8/Gironde 101/insertion & autonomie vers l’emploi. les aides aux 18-25 ans L’insertion. Questions croisées à Philippe Madrelle et Robert Lafore À quelques mois des Assises départementales de l'insertion et juste après la Conférence nationale de lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale : regards croisés sur l'insertion avec Philippe Madrelle et Robert Lafore. Robert Lafore, professeur de droit public, directeur honoraire de sciences po bordeaux Gironde : Depuis trente ans, pourquoi a-t-on tant de mal à réduire le nombre de personnes au RSA ? Robert LAFORE : Malheureusement, les choses n’ont guère évolué si l’on compare les effets du RMI pendant les vingt années de sa mise en œuvre et ceux aujourd’hui du RSA. Le problème de l’exclusion sociale et professionnelle semble résister à ces remèdes : bien sûr on enregistre des sorties vers le haut, minoritaires certes mais méritoires ; cependant, une partie dominante des allocataires, soit ne s’engage que marginalement dans l’insertion, soit reste enfermée dans les dispositifs dédiés sans pouvoir en sortir ; et puis, tel Sisyphe et son rocher, il faut recommencer car de nouveaux « exclus » se présentent… Cela ne doit pas conduire à minimiser les effets de ces politiques qui mobilisent les efforts de services divers et qui, à tout le moins, ont amélioré les situations individuelles et sans doute évité des décrochages massifs. Le fond de l’affaire, selon moi, tient dans les mutations de l’emploi qui devient plus sélectif, concurrentiel et exigeant, sans préjudice bien sûr de la « crise » qui commence dans les années 80 et dont on ne parvient pas à sortir ; outre la question de la création d’activités permettant au plus grand nombre de vivre selon les standards minimaux de nos sociétés, une réflexion doit être conduite sur les statuts d’emploi : comment réarticuler, pour tous, l’accès à l’emploi et la protection par l’emploi, ce qui a été fait durant les Trente Glorieuses et ce qui se défait depuis vingt ans. Quoi qu’on dise, l’insertion ou « l’inclusion » passe par la reconnaissance, la stabilité et la sécurité qui sont liées à une activité socialement reconnue et organisée en conséquence. Gironde : L’état a-t-il raison de se reposer sur les acteurs locaux ? Robert LAFORE : Je pense qu’il ne peut y avoir d’insertion si la mise en œuvre concrète en est confiée au pouvoir central. L’insertion suppose la mise en place de réseaux d’acteurs connectés aux réalités des territoires où elle doit se réaliser. Autrement dit, seules des structures fortement implantées localement peuvent penser et développer ces politiques qui supposent de relier les acteurs économiques, ceux de la formation notamment professionnelle et les divers intervenants de l’action sociale. Signature des premiers contrats d’Emplois d’Avenir au Conseil général Ces contrats s’adressent à des jeunes de 16 à 25 ans peu ou pas diplômés et visent à offrir, sur la durée, les conditions d’une première expérience de travail réussie. Cela implique un fort engagement de l’employeur dont la priorité doit être l’accompagnement du jeune dans son parcours de professionnalisation. Le Conseil général a souhaité s’impliquer dans cette dynamique répondant parfaitement aux actions qu’il mène depuis des années pour faciliter une pleine intégration des jeunes, notamment sur le marché du travail. Une trentaine de contrats sont concernés. Les jeunes intéressés sont invités à s’adresser aux Missions Locales. |