16 GARD mag’n°71 - juin 2010 Manade Blatière : du développement durable depuis 1921 Un élevage extensif de 300 bêtes sur 350 hectares – donc un cheptel dont il faut maîtriser l’évolution, pour qu’il puisse se nourrir avec les ressources du site toute l’année – et un rythme de vie calqué sur le cycle des saisons : la manade Blatière, à Vauvert, a pratiqué le développement durable avant l’heure. La moitié de son activité est la location de taureaux pour les courses camarguaises, l’autre est la vente, pour la consommation, de taureau de Camargue labellisé AOC. L’exceptionnel Gandar statufié à l’entrée de la manade, Gisèle reconnaissable à sa tache blanche, Mademoiselle ou Mignon : ici, aucun mâle, aucune femelle ne sont anonymes. L’agenda des vaches et taureaux cocardiers est d’ailleurs bien chargé : l’été s’annonce comme une période festive pour ceux qui partent dans les arènes, l’automne est la saison des finales et des trophées, l’hiver est plus paisible mais le printemps voit naître cinquante à soixante veaux qui s’éveillent au monde au milieu des joncs et des tamaris, nourris de salicornes poussées sur les vases salées et d’herbe rare. Pour les manadiers, les revenus sont inégaux et aléatoires. Ils ne permettent pas de nourrir plus de trois salariés à temps plein. Mais la passion des taureaux et des traditions de la bouvine camarguaise est liée à l’amour de cette terre. Elle permet de sublimer une vie âpre. Ce n’est pas Alfred Blatière qui dirait le contraire, lui qui avait acheté, en 1921, deux vaches et six taureaux et entrepris, avec ses fils Arthur et Frédou, le patient travail de sélection qui mènera Gandar au triomphe et permettra à Mourven d’être sacré Biou d’Or. Pour en savoir plus : Les Blatière, Des hommes et des taureaux, Nouvelles Presses du Languedoc, 2008. Page réalisée par P.F.