LA LOIRE ET VOUS 34 LOIRE MAGAZINE PORTRAIT Sabri Louatah Serial writer* SIMPLE, UN BRIN PROVOCATEUR, À LA FOIS FAN DE TOLSTOÏ ET DE SÉRIES AMÉRICAINES, SABRI LOUATAH EST UN ROMANCIER DES TEMPS MODERNES. AUTEUR DES SAUVAGES, LA SÉRIE ÉVÉNEMENT DE LA RENTRÉE SUR CANAL+, IL A GRANDI DANS LA LOIRE ET REND HOMMAGE À SAINT-ÉTIENNE, SA VILLE NATALE, DANS SA FICTION. DÉCOUVERTE. Une barbe épaisse mais taillée, des lunettes cerclées de noir qui lui confèrent un petit côté intellectuel, des cheveux noirs et frisés qui rappellent ses origines algériennes… Avec son look moderne, décontracté et chic, Sabri Louatah est un homme de son temps. Qui pourrait deviner que derrière son apparence de Monsieur Toutle-monde se cache un écrivain talentueux, l’auteur des Sauvages ? On devrait beaucoup entendre parler de lui cet automne. Son roman en quatre tomes avait déjà été salué par la critique internationale, sa saga est annoncée comme l’événement Canal+ de la rentrée, avec plus d’un tiers des scènes tournées dans la Loire. Une destinée presque toute tracée et pas très étonnante quand on connaît Sabri Louatah : il est et a été nourri de séries. Quoi de plus normal, donc, pour lui, que d’adapter ses mots à la télévision ? Pourtant, rien ne prédestinait cet enfant qui a grandi dans le quartier de Bellevue à Saint-Étienne à connaître une ascension si fulgurante. Il se souvient encore, ému, de ses étés au centre aéré de Longiron : « On ne partait pas en vacances, alors j’ai des souvenirs très forts là-bas. » Lui reviennent aussi en mémoire des images des sapinières du Pilat, du barrage du Gouffre d'enfer, de barbecues à Sury-le-Comtal ou encore « de la grand-rue avec la verdure et les collines tout autour ». Il garde d’ailleurs en tête le moment où il a rejoint Lyon pour étudier dans la prestigieuse classe préparatoire du lycée du Parc. « C’était frappant de passer d’une ville à deux pas de la nature, à Lyon, avec ses immeubles à perte de vue. » Le temps passe, 2005 arrive, une année charnière. Il perd son père et se montre profondément marqué par Les lieux qui ont marqué notre enfance nous déterminent… les émeutes des banlieues à l’automne. Le jeune auteur se veut fier de ses racines, quitte à se faire remarquer pour être lu. « J’aime les éclaboussures », avoue-t-il. C’est décidé, ses héros s’appelleront Nazir, Krim, Rabia ou encore Idder. Comme l’un de ses personnages phares, il gagne la capitale. En 2012, son premier tome est un succès. Trois autres suivront. En 2015, il s’envole pour les États- Unis afin de suivre son épouse. C’est à New York qu’il travaille à l’adaptation de son œuvre pour Canal+ avec Rebecca Zlotowski, une collaboration déterminante pour Sabri Louatah. Même à plusieurs milliers de kilomètres, il n’a pas oublié sa terre natale. L’ex-lycéen abonné au stade Geoffroy-Guichard se réjouit de la place occupée par le Chaudron dans l’épisode 5. « Il devient ce soir-là un peu le centre du pays. Je vous laisse découvrir. » Il évoque également avec une pointe d’émotion « la vue sur les crassiers et le chevalement de la mine depuis la médiathèque de Tarentaise ». S’il ne souffle pas mot de l’intrigue, Sabri Louatah se dit « très heureux du résultat et impatient de découvrir l’accueil que va réserver le public à [son] Obama maghrébin ». En attendant, il mène une vie simple, avec sa conjointe et leur petit garçon. « Mon quotidien se résume à changer des couches et à aller voir le pédiatre », plaisante-t-il. Et déjà, l’auteur s’attelle à d’autres projets : « Je travaille à mon prochain roman, qui doit paraître en janvier, dont une partie se déroulera dans le pays d’Urfé. » La première diffusion des Sauvages, elle, est annoncée le 23 septembre, deux jours avant ses 36 ans. Un cadeau avant l’heure. * Écrivain en série |