> 16 > L’ISÈRE AVANCE Le village de Gresse-en-Vercors n’a plus de médecin depuis mars dernier. Comme beaucoup d’autres ! UN REMÈDE CONTRE LES DÉSERTS MÉDICAUX ISÈRE MAG I MAI/JUIN 2019 I #21 En avril 2017, le Département a lancé un dispositif pour inciter les médecins à s’installer dans les territoires qui en ont le plus besoin. Objectif, convaincre 60 généralistes en quatre ans et assurer ainsi une meilleure qualité de soins dans l’ensemble de l’Isère ! L a petite commune de Gresse-en-Vercors, située dans le Trièves, à 1 200 mètres d’altitude, vient de « perdre » son médecin. Après trente ans de bons et loyaux services, il a pris sa retraite en mars dernier. Cette situation se retrouve dans de nombreux territoires peu peuplés, comme le Trièves et le Vercors. Mais aussi en Nord- DES SOINS ACCESSIBLES PARTOUT ET POUR TOUS Isère, dans la plaine de la Bièvre, à proximité de La Tour-du-Pin et de Saint- Jean-de-Bournay, où la couverture médicale est inférieure à sept médecins pour 10 000 habitants. Pourtant, il n’y a jamais eu autant de médecins. En Isère, on compte 1 200 généralistes, soit une couverture médicale de 10 médecins pour 10 000 habitants. Problème, près de la moitié ont plus de 55 ans et partiront à la retraite dans dix ans. L’offre de soins est aussi inégalement répartie. « Les jeunes privilégient des secteurs offrant de bonnes perspectives de scolarisation pour leurs enfants et des opportunités d’emploi pour leur conjoint. Ils ne s’imaginent pas être médecins de campagne, seuls dans un village et travaillant soixante heures par semaine, sacrifiant leur vie personnelle comme l’ont fait leurs aînés, rappelle Véronique Scholastique, directrice des Solidarités au Département de l’Isère. Nous devons aussi faire face à des besoins croissants, du fait du vieillissement de la population, de l’augmentation des pathologies chroniques et de la complexité des parcours de soins. Pour un médecin qui part, il en faudrait deux pour le remplacer. » Face à cet enjeu de santé publique, l’État va supprimer dès la rentrée 2020 le numerus clausus, qui limite le nombre d’étudiants autorisés à entrer en deuxième année. « Les études de médecine durant de neuf à douze ans selon le cursus de médecine générale ou de spécialiste, il faudra attendre au moins 2028 pour voir les premiers résultats de cette mesure », rappelle Magali Guillot, vice-présidente du Département déléguée à la santé. Pour assurer la relève, le Département de l’Isère a pris les devants en créant dès 2017 la cellule Isère Médecins et en votant un plan d’aide de 6 millions d’euros. Il prévoit une bourse de 56 000 euros pour les internes qui s’engagent à exercer pendant 570 jours au moins dans une commune prioritaire. Une aide de 10 000 euros est également proposée pour l’achat de matériel, afin de favoriser l’installation de tout nouveau médecin généraliste dans un territoire où les besoins sont importants. En complément de ce soutien financier, une cellule, Isère médecins, a été mise en place pour donner des conseils et mettre les candidats en relation avec les communes concernées. Le Département finance aussi à hauteur de 100 000 euros la création des maisons de santé pluridisciplinaires (MSP). Une solution intéressante pour les jeunes médecins, qui souhaitent de plus en plus se regrouper et travailler en réseau avec d’autres professionnels de la santé. Par Annick Berlioz F. Pattou |