Vivre mieux santé et sciences Clinatec : un laboratoire-h Ouvert depuis quelques mois au cœur du campus scientifique Minatec à Grenoble, ce centre de recherche doté d’un bloc opératoire préfigure la médecine du futur. Visite. Apremière vue, l’unité hospitalière de GRENOBLE Clinatec, avec son large couloir aseptisé, ressemble à n’importe quel autre hôpital. Sauf que le bloc opératoire est doté d’équipements de dernière génération, pour la plupart uniques en France voire en Europe… pour un nombre de patients qui sera limité à six. A leur chevet : une équipe de médecins et neurochirurgiens du CHU de Grenoble, mais aussi des biologistes, des ingénieurs en physique nucléaire, des oncologues, électroniciens, cliniciens... Objectif : pouvoir tester sur de vrais malades les traitements et méthodes de diagnostics du futur. Les nanos au service de la médecine Si les différentes équipes viennent à peine d’emménager – à terme, 80 personnes dont moitié du CHU et moitié du CEA –, elles n’ont pas attendu ce nouveau bâtiment au cœur de Minatec (premier pôle d’innovation européen spécialisé dans les micro et nanotechnologies, avec ses 4 200 chercheurs, industriels et étudiants) pour travailler ensemble. Voilà déjà six ans que Jean Therme, initiateur de Minatec et le professeur Benabid, neurochirugien grenoblois mondialement connu pour sa méthode révolutionnaire de traitement des parkinsoniens ou des Toc (Troubles obsessionnels compulsifs) par implants cérébraux, concevaient ce mariage inédit de la médecine et des micro et nanotechnologies, instruments miniaturisés à l’échelle de du millionnième ou millliardième de mètre. « Pour la première fois au monde sont réunis sous un même toit les différents opérateurs de la santé, avec toutes les technologies et labos de pointe à leur portée », explique François Berger, directeur de Clinatec. » Question à Christian Pichoud, vice-président du Conseil général chargé de l’économie « Un enjeu fort de santé publique » Pourquoi le Conseil général s’est-il engagé dans Clinatec ? Avec Minatec, nous avons la chance en Isère de disposer d’un centre technologique unique au monde, qui a permis déjà la création de nombreuses start-up et des milliers d’emplois dans des secteurs d’avenir. Les micro et nanotechnologies offrent aussi un potentiel important de progrès dans le domaine médical, notamment pour l’amélioration des soins et du diagnostic des maladies neurodégénératives, comme l’Alzheimer ou d’autres atteintes du système nerveux. Il y a donc pour l’Isère un double enjeu stratégique : d’une part pour la santé publique et la prévention, par un diagnostic et une prise en charge précoce qui éviteront à des pathologies incurables de se développer. Et de l’autre en termes économiques, avec un gisement important d’emplois locaux. » Parmi les équipements uniques dont est doté le bloc opératoire : le Spec-Ct, qui suit à la trace les molécules marquées pour détecter des signes précurseurs de l’Alzheimer ou d’autres maladies. Faire remarcher des paraplégiques Enfin rassemblées, les équipes vont pouvoir avancer plus vite. L’un des premiers sujets : le projet dit « interface homme machine », visant à faire remarcher des personnes tétraplégiques. « On sait déjà capter la pensée, au moyen d’un dispositif électronique implanté en surface du cerveau. L’objectif est de transformer la volonté du patient en action : il pourra à terme actionner un exosquelette, une armature mécanisée décuplant sa force, qui lui permettra de se déplacer », expose François Berger. Tracer les signes d’Alzheimer Autre volet important des recherches menées ici : la traque des molécules responsables de cancers du cerveau ou de maladies neurodégénératives comme l’Alzheimer ou la Parkinson avec pour enjeu, le diagnostic précoce… et la recherche de traitements ciblés pour retarder voire stopper leur développement. Prochainement, cinq patients atteints de glioblastome, une tumeur cancéreuse inopérable et incurable, testeront ainsi un nouvel outil de cartographie des cellules cancéreuses impossibles à atteindre autrement, pour les analyser et trouver des biomarqueurs moléculaires capables de les tracer. Les demandes affluent déjà des industriels de la santé, soucieux de valider avant lancement à grande échelle leurs innovations. Une expérimentation est engagée avec Becton-Dickinson pour implanter chez un patient atteint de tumeur cérébrale une nano-pompe de haute >16 Isère Magazine - décembre 2012 |