36 > ENSEMBLE CITOYENNETÉ DES MÉDECINS PARTOUT EN ISÈRE En avril dernier, le Département a lancé un plan d’aides pour inciter les médecins à s’installer dans les territoires qui manquent de généralistes. un scénario redouté. Un médecin, souvent installé de longue date C’est dans une commune rurale, ferme ses portes. Ses patients doivent faire une vingtaine de kilomètres pour trouver un autre cabinet et attendre plusieurs jours un rendez-vous. Avec 10 médecins pour 10 000 habitants, l’Isère fait partie des territoires français où l’offre de soins de proximité reste la plus importante. Cependant, certaines zones manquent cruellement de médecins. C’est le cas dans des territoires de montagne peu densément peuplés, comme le Trièves, le Vercors, mais aussi en Nord-Isère, dans la plaine de la Bièvre, à proximité de La Tour-du-Pin et de Saint-Jean-de-Bournay (voir carte), où la couverture médicale est inférieure à sept médecins pour 10 000 habitants. Plus inquiétant, la moitié des médecins qui exercent dans ces secteurs ont plus de 55 ans et partiront massivement à la retraite dans dix ans. Certains repoussent même leur départ dans l’espoir de l’arrivée d’un confrère. > ISÈRE MAG I JUILLET/AOÛT 2017 I #11 Dans certaines zones de l’Isère, la densité médicale est inférieure à sept médecins pour 10 000 habitants. Conscient de ce problème, le Département de l’Isère a voté un plan d’aides pour encourager les jeunes médecins à s’installer dans les secteurs qui en ont le plus besoin. > CONVAINCRE 60 MÉDECINS EN QUATRE ANS Premièrement, une bourse de 56 000 euros permettant de financer les trois années de leur internat sera attribuée aux étudiants qui s’engagent à exercer, dans les trois années suivant l’obtention de leur diplôme, dans une zone à faible densité médicale pour deux ans au moins. « Nous voulons convaincre 60 médecins en quatre ans et aussi assurer une continuité des soins. L’installation pourra s’effectuer en binôme ou en maison de santé afin de garantir une prise en charge pluridisciplinaire des patients », explique Magali Guillot, vice-présidente du Département déléguée à la santé. Le deuxième volet prévoit une aide à l’installation, d’un montant maximal de 10 000 euros, permettant à tout nouveau médecin généraliste s’implantant A 7 Aéroport Lyon-St-Exupéry Vienne Beaurepaire Fotolia Bourgoin-Jallieu A 43 Aéroport Grenoble- St-Geoirs St-Marcellin Lac de Paladru en Isère dans les zones concernées d’acheter le matériel nécessaire à son installation. Le Département souhaite aussi étoffer l’offre de stages avec la faculté de médecine et l’agence régionale de santé (ARS). « Toutes ces mesures vont dans le bon sens, se félicite le professeur Jean-Paul Romanet, doyen de la faculté de médecine de Grenoble. Seulement 15% des médecins diplômés s’installent en libéral, au profit du salariat. C’est pertinent de leur laisser trois ans pour faire leur choix. Mais pour inverser la tendance, il faudrait insister sur les qualités humaines des étudiants. Cela encouragerait les vocations au contact des patients. » INTERVIEW Par Annick Berlioz « DES AIDES ADAPTÉES AUX BESOINS » MAGALI GUILLOT vice-présidente du Département déléguée à la santé 49 A A 48 48 Voiron Lac de Monteynard EN ROUGE LES ZONES QUI MANQUENT DE MÉDECINS Grenoble 3 Lacs de Matheysine Isère Mag : Comment avez-vous mis en place ce plan d’aides ? Magali Guillot : Nous avons fait passer un questionnaire auprès des internes pour savoir ce qu’il manquait en Isère pour favoriser leur installation. Nous avons ainsi appris que les étudiants avaient du mal à trouver des formations chez les généralistes. Si 45% souhaitent s’installer en Isère, beaucoup redoutent l’isolement, loin des réseaux de santé. A 41 La Mure Pontcharra Lac du Sautet Lac de Grand Maison F. Pattou |