[38] Isère magazine n°131 décembre 2012
[38] Isère magazine n°131 décembre 2012
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°131 de décembre 2012

  • Périodicité : bimestriel

  • Editeur : Conseil Général de l'Isère

  • Format : (230 x 300) mm

  • Nombre de pages : 48

  • Taille du fichier PDF : 10,8 Mo

  • Dans ce numéro : découvrez la gastronomie du terroir, saveurs d'Isère.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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Territoires d’Isère C. Lacrampe Grandir sans se dénaturer » Fils d’un berger et d’une bergère, frère de berger, Timothée Orand est... berger sur l’alpage comme son frère en été et pisteur en hiver. Il vient de construire sa bergerie de bois à Vaujany, avec Marie, sa bergère. à 220 en 1968. La construction du barrage puis la création de la station enraya cette fuite des habitants. Les anciens gardent la mémoire d’avant la station. A l’époque les enfants du village étaient nombreux : s’ajoutaient aux petits Vaujaniats les enfants de l’Assistance accueillis dans les familles contre un petit pécule toujours bienvenu. Les familles Jacquemet, Basset, Genevois et autres peuplaient les hameaux de paysans, alpinistes, chasseurs, aubergistes, colporteurs, moniteurs de ski à l’Alpe d’Huez ou aux Deux Alpes, mariant les emplois, tirant profit de la terre et de la naissance du tourisme montagnard... C’était au début plutôt un tourisme C. Lacrampe Le génie des alpages » Charlotte Gonon est presque née en même temps que la station. Saisonnière comme beaucoup de Vaujaniats, en été, elle gère le restaurant du Collet, à La Villette et en hiver, travaille chez des confrères. d’été. Puis vint la station et les aubergistes ne furent pas les seuls à s’en réjouir. De nouvelles enseignes ouvrirent, restaurants, hôtels, magasins de sports. Les fermes se transformèrent en maisons d’hôtes, des chalets furent construits. Les maçons, les ébénistes, les saisonniers eurent de l’emploi. Et le développement se poursuit aujourd’hui. Yves Genevois, maire de Vaujany, président d’Oisans Tourisme et vice-président de la Communauté de communes de l’Oisans, qui regroupe depuis 2010 les 20 communes de l’Oisans isérois, rappelle la devise de la station : « grandir sans se dénaturer ». « Nous nous développons à la manière des petites stations- C. Lacrampe » Gaston Savioux, 81 ans, gardait les chèvres dans les alpages de Vaujany, fut moniteur de ski aux Deux-Alpes, défendit les couleurs du club des Bouts de Bois de Vaujany, dès 1943, et traque toujours le chamois. villages suisses ou autrichiennes, offrant des prestations mais préservant une vie de village, précise-t-il. La patinoire et son bowling viennent aujourd’hui s’ajouter à la piscine construite il y a dix ans. Il s’agit d’offrir aux touristes des activités d’après-ski haut de gamme, et de drainer une clientèle de proximité à la journée. » La valse des touristes n’empêche pas les Vaujaniats et les Vaujaniates de poursuivre les activités saisonnières d’antan, de se mettre à l’affût d’un chamois, de traquer la truite dans le Flumet, cueillir le génépi ou les myrtilles sur l’alpage, les champignons en sous-bois, participer aux fêtes rurales... Ainsi les fêtes de Saint Antoine, le patron de La D.R. Une nouvelle patinoire (presque) olympique En ouverture de cette saison hivernale 2012-2013, Vaujany offre aux touristes et aux Uissans une grandiose patinoire ! L’ancienne ayant été démolie, la nouvelle a été construite au prix d’incroyables prouesses techniques et de 13 millions d’euros. Un choix de Vaujany de proposer en après-ski, mais aussi aux quatre saisons, un pôle Sports Loisirs haut de gamme avec une patinoire de 58 x 28 mètres, quasi-olympique avec une grande baie vitrée sur la montagne, un solarium, et à l’étage un bowling de quatre pistes avec une brasserie. S’ajoutent une haltegarderie et un grand parking. Tout ceci au pied même de la station, là où fut inaugurée, il y a déjà une dizaine d’années, une belle piscine et son espace forme. Rémi Boele, fils de champions de patinage artistique, lui-même patineur de haut niveau, anciennement en charge d’équipements à Courchevel, vient de prendre la direction de la nouvelle patinoire et dans la foulée celle de la station. Déjà des compétitions de haut niveau sont programmées. En outre, la patinoire permet la création d’une école de glace et d’un club de hockey. Cette nouvelle patinoire a engendré la création d’une dizaine d’emplois. » DécouverteC. Lacrampe Mémoire, faune et patrimoine Les anciens furent largement sollicités pour réaliser les deux musées de Vaujany inaugurés en 2004 : l’Espace patrimoine et la Maison de la faune. Denise Jacquemet, 81 ans, l’ancienne institutrice, s’est particulièrement impliquée. L’espace patrimoine développe l’histoire récente de Vaujany dans une muséographie vivante, mariant images d’époque et témoignages d’anciens : le premier club de ski, la construction des barrages hydroélectriques, l’école d’antan, les prémices du tourisme... S’ajoute une exposition temporaire thématique dédiée aux pains d’hier et d’aujourd’hui, des céréales de pays à la cuisson au four commun. La Maison de la faune, dans l’ancienne mairie, nous propose, quant à elle, de découvrir les espèces animales locales, leur biotope et leur éthologie - coq de bruyère, marmotte ou chamois - ainsi qu’une belle collection de papillons locaux à l’étage. Ouverts, en saison, du dimanche au jeudi de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h et sur rendez-vous. Espace patrimoine : 04 76 79 96 35. Maison de la faune : 04 76 79 87 07. Fotolia >36 Isère Magazine - décembre 2012
L. Salino » Vivre mieux Pains et pieds de cochon à La Villette... Lové dans sa combe, le hameau préservé de La Villette abrite un four à bois ancien qui reprend du service pour les fêtes du village. On déguste alors un pain dense et croustillant à la fois, qui développe sa bonne odeur de feu de bois. Mais c’est surtout pour la Saint Antoine – autour du 17 janvier -, fête ancestrale du hameau, que s’active l’Association des anciens qui garde la mémoire des gestes, du patois, des recettes, des contes et traditions du village. A la Saint Antoine, les jours augmentent du repas d’un moine (frugal et court) et les Volatailles se retrouvent pour célébrer la messe dans la petite chapelle Saint Antoine, partager un repas, faire une sortie en montagne et danser au bal... Demandez pourquoi on déguste à cette occasion les fameux pieds de cochon. DR …et des Bouts de bois pour la neige Lorsqu’à la fin des années 1940, les Vaujaniats fondèrent le club de ski des Bouts de bois pour se confronter aux skieurs d’Oisans, de Chartreuse ou du Vercors, ils étaient loin d’imaginer qu’un jour leur village serait une vraie station de ski donnant accès à 250 km de pistes. Aujourd’hui, en mémoire des pionniers, la fameuse course de télémark de Vaujany, mi-janvier, se nomme la Bout de bois. Cette pratique ancienne, belle comme une chorégraphie, a ses adeptes qui viennent de toute l’Europe pour s’affronter et partager leur passion d’un ski qui prend son temps... Et s’ils sont nombreux à dévaler les pistes du grand domaine de l’Alpe d’Huez, certains préfèrent partir du hameau de La Villette pour gravir la montagne en ski de randonnée au rythme de la montagne. Ainsi, Vaujany vous offre-t-elle le choix des glisses. DR Villette (voir encadré), se succèdent comme les générations. Les enfants scolarisés à l’école d’Allemont, les collégiens qui rejoignent le lycée des Six Vallées à Bourg-d’Oisans et les lycéens qui gagnent Grenoble restent attachés à leur village. Désormais cohabitent les nouveaux venus qui ouvrent un restaurant et les anciens, qui ont transformé la ferme familiale en chalets d’hôtes de charme. Et si leurs parents et grands-parents durent s’exiler, la nouvelle génération reste ou revient au pays, trouvant des opportunités pour y vivre. L’un construit sa bergerie de bois à l’orée du village, un autre travaille pour les services techniques municipaux, sollicités hiver comme été par des travaux variés dans la nature et la montagne... Revers de la médaille toutefois, les enfants du pays ne s’y retrouvent pas toujours. Difficile de faire construire lorsque le prix du terrain flambe, de faire sa place lorsque d’autres sont venus apportant un regard neuf, des initiatives et des capitaux. Quoiqu’il en soit, Vaujany est un subtil mariage d’autochtones et d’étrangers, de résidents à l’année et de touristes appréciant cette petite station agréable à vivre en famille. ■ Corine Lacrampe (1) Vaujany touche une importante taxe foncière pour abriter sur son territoire la majorité des installations hydroélectriques et des eaux du lac. » Vaujany est reliée en téléphérique au domaine skiable des Grandes Rousses. L’action du Conseil général L. Salino M. Giraud Vaujany appartient au canton de Bourg-d’Oisans, ■ dont Christian Pichoud est le conseiller général. Si la commune de Vaujany ne sollicite guère de subventions départementales, le Conseil général de l’Isère y joue un rôle important. Il s’attache à garantir tout au long de la saison hivernale un accès sécurisé à la station, celuici étant fortement menacé par le couloir d’avalanche entre le Petit Vaujany et Vaujany. Le Conseil général a installé des systèmes modernes de déclenchement d’avalanche. L’équipe de nivologues et d’artificiers en déclenchent entre 5 et 10 chaque année, selon les conditions météorologiques. Pour ceci, ils disposent d’un Catex, câble tournant qui achemine sur zone des explosifs à la manière d’un téléski, et de dix Gazex (explosions par gaz). Et lorsque l’avalanche arrive jusqu’à la route, ce sont 4 000 mètres cubes de neige que les services du Conseil général doivent déblayer sur 40 m de long, 40 m de large et 10 m de haut ! Un jour entier de travail ! Pendant ce temps, les voitures légères peuvent emprunter un tunnel creusé dans la montagne. Et pour que camions et cars puissent également circuler, le Conseil général procède au déneigement de la petite route reliant Pourchery au téléphérique de Vaujany par l’Enversin d’Oz. Et bien entendu, tout au long de l’hiver, la route reliant les hameaux de Vaujany, du Verney à La Villette, est maintenue déneigée. Enfin, le Conseil général assure le ramassage scolaire depuis les différents hameaux de Vaujany jusqu’au collège des Six Vallées de Bourg-d’Oisans. F. Pattou >37 Isère Magazine - décembre 2012



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