GARD mag’ : Vous venez d’être reconduit à la tête du Conseil général du Gard, avec une forte majorité de gauche. Ce nouveau mandat marque-t-il une étape dans votre carrière politique ? Damien Alary : Je préside l’assemblée départementale depuis dix ans. En une décennie, le Gard n’a déjà plus le même visage. D’un simple guichet d’aide sociale, nous avons bâti une véritable politique de proximité, avec un réseau territorialisé permettant d’apporter des réponses individualisées. La solidarité, pour notre majorité, c’est également l’aménagement de l’espace, l’emploi, les déplacements, l’éducation... en intégrant la nouvelle donne : croissance démographique, pression foncière, crise économique et financière. « Le ciment de la solidarité » Les citoyens, qu’ils aient voté ou pas, attendent de nous des réponses à la crise. Nous devons respecter envers eux notre première responsabilité d’élu : celle de les représenter et de les défendre. Ce principe, qui leur a semblé oublié, peut expliquer la « dépression 2 GARD mag’n°79 - mai 2011 Maison du Département, à Nîmes, le 31 mars 2011. démocratique » que nous venons de vivre. Nous allons davantage expliquer nos choix auprès des populations concernées. Nous allons évaluer, consulter, choisir et rendre compte – autrement dit prendre le contre-pied de ce que le gouvernement a fait jusqu’à présent. Damien Alary : Damien Alary, président du Conseil général nouvellement réélu, évoque les défis de son nouveau mandat au service des Gardois et annonce de grands projets pour le territoire, à construire avec les usagers citoyens. GM : Une façon de gouverner qui vous ressemble, mais qui prend du temps. Or vous ne disposez que de trois ans avant la mise en œuvre de la réforme territoriale qui prévoit, en 2014, un seul élu, le conseiller territorial, pour les deux collectivités, départementale et régionale. DA : Le temps pourrait manquer si on pensait que le développement du Gard passe par la seule action du Conseil général, mais restons modestes : il est aussi dans les mains des Gardois. L’influence du Conseil général réside dans sa capacité à fédérer et coordonner. Je l’ai déjà entrepris dans les secteurs économique et agricole. Nous avons mis en place un observatoire citoyen des transports départementaux. Nous élaborons un schéma de l’autonomie en concertation avec les partenaires et les usagers. Et nous allons le décliner sur d’autres thématiques comme l’éducation, la jeunesse, mais aussi la culture et le sport pour lesquels nous consulterons le monde associatif. « Je suis pour une gouvernance partagée. » Je suis favorable à une réforme ambitieuse des collectivités locales qui leur redonne une vraie complémentarité d’actions. Mais ce qui se profile aujourd’hui, élaboré dans l’urgence et sans concertation, ne répond pas aux besoins de proximité et d’efficacité que les Français réclament. La décentralisation est menacée. Cessons de faire croire aux citoyens qu’elle est synonyme de gaspillage et cacophonie. La démocratie et la qualité du service public local en seraient les grandes perdantes ! GM : Jeunesse, culture, sport... Ces derniers thèmes sont pourtant bien éloignés des compétences strictes d’un Conseil général ? DA : Il faut cesser de raisonner uniquement par compétence, de façon verticale, car le cloisonnement ou les frontières n’ont jamais été sources de progrès. |