> Itinéraires loisirs Palais de Compiègne Passons au salon avec Eugénie Après six ans d’une rénovation intensive, le salon de thé de l’impératrice Eugénie offre un nouveau visage au public. L’exposition propose une double invitation au voyage : dans l’univers orientaliste très en vogue au milieu du xix e siècle et dans les secrets mondains de l’époque. Si les visiteurs du palais de Compiègne n’ont jamais cessé de traverser le salon de thé de l’impératrice Eugénie, c’est une tout autre pièce qui s’offre à eux depuis la fin d’octobre. Le damas vert émeraude des sièges de bois doré a été rétabli, quatre armoires laquées chinoises ont été restaurées de même que quatre tapisseries murales orientalisantes et des dizaines d’objets d’art. De nombreux meubles hérités de Marie-Antoinette, à laquelle Eugénie vouait un culte, font aussi partie de l’ensemble. En parallèle, la pièce a été rafraîchie. La qualité de l’ouvrage valait bien une expo. La loi des « Séries » Au-delà des 150 œuvres présentées, meubles, porcelaines, objets d’art et objets usuels, la restitution du salon de thé est l’occasion d’une visite plus subtile : une plongée dans le monde en mutation du second Empire. Remontons juste un peu le temps. Sous le règne de Napoléon iii, le couple impérial avait pour habitude de recevoir à Compiègne chaque semaine d’automne une centaine d’invités sélectionnés avec soin. À ces séjours appelés aussi « Séries » étaient conviés ceux qui devaient l’être selon le protocole : souverains étrangers, ambassadeurs, ministres, militaires. Mais on y croisait aussi des hommes de science et des artistes, comme Verdi, Flaubert, Dumas fils, Gustave Doré, Gounod ou Pasteur. La dernière impératrice Le salon de thé de l’impératrice, aussi nommé salon de musique ou salon chinois, était un symbole au cœur du symbole. Seuls certains des invités avaient le privilège d’y être conviés. Il jouissaient alors paraît-il d’une liberté de parole exceptionnelle, pouvaient interpeller le couple impérial. La dernière souveraine que les Français ont connue – morte à 94 ans en 1920 ! – a toujours été fascinée par la modernité. ■ Stéphane Vieuxmaire 26 60 – N o 89 – Janvier 2013 |