Convié par Damien Alary à plancher sur l’avenir de l’action sociale, Martin Hirsch, spécialiste des questions de précarité, SOCIAL a lancé des pistes. Il a aussi invité les acteurs de la vie publique à une immersion au cœur du travail social, pour mesurer l’ampleur et la complexité de la tâche. C’est déjà ce qu’avait entrepris le président du Conseil général en 2010, pour chercher des réponses à l’impact de la crise sur la prise en charge des publics. Bilan de ces rencontres. Action sociale : le devoir d’innover Damien Alary a souhaité écouter les acteurs de l’action sociale dans le département et échanger avec eux, durant plusieurs semaines, sur leur terrain : dans les centres médico-sociaux, entreprises d’insertion, maisons de retraite, établissements d’accueil pour personnes handicapées, etc. Le 15 novembre dernier, il a réuni 800 d’entre eux pour une restitution de ces multiples rencontres : « La situation socio-économique s’est dégradée et place les agents de la direction du développement social du Conseil général en première ligne face à la souffrance. Précarité, isolement et désertion des services publics dans les zones rurales, chômage et problèmes de logement en ville : aucun secteur n’est épargné. » Le constat est sans appel. Mais des solutions existent, pour qui tente de faire de la politique autrement. Règle numéro un : parce que « l’action sociale, seule, ne peut pas tout », il faut 4 GARD mag’n°76 - décembre 2010/janvier 2011 chercher des réponses globales passant par l’économie, la mobilité, etc. Naturellement, ce serait plus facile si le Département disposait des moyens dont l’a privé l’Etat, qui doit au Gard 480 millions d’euros pour les cinq dernières années. Le Conseil général s’est néanmoins engagé sur de grands projets d’aménagement : le Bois de Minteau, la revitalisation du bassin viganais, l’aérodrome de Nîmes-Garons, Edgard... tant les enjeux socio-économiques sont vitaux. « Le Département ne doit pas devenir un guichet social » C’est dans le même souci de décloisonnement que « les actions sociales futures seront groupées en un seul schéma général des politiques sociales, proposé au vote en juin prochain ». Martin Hirsch l’exprime de son côté : « Nous sommes condamnés à régler l’ensemble des problèmes en même temps. Face à quelqu’un en panne de projet de vie, qui cumule les difficultés, on ne peut pas répondre qu’on gérera cette année ses soucis de santé et dans quelques mois ses problèmes de logement ou d’emploi. » Règle numéro deux : associer les usagers aux politiques qui les concernent, comme ils y ont déjà été invités avec la charte de la concertation. Règle numéro trois : « Même si la crise entraîne des demandes d’aide de plus en plus nombreuses concernant le règlement des factures d’eau et d’électricité, le paiement des retards de loyers ou l’éducation des enfants, le Département ne doit pas devenir un guichet social. Il ne faut pas perdre de vue l’objectif final : permettre au public qui fait appel à nous de redevenir autonome, des citoyens libres de décider de leur vie », a souligné Damien Alary. Martin Hirsch le confirme : « Les gens ne veulent pas être assistés, c’est un fantasme de le croire. » |