[30] Le Gard mag' n°76 déc 10/jan 2011
[30] Le Gard mag' n°76 déc 10/jan 2011
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°76 de déc 10/jan 2011

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Conseil Général du Gard

  • Format : (200 x 270) mm

  • Nombre de pages : 16

  • Taille du fichier PDF : 2,3 Mo

  • Dans ce numéro : les Gardois associés.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
< Pages précédentes
Pages : 4 - 5  |  Aller à la page   OK
Pages suivantes >
4 5
Convié par Damien Alary à plancher sur l’avenir de l’action sociale, Martin Hirsch, spécialiste des questions de précarité, SOCIAL a lancé des pistes. Il a aussi invité les acteurs de la vie publique à une immersion au cœur du travail social, pour mesurer l’ampleur et la complexité de la tâche. C’est déjà ce qu’avait entrepris le président du Conseil général en 2010, pour chercher des réponses à l’impact de la crise sur la prise en charge des publics. Bilan de ces rencontres. Action sociale : le devoir d’innover Damien Alary a souhaité écouter les acteurs de l’action sociale dans le département et échanger avec eux, durant plusieurs semaines, sur leur terrain : dans les centres médico-sociaux, entreprises d’insertion, maisons de retraite, établissements d’accueil pour personnes handicapées, etc. Le 15 novembre dernier, il a réuni 800 d’entre eux pour une restitution de ces multiples rencontres : « La situation socio-économique s’est dégradée et place les agents de la direction du développement social du Conseil général en première ligne face à la souffrance. Précarité, isolement et désertion des services publics dans les zones rurales, chômage et problèmes de logement en ville : aucun secteur n’est épargné. » Le constat est sans appel. Mais des solutions existent, pour qui tente de faire de la politique autrement. Règle numéro un : parce que « l’action sociale, seule, ne peut pas tout », il faut 4 GARD mag’n°76 - décembre 2010/janvier 2011 chercher des réponses globales passant par l’économie, la mobilité, etc. Naturellement, ce serait plus facile si le Département disposait des moyens dont l’a privé l’Etat, qui doit au Gard 480 millions d’euros pour les cinq dernières années. Le Conseil général s’est néanmoins engagé sur de grands projets d’aménagement : le Bois de Minteau, la revitalisation du bassin viganais, l’aérodrome de Nîmes-Garons, Edgard... tant les enjeux socio-économiques sont vitaux. « Le Département ne doit pas devenir un guichet social » C’est dans le même souci de décloisonnement que « les actions sociales futures seront groupées en un seul schéma général des politiques sociales, proposé au vote en juin prochain ». Martin Hirsch l’exprime de son côté : « Nous sommes condamnés à régler l’ensemble des problèmes en même temps. Face à quelqu’un en panne de projet de vie, qui cumule les difficultés, on ne peut pas répondre qu’on gérera cette année ses soucis de santé et dans quelques mois ses problèmes de logement ou d’emploi. » Règle numéro deux : associer les usagers aux politiques qui les concernent, comme ils y ont déjà été invités avec la charte de la concertation. Règle numéro trois : « Même si la crise entraîne des demandes d’aide de plus en plus nombreuses concernant le règlement des factures d’eau et d’électricité, le paiement des retards de loyers ou l’éducation des enfants, le Département ne doit pas devenir un guichet social. Il ne faut pas perdre de vue l’objectif final : permettre au public qui fait appel à nous de redevenir autonome, des citoyens libres de décider de leur vie », a souligné Damien Alary. Martin Hirsch le confirme : « Les gens ne veulent pas être assistés, c’est un fantasme de le croire. »
Un spécialiste des questions de précarité Martin Hirsch préside l’Agence du service civique depuis sa création en mai 2010. Ancien élève de l’Ecole normale supérieure et de l’Ecole nationale d’administration, conseiller d’Etat, il a été nommé à la direction de la pharmacie centrale des hôpitaux, la direction de l’agence française de sécurité sanitaire des aliments puis la direction de l’agence nouvelle des solidarités actives, tout en exerçant des responsabilités bénévoles, notamment la présidence d’Emmaüs France pendant cinq ans. De 2007 à 2010, il a exercé au sein du gouvernement la fonction de haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et celle de haut commissaire à la jeunesse. Double page réalisée par P.F. Deux questions à Martin Hirsch G.M. : En juin 2009 était mis en place le RSA*, mesure que vous avez portée quand vous étiez haut commissaire aux solidarités actives. Son objectif vous paraît-il atteint ? Qu’en est-il du RSA jeunes ? M. H. : « Le Gard fait partie des premiers Départements qui ont expérimenté le RSA, pour lutter contre de nouvelles formes de précarité pouvant désormais concerner les actifs. L’idée était, outre de favoriser l’accès à l’emploi, d’apporter un complément de revenus aux travailleurs pauvres – une aide neutre au niveau du coût du travail. Bénéfice secondaire : éviter aux allocataires de se sentir stigmatisés, puisque cette prestation indifférenciée ne permet plus d’opposer les gens qui travaillent aux autres. Et, si la logique du RSA est de prendre acte de la précarisation du travail (temps partiels subis, bas salaires etc.), il ne dispense pas d’agir pour « déprécariser » l’emploi ! Aujourd’hui, le taux de recours au RSA, par rapport à nos estimations, est d’environ 30%. Je suis parmi les premiers déçus de cette sous-utilisation du dispositif, que l’on peut expliquer par un nécessaire temps d’adaptation, la difficulté d’informer des publics qui ne fréquentent ni les Caf ni les centres sociaux, et toujours la méfiance vis-àvis de ces aides. Le phénomène n’épargne pas le RSA jeunes, issu d’un compromis : d’un côté, il fallait combler un vide, car les moins de 25 ans n’avaient pas accès aux minima sociaux, sauf s’ils étaient chargés de famille ; de l’autre, pour éviter un afflux vers ce dispositif, des conditions d’activité préalable devaient être posées. A mon avis, ces conditions pourront être assouplies quand les pouvoirs publics constateront que l’afflux redouté ne se vérifie pas. » G.M. : Dernier rempart face à la pauvreté, après la désertion des services de l’Etat, le Conseil général voit par ailleurs ses ressources se tarir. Dans ces conditions, quel avenir voyez-vous pour le travail social ? M. H. : « C’est une question d’intérêt général. On ne parle que du coût qu’il représente, sans voir sa valeur ajoutée. Dans un département qui doit faire face à des situations sociales lourdes, il faut redoubler d’efforts pour remédier aux difficultés. Je préconise d’abord la participation des usagers aux politiques qui les concernent, démarche que vous avez déjà engagée. C’est une exigence solidaire : respecter suffisamment la personne en difficulté pour l’associer aux solutions et sortir de la simple commisération. Ensuite, il faut être capable d’assouplir les règles pour faire du sur mesure, par exemple, ne pas attendre qu’une famille remplisse toutes les conditions pour bénéficier d’un redressement en commission de surendettement. Il faut également que le travail social ne reste pas qu’entre spécialistes du social. Enfin il faut savoir innover. Ainsi, beaucoup peut être fait au stade de la petite enfance, pour prévenir des situations de souffrance. Nous sommes confrontés à des situations difficiles, mais jamais irréversibles. » Il faudrait que les cadres, chefs d’entreprise, journalistes etc. fassent des stages d’immersion chez les travailleurs sociaux ! (*) Revenu de solidarité active « Au printemps 2011, les jeunes du service civique européen se réuniront à Sommières, dans le cadre de l’année européenne du volontariat. Ces bénévoles prennent largement leur part aux actions de solidarité. » M. Hirsch n°76 - décembre 2010/janvier 2011 GARD mag’5



Autres parutions de ce magazine  voir tous les numéros


Liens vers cette page
Couverture seule :


Couverture avec texte parution au-dessus :


Couverture avec texte parution en dessous :