14 dossier S Dominique DUPILET Président du Département Toute une série de manifestations permettront de célébrer le centième anniversaire de la traversée de la Manche en avion par Louis Blériot. Comment le Département a-t-il travaillé sur ce programme ? Au-delà de la commémoration de la traversée de Blériot, ce sont surtout les liens qui nous unissent à nos voisins britanniques que nous voulons célébrer. Notre volonté a été de travailler sur trois grands moments. Le premier évoque nos relations passées avec l’Angleterre, une plongée dans l’histoire et le rappel de tous les épisodes qui nous ont rapprochés… ou divisés. Un deuxième moment, l’été prochain, commémorera la traversée de Blériot et invitera la population et les estivants à de grandes fêtes populaires. Un troisième temps enfin pour jeter les bases d’un rapprochement durable avec nos voisins du Kent, sur la base de grands projets de collaboration. Je veux parler par exemple d’un projet de navette entre le Kent et le Pas-de-Calais, de la création d’une association européenne des détroits et bien sûr, de la demande de classement du détroit du Pas-de-Calais auprès de l’UNESCO. Les festivités favoriseront et renforceront les liens entre le Pas-de-Calais et le Kent. Ces échanges franco-britanniques seront-ils utiles au moment des JO 2012 ? Est-ce que les JO sont une fin en soi ou est-ce que ces deux régions peuvent sortir gagnantes d’un rapprochement plus fort ? ur les traces de Blériot Cet engagement pour nous rapprocher de l’Angleterre est constant. Je vous rappelle que nous avons signé, il y a quelques années, un contrat de coopération avec le Kent. Nous menons avec les services du County Council, toute une série d’actions communes dont certaines bénéficient de fonds européens. Concernant les Jeux Olympiques de Londres et notre action pour nous positionner comme terre d’accueil des délégations et visiteurs étrangers, nous travaillons également en constante relation. Nous aidons aussi les collèges à organiser des déplacements linguistiques et bientôt s’ouvrira à Boulogne une section internationale qui accueillera des collégiens britanniques. Vous le voyez, les coopérations sont multiples. Cette année « 2009, franchissons le Pas… » est surtout destinée à faire prendre conscience à tous que nos voisins britanniques ont beaucoup à nous apporter. Et que nous avons, de nôtre côté, beaucoup à leur faire partager. Le centre culturel de l’entente cordiale qui s’ouvre prochainement au Château d’Hardelot est la meilleure illustration de cette volonté d’ouverture et de rencontre. Comment associez-vous les autres collectivités à la programmation de cette année ? D’abord en subventionnant les manifestations et initiatives qui nous sont présentées dans le cadre des appels à projets que nous avons lancés l’année dernière. Nous avons reçu plus de cinquante demandes de financement qui sont examinées dans le cadre d’un comité de pilotage spécialement constitué. Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec différentes collectivités, comme la Communauté d’Agglomération de Calais ou la commune de Sangatte, pour élaborer un programme de qualité. Je crois que nous avons tous à gagner à travailler ensemble. Quels sont les éléments phares du programme ? Bien sûr, le programme n’est pas bouclé totalement. Mais parmi les évènements les plus significatifs, on peut citer : l’exposition de Pat Andrea au Musée des Beaux-Arts de Calais d’avril à juillet, des balades en compagnie d’Eden 62 en avril, quelques concerts extraordinaires de Didier Lockwood et Mark O’Connor dans plusieurs communes du littoral, l’ouverture au grand public du centre culture de l’Entente Cordiale à la mi-juin, la reconstitution du vol de Blériot les 25 et 26 juillet… et surtout de nombreuses manifestations à travers tout le département qui feront l’objet d’un programme détaillé que nous présenterons à la presse et au grand public dès le mois prochain. Plus que de l’Entente, de l’amitié Au printemps, un siècle auparavant… Le 8 avril 1904, la France et la Grande-Bretagne signent les accords de l’Entente Cordiale, à Londres. Les deux pays enterrent ainsi leurs différends économiques et coloniaux, mais souhaitent surtout devenir amis. Amis mais pas encore alliés ! Les accords de Londres n’établissent pas d’alliance entre les deux puissances. Il ne s’agit que d’un traité d’amitié Pourtant, cela n’a pas empêché la Grande-Bretagne et la France de se soutenir mutuellement pour affronter les terribles épreuves que le vingtième siècle leur a infligées. Certes, en plus de cent ans, il y a eu des hauts et des bas dans les relations des deux voisins, mais jamais ils ne se sont fait défaut. Maintenir et intensifier nos rapports Aujourd’hui, la volonté de se rapprocher est toujours aussi forte. En témoigne cette année de commémoration et de célébration autour des relations franco-britanniques, dont le département du Pas-de-Calais et le Comté du Kent sont les fiers représentants. sur sur 00 22 les les traces traces 0 0 Portrait d’un pionnier 9 9 de Blériot de Blériot Un homme « made in Cambrai » ! Louis Blériot est né à Dehéries, près de Cambrai, le 1er juillet 1872. Diplômé de l’École Centrale des Arts et Manufactures en 1895, ce véritable ingénieur s’oriente dans l’industrie automobile et conçoit les premiers phares de voiture. De la terre au ciel Tandis qu’il réussit avec succès sa carrière d’industriel, il s’intéresse de plus en plus à l’aviation. Dès 1905, il se lance dans l’aéronautique et engage ses propres fonds pour financer sa « Recherche&Développement ». Il crée les prototypes, fait lui-même les essais en vol et acquièrt de nombreux brevets relatifs aux pièces de l’appareil. Afin de mettre au point le meilleur type d’aile, Louis Blériot fait appel à un autre centralien de 36 ans son aîné, le célèbre Gustave Eiffel. La traversée de la Manche Après de nombreux échecs arrive le Blériot XI, aéroplane à bord duquel Louis Blériot traverse la Manche en 37 minutes, le 25 juillet 1909. Grâce à cet exploit, l’ingénieur-aviateur devient, non seulement, le premier homme à avoir traversé la Manche en avion mais aussi le pionnier de l’aviation moderne. Succès et innovation Après ce record historique, il reçoit le premier brevet de pilote en France, en 1910. Louis Blériot enchaîne les courses et les meetings qu’il remporte avec succès dans le monde entier. Fort de son passé d’industriel, il décide de produire le Blériot XI en série et amorce une nouvelle ère dans les systèmes de transport. Durant la Première Guerre Mondiale, il devient l’un des principaux constructeurs d’avion de combat avant de se tourner vers l’aviation civile. Ingénieur, aviateur et toujours pionner, Louis Blériot crée des compagnies aériennes. Après une longue et brillante carrière, Louis Blériot décède en 1936, à Paris, à l’âge de 64 ans. * Source : J-F.BELHOSTE, Louis Blériot, un illustre centralien, Centrale Histoire, 2009. De nombreuses manifestations sont en cours de préparation pour célébrer l’exploit de ce grand homme. Le Département du Pas-de- Calais accompagne bon nombre de projets portés par des villes, intercommunalités et associations. Parmi les partenaires avec lesquels il est particulièrement lié, citons : le Kent County Council, la Communauté de Communes du Calaisis, l’Aéroclub de France, la ville de Cambrai, le musée des arts et métiers, l’Association des anciens de Centrale… Profitons de ces quelques lignes pour remercier publiquement l’aimable participation de M. Louis Blériot portant le même nom et prénom que son illustre grand-père. Affiche publicitaire de la Compagnie des Chemins de fer du Nord représentant le président Fallières et le roi Edouard VII scellant l’alliance franco-anglaise d’une poignée de main, Grün del., [1906- 1910], Arch. dép. Pas-de-Calais, 17 FIA 2. |