> 42 ENSEMBLE NOTRE HISTOIRE « Berlioz se plaisait à admirer la plaine de la Bièvre… » SUR LES TRACES D’HECTOR BERLIOZ Il y a 150 ans, le 8 mars 1869, Hector Berlioz décédait à Paris. Né le 11 décembre 1803 à La Côte Saint-André, le compositeur a laissé son empreinte en Isère, tout comme sa famille, ancrée depuis des siècles en Dauphiné. Le lundi 8 mars 1869, à l’âge de 66 ans, Hector Berlioz s’éteignait à midi et demi dans son logement au 4 de la rue de Calais, près de la butte Montmartre, à Paris. Depuis la veille, le compositeur avait perdu connaissance et ses médecins ne lui rendaient visite que pour rassurer sa belle-mère, avec laquelle il vivait depuis la mort de sa femme. L’année précédente, à son retour de Russie, il avait été victime d’un accident vasculaire cérébral à Nice qui l’avait beaucoup fragilisé. Avant sa maladie, il s’était rendu une dernière fois à Grenoble pour présider un concours d’orphéon et inaugurer la statue de Napoléon I er sur la place de Verdun, aujourd’hui installée sur la prairie de la Rencontre, à Laffrey. Retour sur un grand maître de la musique romantique qui disparut quasiment oublié. L’ENFANCE À LA CÔTE-SAINT-ANDRÉ Hector Berlioz naît le lundi 11 décembre 1803 à 5 heures de l’aprèsmidi à La Côte-Saint-André. Toute sa vie, il gardera la nostalgie des paysages où il passa ses dix-huit premières années. À sa naissance, La Côte Saint-André est un cheflieu de canton important avec de belles demeures bourgeoises et des maisons populaires en galets et en pisé. Dans la rue de la Halle subsistent encore des témoignages de la richesse de la famille Berlioz, dont deux moulins leur appartenant. Plus bas, au 69 de la rue de la République, > ISÈRE MAG I MARS/AVRIL 2019 I #20 se situe la maison familiale où Berlioz vit le jour. C’est là qu’il reçut toute son éducation. Son père, le docteur Louis-Joseph Berlioz, médecin éclairé, introducteur de l’acupuncture en France, lui enseigne le grec, le latin, la philosophie et ses premières notions de musique. Hector joue d’abord du flageolet, une simple flûte trouvée dans un tiroir, puis de la guitare, avant de se perfectionner avec un maître de musique de Lyon. LES PREMIÈRES ÉMOTIONS Mais le lieu qui marqua le plus profondément sa mémoire est la commune de Meylan. Il y venait régulièrement en vacances avec sa mère pour rencontrer son grandpère maternel, Nicolas Marmion, avocat et poète à ses heures. C’est à cette occasion qu’il se découvrit à 12 ans un impérissable et impossible amour pour Estelle Dubœuf, de six ans son aînée. Beaucoup de paysages isérois l’ont aussi profondément inspiré. Des hauteurs de La Côte Saint-André, il se plaisait à admirer la plaine de la Bièvre, « riche, dorée, verdoyante, dont le silence a je ne sais quelle majesté rêveuse », décrira-t-il dans ses Mémoires. En 1821, après un baccalauréat en lettres, obtenu au lycée Champollion de Grenoble, Hector part à Paris pour suivre des études de médecine. Contre l’avis de sa famille, il parfait son éducation musicale et s’inscrit au conservatoire de musique. Au total, il composera 143 œuvres dont la Symphonie fantastique, inspirée par sa première épouse Harriet Smithson. Considéré comme trop avant-gardiste, le compositeur sera désavoué par ses pairs et obligé de se produire à l’étranger pour rencontrer son public. DE TARDIVES COMMÉMORATIONS Inexorablement, la musique l’éloigne de La Côte Saint-André. Il n’y reviendra que sept fois dans sa vie pour visiter sa famille ou régler des affaires de succession. Après sa mort, son œuvre retrouvant grâce, les Côtois décident enfin de lui rendre hommage. En 1885, une plaque commémorative est apposée sur la façade de sa maison natale et, en 1880, une statue en bronze à son effigie est érigée à l’entrée de la ville. En 1903, pour le centenaire de sa naissance, un premier espace lui est consacré dans l’une des salles du château Louis XI. Mais il faudra encore attendre trente ans pour qu’un véritable musée soit installé dans sa maison natale. Inauguré en 1935 par Édouard Herriot, alors ministre d’État, il devient départemental en 1996. Ses collections ne cessent depuis de s’enrichir. Par Annick Berlioz d’infos sur www.iseremag.fr |