DOSSIER Touchés mais pas vaincus À Castelnau-le-Lez, Camille et Richard Banton ont vu, impuissants, la grêle labourer leurs vignes le 17 août. Les plaies des ceps à peine cicatrisées, ils se sont retroussés les manches pour vendanger. L a joie des vendanges. La naissance sereine de sa première cuvée. Voilà ce qu’aurait dû vivre Camille Banton si des grêlons gros comme des œufs de pigeon n’avaient frappé les deux tiers du vignoble au domaine de Serane, à Castelnau-Le-Lez. À 27 ans, cette œnologue vient d’intégrer la propriété familiale, avec l’ambition de développer une nouvelle gamme de bouteilles, très qualitatives, en IGP Pays d’Oc. « Des épisodes climatiques de cette envergure sont un coup dur, surtout pour les jeunes. S’installer reste un combat. Or, la dotation jeunes agriculteurs prévoit des pénalités si le plan d’entreprise ne se réalise pas comme prévu, notamment en matière de revenu minimum à atteindre », précise Camille, également secrétaire générale Richard Banton : « Un an de travail anéanti. » 12 — Octobre 2016 du Syndicat des jeunes agriculteurs de l’Hérault. Si elle n’a pas sollicité d’aides, la famille a consenti de lourds investissements pour son installation. « Un an de travail anéanti, une baisse de la moitié du chiffre d’affaires… Nous allons devoir nous serrer la ceinture pendant quelques années », soupire son père, Richard, qui n’a guère eu le temps de s’apitoyer. Ces vendanges, marquées par la sécheresse, lui ont donné du fil à retordre : « Je voyais les raisins perdre du poids et sécher sur pied, alors même qu’ils manquaient de maturité. » Pour lui, le métier est en pleine mutation. « Nous jonglons entre bonnes et mauvaises années de récolte. Confrontés à des charges administratives pesantes et à des contraintes réglementaires croissantes en matière de sécurité alimentaire, de traçabilité et « Les viticulteurs doivent maintenant développer de nouvelles compétences et engager des moyens adaptés à ces évolutions climatiques. Mais tout à un prix… » d’impact environnemental, les viticulteurs doivent maintenant développer de nouvelles compétences et engager des moyens adaptés à ces évolutions climatiques. Mais tout a un prix. Certaines zones viticoles à haute plus-value pourront se le permettre, d’autres sans doute pas. » Même si le découragement guette parfois, Richard Banton n’est certainement pas prêt à abandonner la casquette de vigneron : « C’est une question de passion. » |