[38] Isère magazine n°132 janvier 2013
[38] Isère magazine n°132 janvier 2013
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°132 de janvier 2013

  • Périodicité : bimestriel

  • Editeur : Conseil Général de l'Isère

  • Format : (228 x 300) mm

  • Nombre de pages : 48

  • Taille du fichier PDF : 19,3 Mo

  • Dans ce numéro : budget 2013.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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Ils redonnent vie aux mosa Trésor d’Isère C’est un lieu unique en France. L’Atelier interdépartemental de restauration de mosaïques de Saint-Romain-en-Gal, près de Vienne, redonne splendeur aux plus belles mosaïques antiques. Le Louvre, le musée national de Beyrouth ou encore le site archéologique de Carthage font partie de ses prestigieux clients. En 30 ans, l’atelier interdépartemental de restauration de mosaïques de Saint-Romain-en-Gal, installé dans le musée archéologique de Saint-Romain-en-Gal/Vienne, s’est forgé une réputation internationale et travaille aujourd’hui pour les plus grands musées du monde. C’est l’un des deux seuls ateliers publics de restauration de mosaïques en France, avec celui d’Arles. C’est aussi le plus grand et le mieux équipé. « Ici, nous disposons d’un outil de travail unique », souligne Evelyne Chantriaux, directrice de l’atelier. Géré par les Conseils généraux du Rhône et de l’Isère, il a été créé pour sauvegarder et mettre en valeur les mosaïques antiques découvertes sur les deux rives du Rhône. « C’est l’abondance des mosaïques héritées de la Vienne antique qui a conduit à sa création. Ancienne grande cité galloromaine, Vienne abrite des vestiges de l’Empire Romain parmi les mieux conservés en France », explique ErwannBinet, président de l’atelier et conseiller général de Vienne-Nord. Aujourd’hui, l’atelier intervient aussi sur les fouilles archéologiques partout en France, collabore avec différents musées nationaux et répond à des commandes pour l’étranger. Depuis sa création, il a restauré 165 pièces, soit 2 000 m² de mosaïques. La plus petite mesurait 20 centimètres de côté, la plus grande 120 mètres carrés. « Certaines pièces peuvent être restaurées en deux semaines, pour d’autres cela prend des années. Tout dépend de l’état de conservation de départ, de la surface à traiter et des contraintes techniques de chaque mosaïque », explique Evelyne Chantriaux. Des opérations minutieuses Cinq restaurateurs interviennent à toutes les étapes de la restauration : depuis le prélèvement des mosaïques sur les fouilles, jusqu’à leur présentation au public (voir encadré). Les pièces, souvent des revêtements de sol, peuvent mesurer plusieurs dizaines de mètres carrés. Pour les restaurer, on traite un à un les petits cubes de pierre – de 3 mm à 3 cm –, appelés « tesselles » (voir encadré). « Nous travaillons avec la minutie d’un prothésiste dentaire mais à » Face à Vienne dans le Nord-Isère, l’atelier de Saint-Roman-en-Gal restaure des mosaïques une échelle de BTP ! » L’autre exigence, propre à toute restauration est d’ordre scientifique : il faut assurer la sauvegarde des mosaïques, les rendre « lisibles » tout en préservant leur authenticité historique. « Avant les années 1970, les mosaïques étaient restaurées par des artisans qui complétaient les parties manquantes, mêlant aux parties originelles leurs apports modernes », explique Evelyne Chantriaux. Aujourd’hui, les interventions sont complexes mais minimales, et les « lacunes » (parties manquantes) ne sont pas remplacées. La moitié des restaurations commandées par les musées concerne Parmi les plus belles mosaïques restaurées à Saint-Romain-en-Gal Phénix (Antioche) VI e siècle ap. J.-C., musée du Louvre Perroquets (Antioche) VI e siècle ap. J.-C., musée du Louvre Oiseaux (Antioche) III e siècle ap. J.-C., musée du Louvre L’enlèvement d’Hylas (III e siècle ap. J.-C., musée archéologique de Saint-Romain-en- Gal/Vienne ; dépôt de la ville de Grenoble) >18 Isère Magazine - janvier 2013
ïques millénaires Comment on restaure une mosaïque 3 - Le traitement du revers : on enlève le mortier antique au ciseau (photo ci-dessous) et on nettoie le revers avec des outils minutieux – micrograveur, burin à ultrasons... La mosaïque est ensuite remontée sur un support moderne léger. pour des musées du monde entier. des reprises de restaurations anciennes (souvent du XIX e siècle) : les mosaïques sont remontées sur des panneaux légers et résistants – en nid d’abeille d’aluminium – qui remplacent les anciens supports. L’objectif : alléger et remettre en valeur les fonds anciens. Ainsi, pour le musée du Louvre, l’Atelier a restauré » Pour restaurer une mosaïque, on traite un à un les petits cubes de pierre (les tesselles). durant dix ans un ensemble de mosaïques de la Syrie antique, avant sa présentation dans les nouvelles salles consacrées à « l’Orient méditerranéen dans l’Empire romain », inaugurées en septembre dernier. Une campagne de restauration sans précédent. Sandrine Anselmetti 1 - Le constat d’état : c’est un diagnostic sur site, pour déterminer si la mosaïque peut être sauvegardée sur place et définir la stratégie de conservation. Souvent, elle ne peut être maintenue « in situ » et doit être déplacée dans l’atelier où elle sera restaurée. 2 - La dépose : on extrait la mosaïque du site. Une opération délicate en plusieurs étapes : nettoyage, « entoilage » (la mosaïque est recouverte d’une gaze chirurgicale collée pour maintenir sa cohésion) ; puis on la désolidarise de son support avec des lames métalliques. La dépose se fait à l’aide d’un rouleau (photo ci-dessus) ou par plaques. 4 - Les traitements de surface : on nettoie les tesselles en ôtant la gaze, la colle, la terre, etc. On traite aussi les lacunes (parties manquantes) avec un enduit de chaux, sans les combler pour préserver l’authenticité du décor. 5 - L’installation en musée, au sol ou au mur. Lycurgue (fin du II e siècle ap. J.-C., musée archéologique de Saint-Romain-en- Gal/Vienne ; dépôt de la ville de Vienne) Les Masques (fin du II e siècle ap. J.-C., musée Saint-Pierre de Vienne) Orphée aux octogones (fin du II e siècle ap. J.-C., musée archéologique de Saint-Romain-en-Gal/Vienne ; dépôt de la ville de Vienne) La mosaïque, un art antique La mosaïque fut très utilisée durant l’Antiquité romaine, notamment comme décor des bains et des villas. Cet art décoratif consiste à former des motifs géométriques ou des figures, généralement sur les murs et les sols, avec des morceaux de pierre, de céramique ou d’autres matériaux. Chez les Romains, la mosaïque était faite de petits cubes taillés, appelés « tesselles », scellés dans un lit de mortier : souvent des marbres, des calcaires ou des grès de couleurs variées (blanc, gris, noir, ocre…), avec parfois des pâtes de verres opaques (vert, bleu…) ou des terres cuites (orange, marron), permettant de superbes combinaisons polychromes, capables de rivaliser avec la peinture. >19 Isère Magazine - janvier 2013



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