> 28 D.R. ÉCHAPPÉES BELLES GRANDEUR NATURE LES CHAMPIGNONS, ALLIÉS DE LA FORÊT Outre leurs qualités gustatives appréciées des gourmets, les champignons ont des superpouvoirs sur l’environnement. Cèpes, girolles, trompettes-de-la-mort… nourrissent les arbres, le sol et tous ses habitants. Explications… Savez-vous que, en tribu ou solitaire, sur les arbres ou sur la terre, microscopiques ou visibles à l’œil nu, les champignons sont indispensables à l’écosystème forestier et que, sans eux, il n’y aurait pas de forêts ? En effet, ce que l’on cueille ne représente que la face émergée d’un immense système dont l’essentiel se cache sous nos pieds. Les champignons sont des organismes qui se présentent sous la forme d’un écheveau de filaments souterrains qu’on appelle le mycélium. Ce dernier peut s’étendre sur plusieurs mètres carrés et s’enfoncer jusqu’à 20 ou 30 centimètres de profondeur. Grâce à ces ramifications, les champignons entretiennent des relations privilégiées avec les arbres via les racines en leur apportant les éléments minéraux qu’ils ont glanés dans le sol, comme l’azote, le phosphate et l’eau. En échange, les arbres leur cèdent en partie des sucres produits par la photosynthèse, des vitamines et des acides aminés. Mais ces associations sont rarement le fruit du hasard : de nombreuses espèces sont liées à des arbres et à des terrains de prédilection. En France, on compte 10 000 espèces de champignons. Seulement 1% sont comestibles. > ISÈRE MAG I SEPTEMBRE/OCTOBRE 2019 I #22 Les cèpes se cachent ainsi souvent sous les pins, les chênes ou les hêtres et aiment les zones ombragées couvertes de mousse, comme la forêt de Chambaran. Quant aux girolles, elles adorent les feuillus et les conifères. > DE PARFAITS BIO-INDICATEURS DU MILIEU FORESTIER Les champignons sont de bons « engrais ». Ils recyclent la matière organique avec d’autres micro-organismes, bactéries, insectes… en les décomposant en humus, permettant ainsi au sol de conserver sa fertilité. Ils nourrissent aussi les mammifères – cerfs, sangliers et petits rongeurs –, les limaces et les escargots, mais aussi les mouches et les fourmis. Extrêmement sensibles aux bouleversements du terrain, notamment le dessouchage ou le labour en plein, ils sont aussi d’excellents bio-indicateurs de l’état du milieu. En Isère, des inventaires sont ainsi engagés afin d’orienter la gestion de la forêt. Exemple sur l’espace naturel sensible de l’Herretang, près de Saint-Laurent-du-Pont, où une espèce très rare vivant sous les saules ayant été découverte, la coupe des arbres n’a pas été effectuée ! Alors faut-il continuer à les manger ? Si les champignons apportent une réelle plus-value pour la croissance des arbres, il n’en demeure pas moins qu’ils restent très bons en goût. Un conseil, déterrez-les délicatement sans les couper, puis recouvrez le trou. Si le pied reste en terre, il pourrit et risque de détruire le mycélium. Ne ramassez que les espèces en bon état que vous connaissez. N’utilisez jamais de sac en plastique, qui provoque des fermentations et rend les champignons impropres à la consommation. Au moindre doute, contactez une association mycologique ou votre pharmacien, qui pourront vous donner un avis éclairé ! Renseignements : Fédération mycologique et botanique Dauphiné-Savoie : www.fmbds.org Par Annick Berlioz |