Ils redonnent vie aux mosa Trésor d’Isère C’est un lieu unique en France. L’Atelier interdépartemental de restauration de mosaïques de Saint-Romain-en-Gal, près de Vienne, redonne splendeur aux plus belles mosaïques antiques. Le Louvre, le musée national de Beyrouth ou encore le site archéologique de Carthage font partie de ses prestigieux clients. En 30 ans, l’atelier interdépartemental de restauration de mosaïques de Saint-Romain-en-Gal, installé dans le musée archéologique de Saint-Romain-en-Gal/Vienne, s’est forgé une réputation internationale et travaille aujourd’hui pour les plus grands musées du monde. C’est l’un des deux seuls ateliers publics de restauration de mosaïques en France, avec celui d’Arles. C’est aussi le plus grand et le mieux équipé. « Ici, nous disposons d’un outil de travail unique », souligne Evelyne Chantriaux, directrice de l’atelier. Géré par les Conseils généraux du Rhône et de l’Isère, il a été créé pour sauvegarder et mettre en valeur les mosaïques antiques découvertes sur les deux rives du Rhône. « C’est l’abondance des mosaïques héritées de la Vienne antique qui a conduit à sa création. Ancienne grande cité galloromaine, Vienne abrite des vestiges de l’Empire Romain parmi les mieux conservés en France », explique ErwannBinet, président de l’atelier et conseiller général de Vienne-Nord. Aujourd’hui, l’atelier intervient aussi sur les fouilles archéologiques partout en France, collabore avec différents musées nationaux et répond à des commandes pour l’étranger. Depuis sa création, il a restauré 165 pièces, soit 2 000 m² de mosaïques. La plus petite mesurait 20 centimètres de côté, la plus grande 120 mètres carrés. « Certaines pièces peuvent être restaurées en deux semaines, pour d’autres cela prend des années. Tout dépend de l’état de conservation de départ, de la surface à traiter et des contraintes techniques de chaque mosaïque », explique Evelyne Chantriaux. Des opérations minutieuses Cinq restaurateurs interviennent à toutes les étapes de la restauration : depuis le prélèvement des mosaïques sur les fouilles, jusqu’à leur présentation au public (voir encadré). Les pièces, souvent des revêtements de sol, peuvent mesurer plusieurs dizaines de mètres carrés. Pour les restaurer, on traite un à un les petits cubes de pierre – de 3 mm à 3 cm –, appelés « tesselles » (voir encadré). « Nous travaillons avec la minutie d’un prothésiste dentaire mais à » Face à Vienne dans le Nord-Isère, l’atelier de Saint-Roman-en-Gal restaure des mosaïques une échelle de BTP ! » L’autre exigence, propre à toute restauration est d’ordre scientifique : il faut assurer la sauvegarde des mosaïques, les rendre « lisibles » tout en préservant leur authenticité historique. « Avant les années 1970, les mosaïques étaient restaurées par des artisans qui complétaient les parties manquantes, mêlant aux parties originelles leurs apports modernes », explique Evelyne Chantriaux. Aujourd’hui, les interventions sont complexes mais minimales, et les « lacunes » (parties manquantes) ne sont pas remplacées. La moitié des restaurations commandées par les musées concerne Parmi les plus belles mosaïques restaurées à Saint-Romain-en-Gal Phénix (Antioche) VI e siècle ap. J.-C., musée du Louvre Perroquets (Antioche) VI e siècle ap. J.-C., musée du Louvre Oiseaux (Antioche) III e siècle ap. J.-C., musée du Louvre L’enlèvement d’Hylas (III e siècle ap. J.-C., musée archéologique de Saint-Romain-en- Gal/Vienne ; dépôt de la ville de Grenoble) >18 Isère Magazine - janvier 2013 |