> 46 Photos R. Juillet ENSEMBLE I CULTURE UNE FONTAINE DE VIE ! Dans la cité des Antonins, une nouvelle fontaine vient d’être installée. Inspiration insolite de l’une des œuvres les plus célèbres du Moyen Âge occidental. À Saint-Antoine-l’Abbaye, village médiéval classé parmi les plus beaux de France, un nouvelle œuvre d’art vient de faire son apparition dans le jardin médiéval du musée : une fontaine, chargée d’histoire. Elle est, en effet, inspirée de la « fontaine de vie », décrite par saint Jean l’apôtre dans l’Apocalypse, et immortalisée dans le célèbre retable des frères Van Eyck, l’Adoration de l’Agneau mystique, achevé en 1432. Pour les Chrétiens, cette fontaine, symbole d’immortalité, évoque la purification de l’âme par une eau céleste, porteuse de vie. « Cette œuvre d’art, s’est imposée à Saint-Antoine pour plusieurs raisons, explique Géraldine Mocellin, la directrice du musée. Il y a toujours eu une forte tradition de jardins en l’abbaye depuis le Moyen Âge et plus encore aux d’infos sur www.iseremag.fr > ISÈRE MAG I SEPTEMBRE-OCTOBRE 2016 I #05 XVII e et XVIII e siècles. Et qui dit jardin, dit eau, bassins et fontaines. Il y a aussi ce lien que nous avons voulu renouer entre l’Ordre des hospitaliers de Saint-Antoine et Philippe Le Bon, duc de Bourgogne, souverain des Pays-Bas bourguignons. Nous savons qu’il Une fontaine pour renouer le lien entre l’Ordre des Antonins et la maison de Bourgogne portait un intérêt particulier au culte de saint Antoine. L’une des premières commanderies des Antonins a d’ailleurs été installée en Flandres. » Commandée par le Département, cette fontaine est l’œuvre d’un travail collectif coordonné par Pierre Buffa, artiste plasticien à Chatte, avec la complicité de la fonderie d’art Barthélémy, à Crest, et de l’atelier de taille de pierre du Grain d’Orge à Grane. Haute de 1,4 mètre, elle a nécessité un an de travail pour mettre en proportion, dessiner, fabriquer et assembler tous les éléments en cuivre, en bronze, en inox et en calcaire. Dans un bassin octogonal, elle met en scène un ange, l’auxiliaire de Dieu, représentant le bien, dominant deux rangées de quatre et six dragons d’où coulent des filets d’eau. Là encore la symbolique est forte. Le dragon représente les forces du mal qu’il faut maîtriser et leur nombre, 4 et 6 (soit 2 x 3), évoque les 4 évangiles, les 4 points cardinaux, les 4 fleuves du paradis. Le 3 renvoie à la Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. En eau depuis le 17 septembre, elle n’attend que votre visite ! Par Richard Juillet ZOOM SUR Une œuvre au destin tourmenté Le retable, L’Adoration de l’Agneau mystique, exposé dans la cathédrale Saint-Bavon à Gand, en Belgique, mesure 3,75 m x 5,20 m une fois ouvert. Dès sa présentation, il dérange car il fait fi des conventions de l’art médiéval. Il y a des ombres, de la lumière, des perspectives… En 1566, il est d’ailleurs jeté au bûcher par les iconoclastes mais sauvé des flammes in extremis. Plus tard, Bonaparte s’en emparera pour l’exposer au Louvre. Après la chute de l’Empire, il sera disloqué, vendu, soumis à rançon, volé ou saisi à maintes reprises, notamment par les Allemands en 1917 puis par les nazis en 1940. En 1945, il est retrouvé dans une mine de sel par les Monuments men, ces soldats chargés de récupérer les œuvres dérobées par Hitler, et rendu à la Belgique. L’original du panneau des Juges intègres volé en 1934 n’a toujours pas été retrouvé. Le plasticien Pierre Buffa, réalisateur de la fontaine dans son atelier à Chatte. |