucoup plus contraignante que pour les autres moyens de transports, tant sur les choix techniques lors de la conception que sur les contrôles pendant l’exploitation. La voie d’un train à crémaillère est comparable à un câble porteur d’un téléphérique, elle doit être irréprochable. De ce côté-là, le Panoramique des Dômes est exemplaire. Pour travailler régulièrement avec mes collègues des lignes de train à crémaillère suisses, je peux vous dire que son homologation par les autorités ferroviaires helvétiques est tout sauf un pisaller ! Comment expliquez-vous les problèmes que rencontre le Panoramique des Dômes ? Jean-Claude Burnet : TC Dôme avait confié la conduite des trains à de grands professionnels des transports publics. Cependant, la plupart des incidents, qu’a connu le Panoramique des Dôme depuis le début de sa mise en service sont le fait d’erreurs humaines. Je crois qu’il faut inculquer aux conducteurs une véritable « culture du rail ». Même s’il roule beaucoup moins vite, un train à crémaillère demande au moins autant, sinon plus, d’attention qu’un TGV. Quand on évolue sur une pente à plus de 12%, il faut avoir une vigilance maximale. Le conducteur doit toujours avoir un œil sur le caténaire, un œil sur le rail et contrôler en permanence sa vitesse. Sur une ligne de montagne, il peut se passer quelque chose à chaque instant. Il faut à tout prix que les conducteurs soient conscients de la singularité de ce métier. 5